The Act of Seeing with One's Own Eye
7.8
The Act of Seeing with One's Own Eye

Court-métrage documentaire de Stan Brakhage (1971)

The Act of Seeing with One's Own Eye par AntoineRA

J'ai régulièrement repoussé le visionnage de cette œuvre choc de l'expérimentaliste Stan Brakhage ; pas le bon moment, pas le bon état d'esprit, mais y en-a-t-il seulement un pour voir des corps se faire découper et vider ? Ironie du sort : c'est tombé en plein repas. Ce n'est même pas vraiment un documentaire, puisqu'il se contente d'exposer le processus d'autopsie, de la mesure des corps au drainage des fluides, puis le retrait des organes et viscères. C'est très graphique, totalement explicite, quoique parfois décentré ou via des gros plans qui amenuisent la distinction, et complètement silencieux, ce qui rend le visionnage plus morbide. Contrairement à un snuff, il s'agit de cadavres ; la révulsion est donc différente, même si certains corps arrivent mutilés ou calcinés. Il n'y a pas de recherche artistique particulière, hormis une photo qui semble retravaillée pour laisser les nuances de rouge ferreuses dégouliner sur la pellicule. Brakhage place l'Homme face à sa propre décomposition, de son statut d'individu identifiable de par son anatomie, à un amas quelconque de chairs, tissus musculaires, organes et structures osseuses. C'est un assemblage de séquences puissantes, moins voyeuriste que ce que j'imaginais, en dehors de cette répétition perverse de l'ouverture du crâne pour y retirer le cerveau. Il y a un semblant de chronologie dans le montage, mais surtout une sensation de normaliser cette tâche. Un documentaire consacré aux ressentis des praticiens aurait été d'autant plus intéressant.

AntoineRA
5
Écrit par

Créée

le 13 sept. 2023

Critique lue 9 fois

AntoineRA

Écrit par

Critique lue 9 fois

D'autres avis sur The Act of Seeing with One's Own Eye

The Act of Seeing with One's Own Eye
WannaFight
9

Le celluloïd est au cinéma ce que la chair est à l'être humain.

Deux réactions contradictoires : L'horreur et l'émerveillement. Mais quelle horreur finalement ? L'horreur d'une vérité trop brutale ? De voir les choses de trop près, trop profond ? Ces gens dans ce...

le 30 mai 2016

7 j'aime

1

The Act of Seeing with One's Own Eye
autaar
10

L'art de la vision

Montrer le corps dans sa nudité la plus intime et son mystère le plus inaccessible. Mystère dans ses métamorphoses les plus scandaleuses. Mystère car on ne cesse d'en découvrir notre ignorance...

le 21 déc. 2013

2 j'aime

Du même critique

Caldera
AntoineRA
9

Critique de Caldera par AntoineRA

Il y a des jours, comme ça, où on tombe sur des courts-métrages d'orfèvres. C'est le cas de Caldera, découvert via une news sur le site Allociné. Réalisée par Evan Viera, l’œuvre a déjà récolté...

le 5 avr. 2013

14 j'aime

2

Minutes to Midnight
AntoineRA
7

Critique de Minutes to Midnight par AntoineRA

C’est étrange comment on peut en venir à renier, voire haïr un groupe pour, la majorité du temps, se faire bien voir parmi la communauté Metal. C’est le cas de LINKIN PARK. Le nom vous donne des...

le 27 oct. 2012

14 j'aime

Marvel's Daredevil
AntoineRA
8

Critique de Marvel's Daredevil par AntoineRA

• SAISON 1 (9/10) [Critique du 1 mai 2015] Très loin de la mièvrerie, du fan service forcé, et du kitsch cheap et Disney-ien des films de Marvel depuis Avengers, Daredevil a su s'émanciper de ces...

le 1 mai 2015

13 j'aime

2