Premier film réussi pour Hope Dickson Leach qui signe avec The Levelling un drame rural étouffant autour des questions de culpabilité et de sacrifice avec une remarquable maîtrise du récit. Et si le travail sur l'image aurait mérité un meilleur traitement, le tout laisse augurer d'un futur prometteur.


Avec le début in media res, dans la scène visuellement la plus osée le spectateur est violemment confronté avec l'élément déclencheur à partir duquel se nouera l'intrigue. Très vite, grâce aux découvertes faites par Clover (Ellie Kendrick), la jeune fille, revenue à la ferme familiale pour enterrer (physiquement mais surtout psychologiquement) son proche, et qui ne craint pas de donner des coups de pieds dans la fourmilière quitte à faire mal autour d'elle et à remuer le couteau dans la plaie, la question est posée centrale est posée: Qui est responsable de sa mort? Loin d'en désigner un seul, Clover, en poursuivant son enquête sous le ciel bas et gris britannique d'un microcosme étouffant fait de promiscuité et de non-dits, menaçant à chaque minute d'exploser, se rend compte à mesure que les personnages dévoilent leur psychologie (souvent complexe, à l'image du père, l'excellent David Throuhton, qui campe Aubrey) de l'ampleur de la question et des ramifications qu'un seul acte isolé peut avoir.


Le récit est admirablement conduit et les temps morts sont presque absents. Les personnages enlèvent peu à peu leur masque et découvrent leur véritable personnalité grâce à l'acharnement de Clover. Celle-ci, dont la quête de vérité lui permet simultanément de grandir et de dépasser le stade de l'enfance, accepte enfin d'affronter la vie et les maux qu'elle contient sans s'en détourner (on pense à cette scène époustouflante, qui sonne cependant peu vraisemblable au vu de ses idéaux, du veau qu'elle abat). On regrette toutefois le traitement de l'image, principalement de la couleur, et la photographie plutôt bâclée (mais, grâce à son succès, elle saura certainement s'attacher les services d'un meilleur directeur de la photographie dès le prochain film) ainsi que le manque de répit, de souffle (un seul rire, à table, quelques secondes à peine) dans ce drame peut-être trop intense.

Marlon_B
6
Écrit par

Créée

le 2 mai 2017

Critique lue 327 fois

1 j'aime

Marlon_B

Écrit par

Critique lue 327 fois

1

Du même critique

Call Me by Your Name
Marlon_B
5

Statue grecque bipède

Reconnaissons d'abord le mérite de Luca Guadagnino qui réussit à créer une ambiance - ce qui n'est pas aussi aisé qu'il ne le paraît - faite de nonchalance estivale, de moiteur sensuelle des corps et...

le 17 janv. 2018

30 j'aime

1

Lady Bird
Marlon_B
5

Girly, cheesy mais indie

Comédie romantique de ciné indé, au ton décalé, assez girly, un peu cheesy, pour grands enfants plutôt que pour adultes, bien américaine, séduisante grâce à ses acteurs (Saoirse Ronan est très...

le 17 janv. 2018

26 j'aime

2

Vitalina Varela
Marlon_B
4

Expérimental

Pedro Costa soulève l'éternel débat artistique opposant les précurseurs de la forme pure, esthètes radicaux comme purent l'être à titre d'exemple Mallarmé en poésie, Mondrian en peinture, Schönberg...

le 25 mars 2020

11 j'aime

11