The Field Guide of Evil est un film à sketchs qui s'appuie sur un concept malin, excitant et très prometteur puisque l'on nous invite ici à explorer différents récits fantastiques issus de cultures populaires propres aux origines de chacun des réalisateurs impliqués dans le projet. Une sorte de tour du monde de la folk horror et des légendes urbaines qui permet aussi de faire un tour de la planète des réalisateurs de cinéma de genre. Même si le résultat va s'avérer très inégal et globalement décevant ce premier voyage organisée vers huit destinations différentes et huit récits légendaires mérite tout de même le détour.


The Field Guide of Evil nous embarque donc en Pologne, en Grèce, en Hongrie, en Allemagne, aux USA, en Inde, en Turquie et en Autriche à la rencontre de djins, de drudes, de truds, de gobelins et de garçons à tête de melon …


Globalement, mais c'est souvent le lot de ce type de projet, The Field Guide of Evil est un film très inégal avec des segments de bonne qualité et d'autres franchement moyens voir carrément mauvais. Quant au lien entre les différentes histoires il faudra se contenter d'un immense livre qui tourne sur lui même et s'ouvre et se referme sur les différents récits ce qui est loin d'être original ni très excitant. Cet exercice du film à sketch nécessite aussi d'être d'une redoutable efficacité pour installer en moins de vingt minute une ambiance, des personnages et un récit construit avec un début, un milieu et une fin ; chose que tous les réalisateurs ne parviennent pas pleinement à mettre en place. En tout cas voici un petit tour d'horizon du pire au meilleur des huit voyages proposés.


What Ever Happened to Panagas the Pagan ? de Yannis Veslemes nous entraîne en Grèce avec une légende autour d'un gobelin qui sort de sous terre les soirs de fêtes de Noël pour pouvoir se mêler aux population alcoolisées. Outre le fait que ce court film soit assez laid visuellement tant dans sa photographie que ses effets spéciaux il ne raconte pas grand chose non plus. Cette histoire de gobelin pris à parti par une foule avinée et belliqueuse se délectant de son sang qui rend fou m'a laissé complètement de marbre. 03/10


Si Peter Strickland ( Berberian Sound Studio, In Fabric, The Duke of Burgundy) est sans conteste le nom le plus connu du casting des réalisateurs présents il est aussi une relative anomalie au concept puisque le réalisateur britannique nous raconte une légende hongroise sous forme d'un film muet avec intertitres et emphase volontaire du jeu des comédiens. Cette histoire de deux frères se disputant les faveurs d'une princesse aurait peut être gagné à être tourné en noir et blanc pour renforcer son aspect film muet et intemporelle, car dans l’état l’ensemble manque un peu de magie et de force malgré deux trois ambiances gothiques bien rendues. 04/10


The Kinder and The Virgin de Agnieszka Smoczynka (The Lure) nous embarque en Pologne avec le récit d'un homme qui reçoit d'une mystérieuse jeune femme l'assurance qu'il deviendra le plus érudit et résistant des hommes si il mange les cœurs de trois personnes fraîchement décédés. Visuellement séduisant avec une photographie glaciale du plus belle effet, ce récit va jongler entre fantastique et horreur vomitive due au cannibalisme pour aboutir à un conte cruel auquel il manque peut être juste une fin vraiment forte pour s'imposer parmi les meilleurs segments du film. 05/10


Avec Beware The Melon Heads de Calvin Reeder (The Oregonians) on part pour une balade au cœur d'une forêt américaine avec une famille en vacance dans un chalet isolé qui va se retrouver confrontée et la légende d'enfants carnivores aux cerveaux difformes qui y vivrait en cachette. Ce sketch a le mérite de proposer un récit parfaitement structuré même si il est rempli de poncifs du genre (ah le coup du ballon qui part dans le sous bois) pour aboutir à un sympathique mais classique récit horrifique. Parmi les points positifs on notera surtout le look retro et un peu kitsch de ces enfants à tronche de pastèques. 05/10


On fait un petit tour dans la verdoyante forêt bavaroise avec A Nocturnal Breath de l'allemande Katrin Gebbe qui nous invite à découvrir les contours de la légende du drude, un démon qui prend la forme d'une souris qui s'introduit dans la bouche de ses victimes afin d'en prendre lentement possession (enfin je crois). Cette histoire qui met en scène un frère et une sœur dans une ferme isolée devant faire face à la version démoniaque de la petite souris n'est pas désagréable en soit mais toute la mythologie autour de cette légende reste assez flou et mal explicité à tel point que je n'en ai pas compris exactement le fonctionnement. Il reste heureusement deux trois scène un peu glauque d'avalage de souris et un final assez noire pour sauver l'ensemble. 5/10


Avec Die Trud de Veronika Franz on se retrouve en Autriche pour un pur récit de folk horror racontant la naissance d'une relation amoureuse entre deux jeunes paysannes contrariée par un démon bien puritain qui vient punir les relations interdites. Ambiance forestière, amours saphiques, narration structurée et présence d'un démon à la bouche béante plutôt réussi assure à se segment une bonne tenue globale. Même si la fin ouverte décontenance un peu, on reste sur une histoire réussie, prenante et maîtrisée. 06/10


On part maintenant en Inde avec Palace Of Horrors de Ashim Ahluwalia pour une expédition d'un directeur de cirque à la recherche de monstres de foire, un périple qui doit le conduire jusqu'au palais d'un roi cruel recueillant les êtres difformes et monstrueux. Palace Of Horrors est un petit film tourné dans un joli et profond noir et blanc et dans une ambiance un peu délavé de vieux film d'aventures avec d'évidentes influences du côté du Freaks de Tod Browning. Ashim Ahluwalia a la bonne idée de ne jamais trop en montrer laissant ses créatures dans l'ombre pour aboutir à un segment à l'ambiance aussi fascinante qu'inquiétante et à l'un des tout meilleur sketch du film. 07/10


On termine par mon coup de cœur de ce tour du monde des manifestations du mal avec Al Karisi de Can Evrenol qui nous fait découvrir un terrifiant récit de djin accoucheur se manifestant sous la forme d'une chèvre ou d'une vielle dame et qui s'en prend aux femmes enceintes et à leurs enfants. Al Karisi se concentre sur deux personnage avec une jeune fille enceinte (très jeune fille même) s'occupant d'une femme âgée et malade dans une ambiance assez oppressante qui ne transpire pas vraiment la joie de vivre. Cette jeune femme va devoir lutter contre les forces maléfiques pour protéger son enfant dans une successions de séquences cauchemardesques gore et angoissantes foutrement efficaces pour ce qui constitue de très loin le meilleur segment de cette anthologie. 08/10


Bien que très inégal et pas pleinement réussi The Field Guide of Evil s'appuie sur un concept tellement chouette que j'espère qu'il va se décliner sur de nombreuses suites nous permettant de nous plonger dans beaucoup d'autres mythes, légendes, contes et superstitions tout en découvrant de nouveaux réalisateurs de films de genre à travers le monde.

freddyK
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le 28 mars 2024

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