Parmi les précurseurs du slasher, ce titre est aujourd’hui totalement dépassé et ne constitue plus qu’un élément de l’histoire du genre. Black Chrismas (1974), « Massacre à la tronçonneuse (1974) ou encore La Nuit des masques (1976), sorti la même année, ont autrement marqué le genre en posant un certain nombre de codes. Ici, hormis le formidable sac à patates sur la tête dont Jason sera d’abord affublé (dans le deuxième opus qui est, d’ailleurs, peut-être le meilleur de la saga), les éléments novateurs pour le genre sont peu nombreux. Le suspense est très faible et la police joue un rôle prépondérant alors que le genre isole toujours ses potentielles victimes de secours possibles. Le choix n’est pas bête mais cela ne fonctionne pas.
Cela ne fonctionne pas car le réalisateur n’a pas réussi à donner une identité claire à son film. Le début nous embarque dans un format documentaire avec voix off et scènes d’époque mais, ayant certainement peur d’offrir un spectacle trop dur, le réalisateur traite durant tout son film les policiers (et ce sont les personnages principaux du film et non le tueur comme dans de nombreux autres slashers) avec un humour burlesque qui dénote complètement. Ainsi, trois genres se télescopent sans jamais réussir à se mélanger avec bonheur : l’horreur (ou plutôt le suspense des scènes de meurtres qui ne sont pas sanglantes), le documentaire et la comédie. L’aspect documentaire vient ainsi, avec son insupportable voix off, raconter les lacunes du récit mais aussi, parfois, ce qu’on nous montre. La comédie tombe à chaque fois comme un cheveu dans la soupe. Les scènes avec le tueur sont plutôt bien fichues mais elles manquent de suspense pour créer l’effroi.
Il en résulte un curieux objet, vague proto-slasher qui utilise cependant des éléments originaux et intéressants comme l’Amérique profonde et la période d’après-guerre mais les choix musicaux, l’absence de rythme et le mélange des genres évoquent davantage un film des années 60 que de 1976. Soit un film d’avant avec un sujet avant-gardiste… sauf qu’on connaît la véritable date de sortie du film. Dommage pour l’introduction et la conclusion du récit qui sont plutôt d’un bon niveau.
3,5