Certains diront haut et fort que c'était foutu d'avance avec cette tentative de Mad Max à la française grandement initié par notre Jojo national au milieu des années 80. Pourtant cette production de science fiction et d'action franco-allemande ambitieuse avait un certain potentiel avec pour commencer à la mise en scène Pierre-William Glenn un solide et très respectable directeur de la photographie (Série Noire - Le juge et l'assassin - Le Prix du Danger - Le Choix des armes ) qui venait tout juste de tourner Les Enragés un home invasion devenu quasiment invisible avec François Cluzet et Jean Roger Milo martyrisant Fanny Ardant. Niveau casting on faisait dans l'international avec l'américaine Karen Allen (Les aventuriers de l'Arche Perdu - Starman - Cruising ) l'allemand Jürgen Prochnow qui venait tout de même d'enchainer un Michael Mann (La Forteresses Noire) un David Lynch (Dune) et un Wolfgang Petersen (Le Bateau) et bien sûr notre Johnny en héros taciturne et manchot. Le film doté d'un budget confortable bénéficiait aussi de la présence du dessinateur Enki Bilal comme superviseur visuel ( Bizarrement il n'est pourtant jamais crédité au générique ??) et Terminus pouvait aussi se vanter d'être révolutionnaire en étant le premier film français à utiliser des images de synthèses. Non vraiment ça pouvait le faire …. Mais au final du bout du terminus ça va surtout le faire sur le registre du nanar stratosphérique et prétentieux.


Difficile de résumé un film avec un scénario aussi évasif, vide et bordélique. Nous sommes donc dans un futur proche (On parle de la fin des années 80) et on ne sait trop qui ni pourquoi mais il existe un jeu qui mixe les règles du Paris Dakar et celles du football américain (Oui c'est un concept en soit), dans lequel un camion rouge intelligent doit parcourir des milliers de kilomètres jusqu'au terminus tout en étant poursuivi par des méchants camions gris qui doivent le stopper. Le chauffeur qui parvient à relier terminus remporte une grosse somme d'argent. Certes le concept est un peu con déjà à la base, mais il offre tout de même un pitch moisi à une potentielle petite série B d'action. Mais attention Terminus se veut bien plus intelligent qu'un banal road movie effréné rempli de courses poursuites et de cascades et nous voilà avec en plus des savants fous, des camions invisibles, des manipulations et des enjeux de plus en plus obscurs.


Terminus est bel et bien un foirage complet, une permanente sortie de route, une célébration constante au mauvais goût qui transforme la promesse d'un film d'action futuriste en nanar aussi palpitant et frénétique qu'une course de déambulateur. Quand tu propose un film avec un concept en carton vaguement prétexte à une promesse de film d'action tu te dois d'assurer un minimum de spectacle et d'adrénaline. Mais Terminus est mou et flasque au point de foirer pratiquement toutes ses scènes d'action , de cascades et de castagnes et n'offrir au final pas le moindre petit morceau de bravoure. Alors oui le gros camion défonce des murs en polystyrène, des hangars vides, provoque des explosions et défonce systématiquement ses poursuivants mais on a jamais la moindre sensation grisante de vitesse, de danger, de fracas et tôles froissées. Il y'a si peu d'interaction entre l'immense camion conduit par le héros et ses poursuivants qu'on a même souvent la sensation que l'on a tourné à part des cascades avec les camions gris qui se rentrent dedans comme des blaireaux pour ensuite les intégrer tant bien que mal au montage. Pire encore un plan oublié lors du tournage sera remplacé ensuite par de bien vilaines images de synthèse digne d'un jeu vidéo Atari montrant le camion fonçant sur deux voitures pour s'échapper. Les quelques scènes de baston sont du même acabit à savoir ridicules, mollassonnes et pas crédibles pour un centime comme lorsque la frêle Karen Allen fait chuter une grosse brute avec un coup de pied aussi violent qu'une frappe de poussin asthmatique et unijambiste dans un tournoi de football Cotorep.


