Boy, Myth, Girl

The myth ne sentait pas très bon, mais maintenant je suis prêt à me rabattre sur n’importe quel Jackie Chan, tant que je peux y trouver quelques scènes d’action sympas. Parce que je sais que j’ai déjà vu tous les principaux films de l’acteur, et qu’il ne me reste que ceux moins connus et/ou moins appréciés… ce qui équivaut aussi bien à des grosses merdes qu’à de bonnes surprises (comme Le retour du Chinois).

Au moins, le principe de The myth était un peu intriguant. Jackie y joue deux personnages, l’un est Meng Yi, un général dans la Chine médiévale, et l’autre est sont descendant, Jack Chan (j’ignore pourquoi, pour une fois, ils ont raccourci le prénom), un archéologue à notre époque.
Un ami physicien qui fait des recherches pour la construction d’une machine anti-gravité contacte Jack par rapport à sa découverte d’un temple où un cercueil lévite. Les deux se rendent sur place, où le tombeau s’avère être celui de l’ancêtre de Jack.
Le héros insiste tout du long du film, comme s’il voulait vraiment nous adresser un message, que c’est mal de récupérer des objets antiques, ce qui est, ironiquement, l’inverse de la mentalité du personnage que Jackie Chan joue dans les deux premiers Armor of god (il y avait un retournement dans le 3ème film plus récent, Chinese zodiac).
Malgré cela, son collègue fout la merde dans le temple, et emporte des artefacts, dont une épée.
Jack tombe ensuite sur un maître en arts martiaux qui lui sert du bullshit pseudo-philosophique vu et revu "Which is a past life, which is a present life ? What is real, what is an illusion ?"
Et il lui fait découvrir qu’il est lié à l’épée de son ancêtre, et qu’il a ses compétences de combat dans le sang.

En parallèle, dans le passé, une princesse tombe amoureuse de Meng Yi, son sauveur. Lui est gêné, n’osant transgresser les règles et la barrière que constituent leurs rangs respectifs. Mais elle veut fuir avec lui, ou mourir plutôt que de vivre en suivant ses obligations, qui incluent d’épouser un certain empereur.
C’est très classique, mais l’actrice s’implique beaucoup, et rendrait presque ses scènes poignantes.
Dommage qu’on n’accorde à cette intrigue qu’une portion du film, ce qui fait que les étapes de la relation entre les personnages sont trop expédiées pour que l’émotion fonctionne. Du coup, la construction de leurs rapports se base essentiellement sur des scènes clichées. Clichées et niaises.
Et puis ensuite débarque de nulle part une histoire de remède qu’il faut rapporter à l’empereur…
EDIT 16/05 : je viens aussi de me rappeler qu'au début du film, l'ami de Jack fait référence à un incident passé qui semble avoir affecté le héros... et je crois qu'on n'en reparle jamais !

The myth est un film à gros budget (15 millions), qui mise beaucoup sur les décors, les figurants, et les costumes. Il y a aussi, par le casting et les différents pays explorés, une dimension internationale, un peu comme dans les Armour of god.
A la réalisation, on retrouve un collaborateur régulier de Jackie Chan, Stanley Tong ; comme le héros de The myth, il traverse les époques, et essaye de s’adapter… avec des effets visuels assez nazes d’accélérés, de ralentis, de morphing, …
Tong essaye de styliser sa mise en scène comme il peut, des fois ça donne quand même des cadres et mouvements de caméra pas mal, même si c’est juste pour faire joli, et que ça n’a pas vraiment de fonction.
C’est comme le choix du lieu d’habitation du héros : une barge, mais à l’aménagement plutôt luxueux, alors que c’est censé être un logement que Jack a choisi parce qu’on avait réduit le budget de ses recherches. Le réalisateur a donc opté pour ce qui est esthétique, mais pas forcément logique.
Il y a également quelques effets de transitions, et si des fois ça s’avère fait intelligemment lors du passage d’une époque à une autre, c’est souvent gratuit, là aussi, voir ridicule (le gros plan sur la main du général sur son cheval, qui devient un gros plan de la main de Chan posée sur une souris d’ordinateur… c’est non seulement gratuit mais ça n’a aucun sens).

Autre fléau des temps modernes qui touche le film, et pas des moindres, ces effets spéciaux numériques qui, tous sans exception, sautent au yeux, même quand ça ne dure qu’une demie seconde.
Ca devient grave quand on en arrive au final, qui vire carrément vers le fantastique, et allie à la fois la niaiserie de l’histoire d’amour et le kitsch extrême des CGI. Ils ont voulu faire quelque chose d’un peu poétiques, mais avec des graphismes de PS2…
Et je pensais que ça n’allait durer qu’une séquence, mais non, ça dure, et ça accumule les effets dignes d’un économiseur d’écran de Windows 98, dont on ne comprend même pas la présence pour certains (l’eau argentée, wtf ?)
Non, là, désolé, j’ai beau aimer Jackie Chan, là c’est pas possible, ça gâche vraiment le film…
Et pourtant, comme beaucoup de ses films médiocres, c’est à voir, toujours pour la même raison : les cascades.
Dans les scènes d’action de The myth, j’ai retrouvé ce qui manquait aux trois derniers films de Jackie Chan que j’ai vu (à savoir Little big soldier, Le flic de Hong-Kong et Le retour du Chinois) : des cascades à la fois drôles, dynamiques, inventives, et qui m’ont fait me demander "bordel, mais comment il fait ça ?".
Il y a une séquence particulièrement énorme dans une usine de colle.
Bon, par contre, les combats d’épée à cheval sont vraiment mal montés, sûrement pour masquer un peu le bordel que ça a dû être concrètement.
Et le premier combat est assez déconcertant, car on veut créer un danger sans qu’on puisse y croire : la princesse est dans une roulotte au bord d’un précipice, à peine retenue par deux chevaux, mais tandis que deux personnages se battent pour la sauver, ce qui dure des plombes, on ne fait que se demander pourquoi la princesse ne saute tout simplement pas sur la terre ferme au lieu d’attendre !

J’aurais été plus indulgent sans tous ces CGI dégueus, mais The myth est un assez bon divertissement malgré tout.