The Comedy
6.1
The Comedy

Film de Rick Alverson (2012)

C'est un film lent, filmé arty, provocateur, douloureux. Si le film ne vous attire pas, je ne pense pas que vous devriez le voir. Parce que The Comedy n'essaiera pas d'être gentil avec vous. Il vous confronte tout le temps à des dialogues bizarres et acides, les personnages allant tellement loin dans l'irrévérence et l'ironie que plus rien ne semble récupérable dans leur attitude.
La façon de filmer, le rythme du film, la bande-son sont au fond assez conventionnels pour un film typé Sundance, mais ici, le sujet, dans lequel le réalisateur a l'air de se contempler, dépasse ce qu'on attendrait de ce genre de cinéma.

Le personnage principal, joué par Tim Heidecker vraiment parfait dans son rôle, traverse le film avec sa bande de potes hipsters nés riches et narcissiques, conduisant fixie, buvant PBR, champagne. Ils se construisent une barrière émotionnelle face au reste du monde avec leur sens de l'humour aliénant, la toute-puissante "comedy", l'ironie qui devient leur moteur, les rendant inhumains et détestables. C'est cette inadéquation à la réalité qui est au coeur du film, cette espèce de passivité des jeunes bourgeois vieillissant trop vite, oubliant ce que c'est que de vivre avec des personnes.
Alors, ces personnages détestables peuvent rester un peu humains dans votre coeur (le film lance des perches), si vous en avez envie. A vous de voir, j'en doute un peu. Parce qu'il faut savoir que, finalement, ce film s'adresse à toi, celui qui ne rit jamais mais trouve le concept d'holocauste et le racisme très riche comédiquement, qui est maintenant confus et ne sait plus où trouver l'humour autre part que dans la provocation crue et gratuite.

C'est une anti-comédie, avec pour sujet l'anti-comédie, le réalisateur semble savoir à qui il s'adresse. Beaucoup de violence émotionnelle dans ce film, qui semble dirigée vers lui-même puis vers le spectateur, le fan de Tim & Eric, celui pour qui rien n'est drôle depuis Seinfeld. Celui qui mourra seul car rien n'est sérieux. Suis-je clair ?
Je conseille donc ce film si vous êtes prétentieux et malheureux, parce que ça s'adresse à vous je crois. Je dis ça sans jugement, je pense que ceux-là se reconnaîtront. En fait, allez le voir de toute façon, c'est assez rare un film qui dissèque "une manière d'être" et la pousse dans ses derniers retranchements, tout en laissant assez d'espace aux personnages pour respirer.

4 seaux de pop-corn sur 5.
Faisselle
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 30 mars 2013

Critique lue 743 fois

4 j'aime

Faisselle

Écrit par

Critique lue 743 fois

4

Du même critique

Tarnation
Faisselle
9

Critique de Tarnation par Faisselle

Je ne suis pas sorti indemne de Tarnation. Objet bizarre et touchant, envie de vomir et envie de pleurer. Le regard fou de Jonathan à 11 ans, le regard fou de toute la famille, le lymphatique...

le 3 oct. 2010

10 j'aime

Kids
Faisselle
9

Critique de Kids par Faisselle

Aucun jugement de Larry Clark dans Kids, son meilleur film d'après moi. On regarde, on essaie de comprendre, mais on assiste, impuissants, à ces adolescents perdus dans leur communauté new yorkaise...

le 15 juin 2010

9 j'aime

1