Indécrottable nostalgique dans le VHS et des vidéoclubs, je ne pouvais pas rater The Last Blockbuster - Le dernier vidéo-club le documentaire de Taylor Morden même si ce dernier est loin d'évoquer ce qui restera toujours pour moi l'âge d'or de la location de films. The Last Blockbuster s'inscrit aussi dans une culture typiquement américaine puisque l'enseigne Blockbuster n'a pas vraiment d'équivalent en France à part peut être la franchise des vidéo futur ; mais peu importe puisque dans le fond ce que raconte The Last Blockbuster - Le dernier vidéo-club trouvera forcément quelques échos dans l'obsolescence programmée des vidéoclubs dans le monde entier.


The Last Blockbuster - Le dernier vidéo-club raconte donc l'histoire du tout dernier Blockbuster des USA, cette enseigne de location de films qui aura connu plus de 9000 magasins à l'apogée de sa gloire en 2004. Ce dernier et ultime vidéoclub sur terre (du moins selon le documentaire) est situé à Bend dans l'Oregon et il est géré depuis plus de quinze ans par Sandi Harding qui tente contre vents et marées de maintenir sa boutique ouverte.


Ma plus grande réticence vis à vis de ce documentaire vient du fait que ces mastodontes franchisés et aseptisés comme Blockbuster ou Vidéo Futur ont coulés, anéantis et laminés la plupart des premiers vidéoclubs indépendants en transformant trop souvent des petites boutiques de passionnés en des supermarchés de la location. L'offre pléthorique de ces grandes enseignes trouvait surtout grâce aux regard des consommateurs (plus que des cinéphiles) en proposant des dizaines voir des centaines de copies des grosses sorties et nouveautés vidéos. Dans les blockbuster , pas de films pour adultes mais des friandises et gadgets pour un monde bien plus normalisé que l'effervescence des premières heures de la VHS. Le documentaire de Taylor Morden a d'ailleurs le très bonne idée de donner la parole à ce vieux ronchon de Lloyd Kaufman lequel déteste véritablement l'enseigne pour son conformisme familiale. De mon point de vue ces grandes enseignes marquaient déjà la fin de l'âge d'or et j'avais une vraie réticence à pouvoir célébrer ces ogres qui avaient dévorés les vidéoclubs de mon enfance et de mon adolescence. Même avec le plus bienveillant des regards j'ai du mal à totalement m'émouvoir du sort de cette ultime génération de vidéoclubs avec leurs guichets automatiques, leurs employés peu passionnés et leurs rayonnages de supermarché. Ces géants de la location flingués par le téléchargement, la SVOD, la profusion de chaînes du câble et du satellite m'inspirent bien moins de mélancolie compassionnelle que lorsque un petit vidéoclub de quartier laissait la place à un distributeur automatique de films.


Pourtant The Last Blockbuster - Le dernier vidéo-club parvient tout de même à faire mouche et provoquer quelques frissons nostalgiques lorsque les différents intervenants évoquent ce cérémonial immuable de pousser la porte d'une boutique, passer des heures à choisir un film, avoir un objet de convoitise à ramener chez soit et se nourrir des souvenirs du bruit de l'ouverture du boitier ou même de l'odeur du plastique. Oui le vidéoclub avait ses codes, ses rites, ses gestes et ses habitudes et finalement de l'âge d'or du début des années 80 jusqu'aux dernières enseignes il reste un socle commun de souvenirs aux habitués de ces lieux uniques . Le documentaire interroge aussi sur le rapport au physique face à la dématérialisation ; sur la différence d'impact entre le fait de choisir un film en consultant sa jaquette, en faisant l'effort de se déplacer et celui de consommer passivement en scannant des contenues sur un service de SVOD encastré dans son fauteuil. Quelle triste époque bientôt on finira par avoir la nostalgie des distributeurs automatiques de films. Et puis elle est franchement bien sympathique cette Sandi Harding qui depuis 15 ans maintient l'activité de sa boutique en embauchant la plupart des jeunes de la ville et qui surtout défend l'esprit moribond mais toujours vivant de la location de films , alors du coup je lui pardonne facilement d'être plus blockbuster qu'indépendant.


The Last Blockbuster reste un film assez sympathique mais la boutique de Sandi Harding est loin d'être le dernier vidéo-club sur terre à moins de considérer que le monde ne se limite aux USA. Il reste encore en France quelques vidéoclubs et ce ne sont pas des franchisés, mais des boutiques de passionnés et je reste persuadé que leur donner la parole ferait un bien meilleur film que The Last Blockbuster - Le dernier vidéo-club.

freddyK
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le 29 juin 2021

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