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The Island c'est le triptyque évolutif d'un homme, Daneel, mal dans sa peau, qui suite à un élément déclencheur — sa compagne qui le force à aller en Bulgarie sans savoir qu'il y a grandi, dans un orphelinat — se cherche et vit une crise existentielle. Un premier panneau nous le dépeint comme étant assouvi, passif, ne refusant pas de prendre le vol lorsqu'il sait quelle en est la destination, lieu de mauvais souvenirs, alors que le second glisse vers une romance pleine de lyrisme sur une île isolée de tout où les choses vont finalement prendre un tournant bien plus rude. Le personnage s'imagine avoir retrouvé sa mère, devient autoritaire avec sa compagne, une transformation totale jusqu'à ce que celle-ci s'en aille et le laisse vaquer seul à ses idées, ou plutôt lubies. C'est finalement lors du dernier acte qu'il(s) se trouve(nt), au cours d'une succession de passages jubilants de drôlerie, dans un background pour le peu inattendu et contemporain.
Cela étant, si cette évolution se montre intéressante dans sa globalité, les causes, effets et transitions ont tendance à être maladroitement agencés, donnant l'impression au spectateur de voir les trois têtes de Cerbère s'affronter dans une lutte sans merci. La surprise de découvrir un passé totalement inconnu chez l'homme que l'on aime n'est par exemple qu'assez mal rendue, de la même manière que la traversée en ferry, pourtant belle dans sa forme, n'est qu'une façon peu subtile d'user de la symbolique de transition, ce qui est assez dommage, la pellicule commençant pourtant avec une scène d'une écriture et d'une mise en scène de génie, où Alejandro Jodorowsky, dans la peau d'un cartomancien, révèle à Daneel qu'il doit sauter dans le vide (« Jump into the emptiness » en VO), dont l'écho se fera discrètement — et plus subtilement — entendre au cours de l'histoire, avec le plan sur les enfants sautant dans l'eau depuis un pont. Aux points négatifs s'ajoute un fossé entre les prestations de notre duo d'acteurs, Thure Lindhardt brillant de mille feux et sublimant l'oeuvre grâce à sa façon d'interpréter les différentes facettes de son personnage (ce qui fait d'ailleurs un parfait demo-reel), alors que Leatitia Casta a en revanche du mal à donner la moindre profondeur au sien, trop vite effacé et étouffé par l'excentricité de son partenaire.

Heureusement, les quelques défauts de la pellicule sont en revanche contrebalancés par une technique irréprochable, que ça soit dans la mise en scène de Kamen Kalev, et évidemment ses dialogues (il écrit et réalise), la photographie de Julian Atanassov (au summum lors de la partie sur l'île) et enfin la bande-originale composée par Jean-Paul Wall, sublime et soutenant les instants romantiques avec une réelle grâce (à noter que l'on peut l'écouter gratuitement sur Soundcloud http://soundcloud.com/theislandmovie, et si vous cherchez le morceau récurrent, c'est The Mirror, dont le titre est on ne peut plus évocateur).
The Island se révèle donc être une bobine réussissant à susciter suffisamment d'intérêt chez le spectateur, en particulier grâce à un dernier pan venant sauver une fable qui tendait à s'échouer vers son milieu. On en gardera le souvenir d'une oeuvre un peu confuse mais pour autant pas dénuée de forts atouts. Après Eastern Plays Kalev confirme son talent, bien qu'il ne réussisse pas à atteindre de nouveau la même excellence dans la façon de dépeindre l'évolution d'un personnage torturé et changeant.
SlashersHouse
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le 8 juil. 2012

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