"I’m a reverse paranoid. I’m quite certain the world is conspiring to make me happy."
Moondog est une sorte de poète marginal et hédoniste qui ferait passer The Dude pour Stakhanov, et c'est à la fois son portrait très poétique et ses errances entre différents endroits de la Floride qu'on est invités à suivre durant 90 minutes de contemplation psychédélique durant lesquelles se dessine une vision du monde joyeuse, insouciante et gentiment subversive.
Il faut dire que ce super-anti-héros (ou anti-super héros) semble tout droit sorti de la mythologie grecque, comme un Dieu de la glande et des plaisirs terrestres dont le pouvoir surnaturel serait l'éclat de rire permanent en réponse aux mauvaises surprises de la vie et à la cruauté du monde.
McConaughey est absolument parfait dans ce rôle dans le moindre de ses gestes, et de par son rire aussi contagieux qu'une blennorragie dans un bordel mexicain. Il promène sa gracieuse nonchalance à travers ces petites mésaventures romanesques, où on croise un "pêcheur" à l'interprétation très personnelle du christianisme, un ancien ami qui fait fortune grâce aux dauphins qu'il confondra tragiquement avec des requins, et où on négocie avec la juge le standing des centres de désintox, le tout superbement filmé dans une esthétique à la fois crade et clinquante qui s'accorde parfaitement à la poésie pour le moins bizarre du Moondog, et servi par une excellente BO.
Délicieusement immature et immoral, euphorisant avec une légère pointe de mélancolie comme quelques taffes de jamaïcaine entre deux grandes bières, Korine signe une petite merveille de poésie qui ne laisse pas indemne.