Encore une adaptation d'un roman de SF pour adolescents qui s'inscrit parfaitement dans la lignée des sympathiques mais limités Hunger Games ou du pathétique Divergente. D'ailleurs qualitativement The Giver se situe entre les deux, pas aussi abouti que Hunger Games mais bien plus mature et intéressant que Divergente mais vu le succès limité de The Giver aux USA par rapport à ses deux aînés il ne connaîtra jamais de suite alors qu'il le mériterait clairement plus que cette guimauve informe de Divergente.
Néanmoins ici le film n'est pas parfait loin de là, la réalisation est dépasser tandis que la mise en scène de Phillip Noyce, un habitué des films allant du médiocre au tout juste bon qui brille par une filmographie générique et oubliable, n'a aucune inventivité ni aucun génie. Le tout ce révèle très plat et l'utilisation du noir et blanc et de la couleur est mal géré ainsi que parfois même légèrement incohérente. Sinon le film a quant même certaines qualités esthétique indéniable comme lors des phases de souvenirs qui utilise un effet de flou et de ralentis assez grossier mais pas dénuer d'intérêt et qui souligne bien le décalage entre les deux mondes. Malheureusement il utilisera se procédé un peu trop souvent et oubliera de renouveler sa mise en scène. Globalement elle se montre assez générique se contentant juste d'accompagner le récit de façon un peu fade mais elle arrivera par de rares sursauts à réellement créer une émotion chez le spectateur comme lorsque l'on découvre le vrai versant de cette utopie dans une scène d'une froideur terrible.
Le scénario quant à lui a du mal à palier les errances de la mise en scène, la plupart des idées qu'il véhicule sont déjà-vu et sont des ressorts systématiques de toutes SF pour ados. Surtout que le film arrive quelques peu après la guerre alors que le roman qu'il adapte était un des précurseurs de ce genre là, donc le film est quelques peu dépasser maintenant. Surtout que les personnages ne sont pas les plus intéressants qui soient, le héros manque cruellement de charisme, et les développement psychologiques sont limités en raison de la courte durée du film qui lui permet d'être plus concentrer sur son histoire mais qui survole beaucoup trop les enjeux et les thématiques qu'un tel sujet peu proposé. Néanmoins l'écriture est beaucoup plus mature que les différents films de ce genre et arrive à en éviter la plupart des pièges comme la romance qui à le mérite d'être discrète et de ne pas tomber dans le sentimentalisme appuyé tout comme le film arrive à faire place au mysticisme avec un final lourd de sens et assez réussi en permettant de faire une belle allégorie sur la mort. D'ailleurs l'aspect sectaire du film est assez réussi lui aussi, proche de la paranoïa religieuse et du fanatisme aspirant et annihilant ce qui fait le sel de la vie, les émotions aux prix d'une pensée et d'une conscience unique. Après ce qui en découlera est plutôt classique mais ce servir de cela pour en faire une parallèle avec la religion est assez judicieux je trouve surtout que le film pose aussi une réflexion pertinente et non manichéenne sur le devoir de mémoire. Donc le scénario aussi bancal et prévisible peut-il être dispose de vraies bonnes idées en plus il a le mérite de se suffire à lui-même et de ne pas appeler de suite, surtout que celle-ci a de fortes chances de ne jamais voir le jour.
Le casting lui est une des forces du film, avec le toujours excellent Jeff Bridges en mode cabotinage contrôlé, c'est toujours un plaisir de voir cet acteur à l'oeuvre même si ses récents choix de carrière laisse à désirer ( RIPD et The Seventh Son ). On peut noter aussi une Meryl Streep qui sort enfin de ses rôles de femme d'âge mûr en quête d'amour pour prouver qu'elle peut tout aussi être à l'aise et convaincante dans un autre registre. Sinon pour les autres acteurs ils sont globalement bons, Odeya Rush et Cameron Monaghan un peu moins il faut l'admettre, mais Brenton Thwaites qui incarne le héros s'en sort plutôt bien pour un de ses premiers vrais grands rôles.
En conclusion The Giver est un film moyen, il a conscience d'arriver après la guerre alors il ne fait pas trop de vague et n'essaye jamais de dépasser son statut de divertissement sympathique, et ce manque d'ambition est vraiment dommage d'autant plus qu'avec un peu plus de moyens et de volonté il aurait vraiment pu s'imposer comme le meilleur film du genre. Sauf qu'ici malgré ses très bonnes idées et son casting convaincant, il s'enlise dans une mise en scène sans âme, un récit qui va droit au but mais qui oublie ses enjeux psychologiques et moraux ce qui fait que le spectateur ne sera jamais vraiment immergé dans le film et qu'après le visionnage il l'oubliera très vite. Dommage de louper une telle occasion, on devra donc se contenter des romances plan-plan et inintéressantes de Hunger Games et Divergente pour ados pré-pubères en mal d'affections. Triste époque.

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le 29 oct. 2014

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