En voyant Tesis, le cinéphile/cinéphage pensera à un autre film : Benny's Video, de Michael Haneke. Les deux œuvres glaciales tiennent du métacinéma : ce sont des films qui s'analysent. Des films où une phrase comme « il faut donner au spectateur ce qu'il veut voir » finira par apparaître sous une nouvelle lumière – quoiqu'elle sera, selon toute vraisemblance, blafarde. On est tout de suite mis à l'affût d'autres indices de ce genre, un trait qui sera d'ailleurs caractéristique du réalisateur.
Né d'un enthousiasme estudiantin pour le média (Amenábar l'a imaginé alors qu'il était à l'université, la même où Tesis a été tourné) mais en même temps d'une dureté désabusée, le drame se déroule en même temps que la psyché de toute une génération moulée par l'image. Âge adulte et adolescence, image et scénario nous happent et nous enferment dans la beauté d'une thèse qu'on va nous-mêmes écrire sur la place du film au sein du septième art et de l'histoire du média. On peut difficilement pousser plus loin l'expérience cinématographique et c'est rarement quelque chose que nous offrent même les meilleurs thrillers.