Terre brûlée
6.2
Terre brûlée

Film de Cornel Wilde (1970)

Cornel Wilde aime la nature. Beaucoup moins la civilisation. Il s'efforce ici de nous rédiger un essai sur le comportement humain, sur la fçaon dont l'homme a besoin de se créer une société pour survivre. C'est finalement une oeuvre très viscérale qu'il nous offre là, comme ce fut le cas pour "The Naked Prey", sauf qu'ici le constat est nettement plus pessimiste : l'homme a le mal en lui et s'il obtient une chance de se racheter il retrouvera très vite sa nature.

En ce qui concerne le scénario, c'est regrettable que l'auteur n'ait pu strucuter son récit davantage ; le film se présente en effet comme une succession de scénettes dépaignant la survie d'une poignée d'hommes. C'est très intéressant, et l'évolution des personnages est pertinemment abordée, mais ça manque d'un objectif clair qui permette de relier et de justifier toutes les péripéties. J'ai aussi beaucoup apprécié le radicalisme, le jusqu'au-boutisme dont fait preuve l'auteur : il n'a pas peur de montrer que ses héros sont en fait de vrais anti-héros, des salauds !

D'une certaine manière, ce film m'a rappelé la série "Survivors" qui est sortie en 1975. On y retrouve la plupart des thématiques, sauf que Cornel Wilde n'a pas pu tout aborder en profondeur ; c'est là que réside d'ailleurs son erreur : plutôt que de réduire le nombre de thèmes, il préfère réduire le temps consacré à chacun de ces thèmes. Tout va donc très vite et il en résulte une impression de superficialité.

Visuellement c'est pas mal. C'est un peu maladroit comme "The Naked Prey". Mais ça fonctionne moins bien ici parce que justement le fond est différent. Dans "The naked Prey", 'histoire se déroule en Afrique dans une contrée sauvage, le côté brut du montage renforce donc le sujet. Ici, même s'il s'agit d'un retour à la nature aussi, puisque ça parle de reconstruction, il aurait fallu que le montage soit un peu plus solide. Ce n'est pas désagréable, et Cornel s'aventure même avec brio dans un terrain dangereux avec parfois des prises de risque dignes d'un Peckinpah. On retrouve même un montage photo qui nest pas sans rappeler "La jetée". Mais certains choix peuvent être contestés, comme certains flash forwards pas toujours utiles.

Côté acteurs on a de bonnes gueules. J'aime bien le héros : soit on considère qu'il joue mal car il est en perpétuel décalage dans son jeu par rapport à la situation, soit on considère que son personnage est un peu fou. J'ai opté pour le second choix. D'ailleurs il y a de nombreux passages bien glauques où il réagit anormalement (exemple : il reste parfois de marbre face à un meurtre... ou alors sa déclaration ou plutôt le ton sur lequel il fait sa déclaration à la fin du film au sujet de son frère est assez déroutant).

Bref, "No Blade of Grass" est un film assez couillu de par son message ; le film comporte de très bonnes scènes sociologiques mais déçoit en terme de dramaturgie : c'est décousu, ça manque d'un objectif du coup on peut parfois trouver le temps long.
Fatpooper
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le 4 oct. 2013

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