Le cinéma d'horreur actuel n'est franchement pas une branche dont je suis particulièrement friand, considérant que le genre est plus ou moins fané depuis le début des années 90, une époque où déjà, je ne trouvais mon bonheur que dans l'horreur délirante à la Braindead ou Evil Dead et la première trilogie de Romero.
On pourrait dire que j'aime pas avoir peur (ce qui n'est pas particulièrement faux) ou que l'uniformisation du style à tous les niveaux oublie la mise en place d'une trouille lancinante pour la simple vocation du sursaut soudain et vite oublié. En gros, je n'ai rien contre de temps en temps, avec une pizza, mais bien peu marquent mon intérêt pourtant enclin à la générosité.
Alors autant le dire tout de suite, mes points de comparaison actuels pour situer The Hole dans son contexte sont très faibles...

Bien que mon scepticisme n'avait d'égal que mon réel enthousiasme, The Hole a marché sur moi. Je m'en doutais à moitié certes, je savais qu'une réalisation Joe Dante m'encourageait d'emblée à prendre ce film avec une certaine affection je l'avoue, bien que je me refusais à m'y laisser prendre. A contrario, la mention "3D" faisait tout pour démolir mon envie, et je n'ai fait que retarder et retarder encore l'opportunité de découvrir la dernière oeuvre aussi salement décriée que distribuée du maître du loufoque cynique... Je crois que j'ai vu trop de mes réalisateurs favoris sombrer dans la seconde décennie du 21ème siècle pour oser tenter ardemment le coup sans une réflexion préalable. Mais ça y est, c'est fait, j'ai maté le dernier Dante.

Avouons le, ce film pose d'emblée une grande question : Peut-on aimer un film d'horreur qui ne fait pas peur ? Est-ce l'unique vocation du genre que de faire sursauter et générer chez le spectateur des méthodes ingénieuses pour se calfeutrer sous une couette épaisse transformant le 16/9 en 4/3 bancal ? Si oui, alors The Hole est à oublier.
Mais si on est d'accord pour s'enfiler un film dans la pure tradition old-school parfois débile, parfois chantonnant, alternant des moments anxiogènes dans un climat sonore lourd avec des scènes triviales d'ados délurés partant généreusement à l'aventure vers leurs peurs du monstre du placard ou de la créature de d'ssous l'lit, alors on profite ici de l'inventivité toujours au taquet de ce grand gosse de Dante qui reprend ses thèmes habituels et indémodables : Les gosses, résidents d'une étrange maison au fin fond d'une cambrousse perdue, font face à la peur, aux horreurs du noir et au chuintement des ténèbres seuls, laissant les adultes à leurs activités mécaniques, préoccupés par leur vie active sclérosante et détachés de leur imagination déjà flétrie, ne faisant figure que de fades figurants sur cette escapade of the dead.

Alors non, on reste tout de même à des lustres des oeuvres même mineures du réalisateur qui jadis savait partir dans des folies absurdes dont on ne concevait plus les limites. Ici, il se contente d'un stricte minimum, avortant ses idées à chaque fois qu'on pense le retrouver comme avant, dans un de ses nouveaux délires savoureux. Est-ce le genre qui veut ça ? Ou le désabusement d'être désormais très écarté du devant de la scène qui font que suinte parfois de ces scènes une petite lassitude ? Dante semble un peu enlisé, mais malgré tout, on reste scotché et il est très difficile de décrocher de cet ensemble à la photographie plus que réussie et au danger rôdant tout de même bien ressenti, orchestré dans des éclats débridés par ce grand fou à la verve tout juste somnolante, le tout s'accélérant doucement vers un final dans un décors qui fait plaisir à voir, rappelant un peu d'un temps lointain, comme un reflet terne mais bien présent des belles heures du bonhomme.

S'auto-référençant à l'extrême, des "Banlieusards" et leur cave dissimulant un présumé portail vers l'Enfer aux clapotis déchaînés de "Piranhas" version piscine, du sourire grinçant des Gremlins aux brumes cartoonesques de son génial segment pour le film de "La Quatrième Dimension", Dante, peut-être un brin aigri face à la production actuelle, tente de revenir aux fondamentaux dans une oeuvre sans grande ampleur mais à la saveur certaine et aux idées parfois goûtues dans une atmosphère générale aussi sincèrement réussie que doucement nostalgique.

A découvrir sans crainte une fois pour tout fan du monsieur.

(sinon, à un moment, le personnage de Julie lit "La Divine Comédie" de Dante, j'imagine que le réal a placé ce détail avant qu'un SensCritiqueur de plus ne fasse ce clin d'oeil impunément)

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le 14 sept. 2013

Modifiée

le 14 sept. 2013

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zombiraptor

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