The Den
5.5
The Den

Film de Zachary Donohue (2013)

On ne lâche pas la poule aux œufs d’or si facilement. Le Found Footage se décline désormais sous tous les genre même s’il reste le principal pourvoyeur du cinéma d’horreur souvent ciblé par les débutants. C’est assez logique finalement puisque la peur tout comme le rire est une émotion qui se prête parfaitement à sa captation sur le vif, tel un cruel bêtisier. Et puis il n’y a rien de plus effrayant que de filmer un couloir sombre ou une forêt dans un silence de mort avant que n’intervienne le jump-scare tant redouté. Par ailleurs ce type de film dont l’argument repose sur le fait que son contenu aurait été retrouvé après la disparition de ses auteurs a le don d’alimenter la célèbre légende urbaine de ces snuffs movies que l’on s’échangeait sous le manteau, une idée que reprendront d’ailleurs à leur compte les anthologies V.H.S. avec plus ou moins de succès. Le Found Footage a donc prospéré durant les années 2010, devenant un gigantesque entonnoir dévolue au 7ème art (science-fiction, super-héros, comédie, thriller, zombies, vampires docu-fiction) avant de disparaître brusquement des radars. Beaucoup de bruit pour rien diront les mauvaises langues, mais pendant que certains se vautraient lamentablement dans la fange de ce nouvel Eldorado avec la seule motivation de se faire un nom, d’autres tentait d’en révolutionner le procédé en proposant de nouvelles alternatives de mise en scène comme le Screen Reality. Une sous-catégorie qui se bornerai à se limiter au cadre de son écran d’ordinateur, et si officiellement Unfriended en serait bien l’initiateur, il n’est néanmoins pas le premier à l’avoir employé, puisque deux ans auparavant sortait The Den, lui-même considérablement inspiré par le faux documentaire Megan is Missing réalisé en 2007 mais finalement sorti en 2011.


Le sujet aura le mérite de parler aux éternels adolescents s’étant déjà rendu comme moi sur les Chats type Coco pour troller et piéger des quarantenaires désireux de se soulager à la webcam avec des godemichets géants. La différence, c’est que si les imbéciles dans notre genre y allait pour se marrer, Elizabeth dans son cas le fait très sérieusement dans le cadre d’une thèse sociologique. Et pour cause, ce phénomène devenu viral est rapidement devenu le berceau des catfish, sociopathes, pédobear, exhibitionniste, sexe-addicte et autres pervers en tout genre, à tel point que les gens normaux sont finalement devenus une minorité. Si l’intention derrière la création d’une messagerie de discussion instantané était louable à l’époque, force est de constater qu’elle a comme trop souvent été pervertit par la connerie humaine. La majeur partie du film se suit donc par le biais d’une fenêtre informatique animé par les différentes interactions de l’héroïne nous immergeant au coeur de sa sphère intime et privée. Si le concept aurait pu s’avérer assez casse-gueule, le fait est qu’il permet de renforcer le sentiment de promiscuité ainsi que la tension que ce soit au détour d’un jump-scare amusant dans une chambre d’enfant ou bien par le biais d’une simple photo qui aura le don d’éveiller notre suspicion puisque Elizabeth va accidentellement se retrouver témoin d’un meurtre en direct au sein d’un salon privé normalement destiné à de riches contributeurs désireux de se rincer l’oeil. Faute de donation, l’organisation responsable de ce commerce d’être humain va pister son adresse IP afin de la retrouver.


Dommage, le réalisateur n'assume pas pleinement ce choix de mise en scène ce qui aurait évidemment impliquer de respecter totalement la diégèse, à défaut on repassera à un format plus traditionnel de caméra à l'épaule en plus de devoir supporter quelques situations un brin énervante comme l'inaction des autorités ou cette tendance évidente à tout vouloir exagérer, au point de filmer quoi qu'il en coûte quitte à se mettre soit-même en danger, une tare évidemment commune à tous les films du genre, sans quoi nous ne saurions probablement jamais satisfait. Cette histoire qui ressemble à un véritable fait divers est d’ailleurs inspiré d’un cas qui défraya la chronique. En 2010, la vidéo d’un meurtre diffusé sur Chatroulette avait suscité le buzz sur internet entre indignations, fantasmes, et délires complotistes hors il s’agissait en réalité d’un véhicule promotionnel destiné à une nouvelle chaîne TV Espagnole ce qui n’est en revanche pas le cas ici. Zachary Donohue parvient néanmoins à nous impliquer de près dans cette traque online, et à mettre en lumière les dangers du World Wild Web que nous avons habituellement coutume de négliger derrière l'anonymat de notre adresse IP qui nous font nous sentir en sécurité. The Den a donc le mérite d’apporter une vrai réflexion sur notre utilisation irraisonné du réseau, les risques encourus par le partage d’informations privé et les dérives criminelles type harcèlement numérique que nos actes peuvent parfois engendrer par voyeurisme. La prochaine fois, vous y repenserez donc à deux fois avant de piéger quelqu’un sur ce genre de tchat parce que vous pourriez bien finir par tomber sur quelqu’un de familier ou pire, vous pourriez même atterrir de l’autre côté de l’écran avec un Jéroboam dans le fion.

Le-Roy-du-Bis
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vous reprendrez bien un peu de Found Footage ?

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le 20 nov. 2023

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Le Roy du Bis

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