Sorti directement sur Netflix après une présentation à Venise en 2019, The laudromat parle d'un sujet ô combien brulant, qui concerne les Panama Papers, cette affaire située trois ans plus tôt qui a révélé l'existence de centaine de milliers de sociétés-écrans situées dans des paradis fiscaux.
En prenant pour départ une veuve, qui doit faire face au décès de son mari lors d'un séjour en bateau, et dont elle se rend compte que l'assurance-vie qu'il avait contracté ne lui donnera rien.


Mais la mosaïque est bien plus complexe que ça, et la forme du film a de quoi décontenancer. Avec la présence en fil rouge d'Antonio Banderas et Gary Oldman, qui jouent les avocats d'une société nommée Mossack Fonceca, la plus touchée par l'affaire des Panama Papers. Ils interviennent dans l'histoire, soit comme intermèdes comiques, Oldman ayant un fort accent allemand, comme deux témoins d'un gigantesque engrenage financier qui a de quoi écœurer sur la situation financière mondiale.
Soderbergh choisit ici une forme pamphlétaire, dans la lignée d'un Michael Moore de fiction, où l'histoire est divisée en plusieurs chapitres, qui sont autant de scandales dénoncés, jusqu'à ces fameuses révélations de 2016. Mais dont on se rend compte qu'au fond, rien n'a vraiment changé...


L'ironie du film est qu'il est (co)produit par une société, Netflix en l'espèce, qui pratique elle aussi l'évasion fiscale. C'est parfois obscur dans la compréhension des marchés financiers, qui fait quoi, mais je suis encore sidéré par la liberté du réalisateur, qui est encore une fois au montage et à la photo. Parfois, on semble être sur une scène de théatre, les plans-séquences sont légions, voire des moments sidérants où le quatrième mur semble être brisé, à tel point qu'il est difficile de ne pas y voir une intention politique.


C'est rare de voir film de 96 minutes aussi foisonnant, mais qui concerne en tout et pour tout l'argent, ce qu'il a de pourri, pouvant mener au meurtre. Le casting est également d'enfer ; Jeffrey Wright, David Schwimmer, Sharon Stone, Matthias Schoenaerts, James Cromwell... n'en jetez plus, tous sont excellents, même si Gary Oldman en fait quand même des tonnes avec son accent allemand.
Même s'il est dommage que The laudromat ne sorte pas au cinéma, car il y a une sacrée mise en scène, c'est un film utile sur notre époque, mais traitée avec une dérision certaine.

Boubakar
7
Écrit par

Créée

le 21 oct. 2019

Critique lue 762 fois

6 j'aime

Boubakar

Écrit par

Critique lue 762 fois

6

D'autres avis sur The Laundromat - L'affaire des Panama Papers

Du même critique

Total recall
Boubakar
7

Arnold Strong.

Longtemps attendues, les mémoires de Arnold Schwarzenegger laissent au bout du compte un sentiment mitigé. Sa vie nous est narrée, de son enfance dans un village modeste en Autriche, en passant par...

le 11 nov. 2012

44 j'aime

3

Massacre à la tronçonneuse
Boubakar
3

On tronçonne tout...

(Près de) cinquante ans après les évènements du premier Massacre à la tronçonneuse, des jeunes influenceurs reviennent dans la petite ville du Texas qui est désormais considérée comme fantôme afin de...

le 18 févr. 2022

42 j'aime

Dragon Ball Z : Battle of Gods
Boubakar
3

God save Goku.

Ce nouveau film est situé après la victoire contre Majin Buu, et peu avant la naissance de Pan (la précision a son importance), et met en scène le dieu de la destruction, Bils (proche de bière, en...

le 15 sept. 2013

42 j'aime

9