L'odyssée des frères Gibb.

Ce documentaire de Frank Marshall revient sur l'histoire folle du groupe Bee Gees, qui était composé de trois frères, Barry, Maurice et Robin Gibb. Des anglais qui vivaient en Australie, et dont le seul but était de chanter ensemble. Il y a clairement trois périodes dans leur carrière ; celle anglaise des années 1960, avec une musique pop qui fait un peu penser aux Beatles, puis la période disco dans la seconde moitié des années 1970 avec bien sûr le carton absolu de Saturday Night Fever, et enfin, les années 1980 où les frères étaient dans une branche plus rock, tout en collaborant avec d'autres artistes, comme Barbra Streisand ou Céline Dion.

Le documentaire est largement commenté par les frères Gibb, le seul survivant étant Barry, les jumeaux Maurice et Robin (décédés en 2012 et 2013) intervenant via une interview donnée en 1999.
Il met déjà les pendules à l'heure en ne s'attardant pas que sur la période disco, mais sur toute la carrière du groupe, longue de plus de 45 ans, du succès de To love somebody, qui leur a ouvert en quelque sorte les portes de l'Amérique. On voit ainsi de très nombreuses archives, où la complicité des frères n'était pas feinte, malgré un court hiatus de 18 mois en 1970. Le groupe a un certain succès à l'époque, jusqu'à la sortie de La fièvre du samedi soir, où les titres ont été composés après le tournage du film, avec toute une partie formidable sur la fabrication de Staiyn' alive, qui a été composé instrument par instrument, jusqu'à ce que tout s'additionne au moment de l'écoute, et ça donne ce titre absolument génial. Tout comme How deep is your love, un des plus belles musiques du groupe. D'ailleurs, j'y reviendrais, il y a beaucoup d'émotion de la part des personnes interrogées, notamment un des batteurs qui a les larmes aux yeux à l'évocation de ce dernier titre. On voit bien la tornade qu'a été cet album, qui a quasiment lancé la musique disco, ce qui n'est pas pour me déplaire. Dans la foulée, les frères Gibb, qui ne voulaient pas être catalogues comme groupe disco, se lancent tout de suite après dans un autre album, amorçant ce qui va être les années 1980, Spirits having flown, avec cet autre titre extraordinaire qu'est Tragedy, dans mon top 10.

Le tout est raconté avec une étonnante franchise par Barry Gibb, sur les succès, les revers, l'envie de chacun d'avoir une carrière solo de peur d'étouffer au sein du groupe, et aussi le cas Andy Gibb.
Ce dernier est le plus jeune des quatre frères, et eu principalement une carrière solo, avec des titres comme I just want to be your everything ou Shadow dancing, mais dont la vie privée fut chaotique (en particulier à cause de son addiction à la drogue). Peu après son intégration aux Bee Gees en 1988, il décèdera d'une crise cardiaque à seulement 30 ans.

Pour ma part, j'adore ce groupe, et il ne doit pas se passer une semaine sans que je n'écoute une de leurs chansons. Même si on peut regretter que certains moments soient plus évacués, notamment la troisième phase de leur carrière dès les années 1980, ce documentaire est empreint d'une certaine émotion, y compris de la part de personnes interrogées comme Justin Timberlake, Nick Jonas ou encore Chris Martin, ainsi que les veuves des membres disparus du groupe. Avec une fin magnifique de Barry Gibb, qui pleure encore la disparition de ses frères, et qu'il échangerait leurs succès contre leur retour. Car les Bee Gees, c'était ça avant tout ; une famille.