Conte de cinéma
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A peine sorti de The Cell, Tarsem Singh va mettre toute son énergie au service d'un film plus personnel, comme pour montrer ce qu'est son cinéma quand il ne cachetonne pas.
Six ans plus tard, il accouche de The Fall. ( A ce moment, on a un peu peur qu'il ne change que deux lettres à ses titres, mais son prochain s'intitulera Immortals - on respire. ) Et le film ne connaît AUCUN succès. Trois pauvres millions de dollars à travers le monde... Les critiques lui reprochent une esthétique pub-clip de poseur nombriliste et une histoire trop simpliste pour les deux heures que dure le film.
La dessus, je vais devoir intervenir au plus vite.
Les mecs, on vit dans une époque où tout va tellement vite qu'on a une tendance naturelle à tout brouiller. Des pubs ressemblent à des films, des films à des jeux-videos, ou à des séries télé quand d'autres séries télé ressemblent à des films alors que ceux-ci ressemblent à des pubs... Bref, si vous n'êtes pas capables d'envisager l'idée même d'un support-multiple ( ici un gigantesque film-clip ) enfermez-vous chez vous et débranchez l'interphone. Le monde est trop dangereux pour vous !
D'autant que l'histoire, si elle est simple, est loin d'être pauvre.
Dans un hôpital au début du 20e siècle, une fillette au bras cassé se prend d'amitié pour un cascadeur au cœur brisé en proie au suicide. Celui-ci va se mettre à lui raconter une fable épique afin de la duper pour qu'elle lui amène sans le savoir de quoi mettre fin à ses jours...
Et là où le film prend son envol, c'est dans la représentation de l'histoire racontée.
Premièrement, elle constitue une véritable ode-à-l'imagination ( je vais pas en remettre une couche sur cette saloperie de Max et les Maximonstres, ah trop tard c'est déjà fait ).
Un exemple génial : Le cascadeur présente un personnage d'Indien qui a perdu sa squaw à cause du méchant de l'histoire. Mais la petite fille quand elle entend "Indien" se figure un authentique Indien d'Inde... Du coup la squaw est parée comme une star de Bollywood !
La conséquence de ça c'est que si l'histoire en elle même est plutôt décousue, voire complètement bidon ( ce qui est largement justifié dans le film ) l'idée que s'en fait la fillette la rend plus grande, plus magique.
Si Tarsem multiplie les visions clipesques-grandiloquantes dans la partie récit, avec des lieux plus insolites les uns que les autres et des costumes hyper-travailés, il n'en omet pas de soigner aussi les scènes intimistes entre le cascadeur et la petite fille. La gamine est hallucinante de naturel et d'aisance, y compris dans les scènes les plus sombres quand par exemple, à bout de nerfs, le cascadeur tue un à un les aventuriers de l'histoire ! Franchement, Jacques Doillon peut aller se rhabiller !
Pour ces raisons, le film constitue une véritable leçon de cinéma, qui est en plus entérinée par la scène finale, où l'on voit des dizaines de scènes cultes de cascades en noir et blanc, allant de Buster Keaton à Harold Lloyd, et que la fillette s'imagine systématiquement y voir son gentil cascadeur.
L'émotion me submerge et mes yeux laissent échapper quelques larmes... Je pensais pas que le réalisateur de The Cell saurait verser dans l'émotionnel !
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le 1 oct. 2011
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