Niveau casting c'est de loin Karen Allen qui s'en sort le mieux, dommage donc que son personnage disparaisse au bout de trente minutes. Dans un triple rôle le comédien allemand Jürgen Prochnow fait ce qu'il peut mais comment être crédible quand on vous colle une perruque rousse qui vous fait ressembler à un mélange de Mylène Farmer au saut du lit et Yvette Horner en retour de soirée ou qu'on vous demande de faire le méchant routier tout en chantant "Singing in the rain" pour signifier votre bonheur d'aller butter le héros. Quant à Johnny Hallyday il n'est même pas mauvais, il est , il erre, il semble paumé traversant tout le film avec trois expression faciales pour montrer combien il est taciturne, sombre et vraiment trop badass . Oui Johnny est ridicule pendant pratiquement tout le film mais le chanteur/acteur est loin d'être aidé par un script catastrophique, des dialogues ridicules, des situations grotesques et une direction d'acteurs vraiment à la ramasse. Le flashback expliquant sa main mécanique ou il débarque avec sa coupe blondasse mulet pour une baston de trois secondes vaut vraiment son pesant de pop corn tout comme lorsqu'il demande sans raisons à l'ordinateur de bord du camion d'arrêter de jouer les putes, qu'il fait un concours de bras de fer en buvant (et bavant) du whisky, ou qu'il fait des ohhh ahhhh tellement il souffre après s'être pris un coup de couteau. Johnny Hallyday est mauvais comme un cochon de bout en bout et toutes ses tirades philosophique de comptoir sur les machines, la vie, l'amour donne envie de 's'étouffer de rire.


Insulte constante au bon goût Terminus cultive avec délectation l'art du ridicule atteignant parfois des sommets de ringardise instantanément culte comme avec la bande méchants qui capture Gus (Karen Allen) . Maquillés comme pour le carnaval de Dunkerque entre Les Guerriers du Bronx et Priscilla folle du Désert notre joyeuse bande nous offre un scène génialement nanardesque et très gay friendly alors que leur chef interroge Gus dans leur repère secret . Dans cette séquence hautement réjouissante on voit une joyeuse bande de virils machos en marcel qui s'astiquent minutieusement les armes , s'entrainent péniblement au kung fu en arrière plan ou tentent de lire un bouquin le tout dans un décor orné de miroirs et de statuts d'Atlantes la bite à l'air. Arrive alors le chef balafré torse nu qui nous sort une tirade improbable sur l'enfance malheureuse des classes défavorisées et privées de jeu vidéos devant compenser par des jeux bien plus virils, le tout sous les rires gras, machiavéliques et ridicules de ses sbires qui font "mwouahahaha" . Il est quasiment impossible de faire l'inventaire de tout ce qui tombe lamentablement à plat, se vautre dans la fange du mauvais goût et transforme la prétention surréaliste des intentions en boursouflures ridicules. On pourras toutefois citer en vrac et pour commencer l'ordinateur de bord du super camion qui est juste un pauvre GPS avec une bouche en latex mais qui fait aussi le pop corn et les croques monsieur tout en s'interrogeant sur sa condition de robot ménager. Le film nous propose aussi une visite dans une ville futuriste très Blade Runner dans l'esprit mais version cheap avec des figurants portant perruques de clowns, des culturistes en slip léopard, un caniche en body rose et des moustachus à moitié à poil qui font des combats de poulets sous des néons fluorescents. La découverte de cette ville offre toutefois (et pour une fois) un brin de mise en scène avec un lent travelling latéral passant par divers pièces alors qu'en arrière plan s'avance le fameux camion ; un plan pas désagréable visuellement mais partiellement gâché par un figurant en chaussette qui fixe et suit la caméra du regard comme un lapin pris dans les phares.. Bon il m'en reste un peu plus je vous le met quand même ??? Ok je continue; on a un mannequin de supermarché qui traverse un pare brise en perdant sa perruque, un type assis sur une chaise qui joue la musique du film à l'harmonica façon Sergio Leone du pauvre, des trémolos de saxophone dans la bande originale et quelques dialogues surréalistes de connerie comme le très abscons " La curiosité peut planter cher ".


Alors tout n'est pas non plus totalement foireux dans le film de Pierre-William Glenn (quoi que ??) à commencer par le look des camions qui est plutôt convaincant en particulier le monstre conduit par Johnny mais également le camion invisible du moins lorsqu'il est à l'écran (oui c'est logique). Même si elle n'a pas trop de justification dans un scénario parfois très obscur , le film comporte également une scène aussi étrange et poisseuse qu'hallucinante avec des gamins mutants geignards et dégueulasses suspendus comme des quartiers de viande dans une remorque de camion. Pour le reste on soulignera une nouvelle fois la prestation correct de Karen Allen et après c'est circulez y-a plus rien à voir, terminus tout le reste est chiant.


Terminus va pouvoir avec le temps gagner tranquillement ses galons de nanar absolument culte, le film qui confond assez systématiquement ambition et prétention possède cette aura magnifique des cons triomphants qui se pensent plus intelligents que la moyenne.

freddyK
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le 6 nov. 2020

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