The Artist, un film qui porte bien son nom

Encore un excellent film français, après Intouchables, c'est The Artist qui honore le cinéma français !
Tellement de choses à dire que je ne saurais où commencer, je vais essayé de répartir ma critique en 2 points fondamentaux du film.

Une innovation démodée:
L'ère est au retro, dans les jeux, dans les films, dans la mode, et Michel Hazanavicius a frappé encore plus fort que Tron et sa suite réalisée 30 ans après en faisant un film muet et en noir et blanc alors que tout le monde se rue sur la 3D (qui est, admettons-le une bonne fois pour toute, absolument inutile et loin d'être transcendante puisque l'image est beaucoup moins belle). Immédiatement j'ai accroché, ne serait-ce que par principe de savoir ce que l'on ressentait lorsqu'on regardait de tels films à l'époque au cinéma. Et le résultat est vraiment très attirant.

Cette méthode oblige à faire bien plus attention aux gestes, à ce qu'ils signifient, aux expressions du visages. Là où les yeux ne sont plus attirés par la beauté, ils sont sollicités par l'analyse. Cette analyse visuelle accroît notre réflexion pour savoir comment vont réagir les personnages et ce qu'il va se passer par la suite.
L'absence de parole active également notre écoute, notre écoute de la musique, c'est celle-ci qui mettra le ton à l'histoire et chaque musique se doit donc d'être choisie avec grande attention, ce que le réalisateur à plutôt bien réussi, malgré quelques erreurs de choix selon moi.

D'autre part, le réalisme de réalisation du film est respectable, l'histoire se déroulant en 1927, les décors, les costumes, les habitudes ont été magnifiquement bien retranscrites. De même que le sujet du film lui-même colle parfaitement aux habitudes de films de cette époque. Je trouve cela remarquable.

Et j'en profite donc pour introduire ma deuxieme partie.

Le fil de la technologie au fil de l'histoire:
Bien qu'étant muet, le film se place exactement lors du passage des film au parlant et marque donc un tournant dans l'histoire du film et de la réalité.
Et sur ce point Hazanavicius a fait preuve d'un réel talent. En effet, un travail concret a été réalisé sur ce film, ça se sent. George Valentin (interprété par Jean Dujardin) est un acteur muet depuis le début de sa carrière et réalise que la technologie permet maintenant de faire des films parlant mais refuse de devenir un acteur parlant et ne croit pas en l'avenir de cette technologie. Tout cela se concrétise lors du cauchemar de George où tout devient bruyant sauf lui, qui reste muet. Ce passage montre à quel point la technologie peut changer du tout au tout, cela marquera donc le passage décisif du film, c'est ainsi que nous verrons comment les acteurs se remplacent. "Les jeunes prennent la place des vieux" dixit Peppy Miller, les nouveaux remplacent les anciens comme le parlant remplace le muet. Tout est lié et le film le montre parfaitement.
Le réalisme est saisissant du fait que le film lui-même relate le tournage d'autres films. C'est assez exaltant de suivre le tournage d'un film muet en regardant un film muet, cela renforce l'attention qu'on y apporte.
De plus, il est à noter que, pour le peu que j'en ai vu, les sujet dont traitent les film dans The Artist, correspondent parfaitement bien aux films que l'on voyait à l'époque et cela rend le film encore plus authentique et intensifie notre perception du film.

Je vais finir par une critique générale.
The Artist était un défis assez colossale à réaliser je pense, Michel Hazanavicius l'a relevé, en a surmonté les obstacles et à réussi ce pari.
Après les très drôle OSS117, on peut dire qu'il change catégoriquement de registre et sait vraiment bien s'adapter.
On ne s'étonne plus que son choix se porte sur Jean Dujardin comme acteur principale. Beaucoup ne le portent pas haut dans leur coeur, pour ma part "Un gars/une fille" évoque en moi une vague de souvenirs. Et Jean Dujardin est un acteur que j'apprécie particulièrement.
Je trouve son jeu d'acteur assez convaincant, ses expressions du visage sont assez bien adaptées au film. Une chose m'a particulièrement interpellé, ses postures ou grimaces sont parfois étrangement exagérées, comme s'il manquait d'expérience (ou qu'il se croyait encore dans Brice de Nice...) et je me suis rendu compte qu'en fait, cela augmentait le réalisme d'imperfection et qu'au lieu de dégrader ses talents d'acteur, cela les amélioraient. Eh oui.
Bérénice Bejo quant à elle se débrouille bien dans un film tel que celui là, je dois avouer ne pas avoir vu beaucoup de film d'elle mais elle sait tirer son épingle du jeu et dans un film muet comme celui-ci, je dois dire que je n'aurais trouvé meilleure actrice pour interprété ce rôle. Elle est très belle et accentue la beauté du film à elle seule. Un choix très réussi.
John Goodman a également trouvé un rôle qui lui sied à merveille. Même si sa prestation est moins remarquable que celle de Bérénice.
Pour finir, la plupart des musiques sont bien choisies et collent parfaitement à l'ambiance du film, malgré quelques faux pas largement pardonnables.

En conclusion, une très grosse réussite inattendue, un challenge relevé et réussi, Hazanavicius marque un point conséquent dans sa carrière et peut être fier de son film. Film que je conseille à tous les amoureux du cinéma traditionnel !

Créée

le 29 janv. 2012

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Notry

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