The F**k-It List n'est pas parfait. Loin s'en faut. Cela dit, il s'agit d'un excellent teen-movie, bien au dessus de la moyenne du genre. Et quand je vois l'avalanche de critiques négatives entourant le film, principalement pour une seule raison, je pense qu'il est nécessaire d'apporter un autre point de vue sur le film. Je parlerai d'abord du film dans l'absolu, avant d'adresser ce qui semble être le plus gros problème pour les critiques.


Niveau technique, ça casse pas trois pattes un canard sans être nul non plus. La réalisation est relativement fonctionnelle même si on notera deux trois jolis plans et une lumière globalement bien gérée sur l'ensemble du film. Quant à l'OST, elle est vraiment sympathique et plutôt dans la moyenne haute de ce qui se fait pour le genre. Les acteurs sont tous trés bons.
Niveau écriture et morale, la aussi, on est sur du tout bon. Si le message du film est un brin réchauffé surtout pour un teen-movie, il est abordé de façon relativement originale, moderne (avec l'omniprésence des réseaux sociaux), mais surtout, surtout, réaliste. Parce que oui, ce qui fait que The F**k-It List est un bon film, c'est la relative subtilité de son écriture. Les personnages sonnent tous globalement vrais et on s'éloigne trés vite des clichés du genre avec les popular kids qui font la teuf et les intellos, les uns ne trainant pas avec les autres et vice-versa. Les dialogues sonnent également globalement vrais, et le film se paie même le luxe de trés bien gérer deux éléments de narration qui aurait été fait n'importe comment dans un teen-movie banal ou mauvais :


D'une part, la pseudo-dispute entre Brett et Kayla qui est un peu soudaine mais reste sobre. Les deux ne se font pas la méga gueule non plus, et on a pas vraiment le droit à un drama ado nul. Le deuxième, ce sont les parents de Brett. On aurait pu s'attendre à des darons qui foutent la pression de ouf à leur gamin, l"engueulent au vue des choix qu'il fait dans le film, et ne l'écoutent jamais ou presque. Avec peut-être, une ouverture d'esprit à la fin. Ca fait partie du deja-vu des teen-movie, et ici pas du tout, les parents de notre personnage principal lui mettent la pression certes, mais ils ne dépassent jamais les limites, l'écoutent, et acceptent son point de vue. Et du coup, quand ils lui remettent un peu la pression, on ressent vraiment que c'est pour le bien de leur enfant et pas juste parce qu'ils sont bornés et aveuglés par la potentielle réussite de leur mome. Ca fait plaisir.


Concernant la morale donc, il s'agit ni plus ni moins d'un


carpe diem assez basique


mais réussi donc.


Globalement, le film est bon, voire trés bon pour le genre, et The F**k-It List flotte quasi-constamment sur une subtilité légère mais réelle. Ainsi donc, quel est le fameux problème au centre des critiques du film. Et bien c'est simple, quasi tous les personnages principaux, et surtout le héros, sont blindés de tunes. Ils ont des baraques assez dingues et pourtant, le film nous montre un héros qui


envoie balader l'avenir radieux qu'on lui propose, la réussite, l'argent, pour de l'incertitude.


Bref, un héros finalement assez mécontent de sa vie jusqu'à présent, lui qui a tout, malgré l'évènement central du film qui remet en cause son avenir. Son mal-être était déjà présent avant ledit évènement.
Et ce genre de critique, personnellement, ne me convainc pas. Déjà, première raison, la tune, c'est pas à lui, c'est à ses vieux. On suit juste un gosse avec des parents riches, pas un riche. Et de toute façon, l'argument du "c'est un gosse de riche" est fragile. Parce que je trouve qu'il faut faire preuve de fermeture d'esprit et d'un manque d'empathie assez clair pour ne pas accepter que quelqu'un qui vient d'une famille avec de la tune puisse se plaindre. Clairement, sortir cet argument, c'est refuser de se mettre dans la peau de ce gosse dont les parents ont minuté toutes les secondes de la vie pour un chemin que lui n'avait pas forcément choisi. Quand on est ado et qu'on subit une telle pression au quotidien de résultat présent et futur, d'autant plus lorsque ses amis autour de lui font la fête, on est en droit de se poser la question : "Est-ce que j'ai pas rater un truc ? ". On est en droit d'avoir des doutes, d'avoir des regrets parce que les parents de Brett ont beau avoir de l'argent, Brett semble promis à un bel avenir, mais s'il y a une chose qu'il ne pourra jamais récupérer, ce sont ses années lycée, c'est sa jeunesse qui défile. C'est un problème pertinent qui touche tout le monde, y compris les gens blindés de tunes, et qui, je suppose, peut trés vite devenir anxiogène quand ce n'est pas le gosse lui-même qui s'acharne tout seul à réussir, mais ses parents qui le contrôlent depuis l'enfance, aussi compréhensifs soient-ils. En gros, tout le monde peut avoir des problèmes. Même les gosses de riche.
Donc je comprends tout à fait que ça puisse énerver. Mais la richesse de Brett, ou plutôt de ses parents, n'annule en rien la légitimité de ses problèmes ou de ses questionnements.


Ni de sa décision de ne pas aller à Harvard à la fin, et du message pas trés subtil mais pertinent du film sur le "système". Parce qu'en admettant que Brett se soit repenti et ait arrété de se plaindre et d'aller à Harvard, on aurait non seulement suivi un développement de personnage qui revient à la case départ, mais surtout, Brett aurait accepté de perpétuer le système qui l'a tant dérangé dans sa vie. Qui, de son propre aveu, l'a un peu empêché de profiter pleinement de sa jeunesse jusqu’à présent. En gros, en ne remettant pas en cause le système et en acceptant d'aller à Harvard, il aurait cédé aux sirènes de la facilité, mais également de l'argent et de la réussite conventionnelle, qui sont des choses que les critiques reprochent à la base au film et au personnage. Et en plus de ça, il aurait été un gros hypocrite.
De plus, si le film peut donner l'impression de filer un message assez irresponsable aux gosses en leur disant d'envoyer tout péter, faut pas oublier que si Brett fait ce choix à la fin, c'est aussi parce qu'il cartonne sur les réseaux et que donc, il peut capitaliser sur cette image. La fin ne nous montre pas un gosse qui décide de tout envoyer péter, mais qui prend juste un autre chemin qui lui convient mieux, et qui colle plus avec sa définition de la réussite et de la vie.


Voila, aprés ce pavé, je ne peux que conseiller le film pour les amateurs de teen-movie. Il est au dessus de la moyenne des films du genre, au moins, et touche un questionnement certes redondant dans le genre, mais le fait bien, avec subtilité. Quand on voit les gros succés Netflix niveau teen-movie, comme les pas bons Kissing Booth 1 et 2 et l'agréable mais sans grand relief To all the boys I loved Before, il me parait injuste que The F**k-It List soit aussi peu considéré alors qu'il est bien au-dessus des films précités.

Kousei
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le 13 août 2020

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