« C'est la beauté intérieure qui compte » : cette phrase ressort souvent, et souvent on répond qu'on est d'accord, mais il y a toujours une part d'hypocrisie. Ce film met l'idée en pratique : à quel point la beauté intérieure peut-elle vraiment prévaloir sur le reste ?


C'est sans surprise que l'idée derrière l'histoire (un homme qui se réveille chaque matin dans un corps différent) débouche sur une romance, mais quelle romance. On est loin de l'histoire facile que pouvait faire attendre la spécificité majeure du personnage, et bien devant une étude réfléchie sur ce à quoi pouvait ressembler sa vie - ou au moins sa partie sentimentale, le reste étant habilement glissé sous le tapis de sa procrastination.


Le rythme amortit si bien le passage d'un chapitre à l'autre, ces sections de l'histoire à travers lesquelles s'écoulent le déni, la curiosité puis l'acceptation, que j'ai envie de le qualifier de rien moins que moelleux. L'affection, l'incrédulité puis l'amour des personnages trouvent en nous l'écho d'une inquiétude et d'un espoir entremêlés, plusieurs fois ravivés par des acteurs touchants au possible.


Si l'on y prenait pas garde, ce complexe émotionnel camouflerait aisément les nombreuses questions posées en demi-teinte sur la société coréenne, la place du couple en son sein, l'acceptation des sentiments, l'abnégation et le dévouement d'une personne au regard de son équilibre psychologique, et ultimement l'adaptabilité de l'Homme à l'impermanence. Car y a-t-il relation plus impermanente avec la beauté que d'être amoureux·se d'un homme dont le visage change chaque matin ?


J'ai envie de dire que c'est avec trop d'humilité que The Beauty Inside pose ces questions, nous laissant trop jouir de ses dilemmes cornéliens et des décisions magnifiques qu'il décrit. Mais à bien y regarder, il la pose aussi violemment qu'il use de notre empathie pour nous faire passer du sourire aux larmes – quand ce n'est pas les deux en même temps. Quand on est en face d'une telle œuvre à la fois lucide et forte sur la difficulté d'une relation amoureuse, on n'a rien à regretter.

EowynCwper
8
Écrit par

Créée

le 6 oct. 2021

Critique lue 153 fois

1 j'aime

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 153 fois

1

D'autres avis sur The Beauty Inside

The Beauty Inside
Elvisant
8

Petite perle à l'eau de rose

Voici encore un mystère qui fait que le cinéma asiatique est mon préféré. En effet, ce film a priori plutôt grand public et suivant une histoire assez prévisible (à part le fait que le personnage...

le 10 avr. 2016

7 j'aime

The Beauty Inside
Poli_Emmanuel
10

Une gifle...c'est grandiose!

Je ne suis pas très fleur bleue, mais cette romance m'a prise aux tripes du début à la fin...je n'ai pas réussi à décoller les yeux de l'écran...mais il est de bon ton de vous conseiller de vous...

le 11 avr. 2016

3 j'aime

The Beauty Inside
Arnaud-Fioutieur
4

Ugly inside & outside

Un type qui tous les matins se réveille dans la peau d’un.e (?!) autre, ça-c'est-un-sujet-qu’il-est-bon…Seulement voilà : il est traité dans pays accro au conformisme.Vous avez donc droit ici aux...

le 1 oct. 2023

2 j'aime

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 25 oct. 2018

8 j'aime

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

7 j'aime

1