Spoiler alert en musique !


A l'image du plan des crânes enfouies dans le sable, lavés par les vagues, qui ouvre le film, Dark Fate avait pour objectif de dépoussiérer une saga qui était tombé bien bas après un Genysis indigeste. Pour ce faire, Tim Miller a opté pour la formule Force Awakens. En effet, en y réfléchissant, on constate à quel point les deux films sont similaires : il s'agit de suites de films cultes, sortis il y a quelques trentaines d'années (on notera, au passage, que le même nombre d'années séparant ces films de ceux auxquelles ils font suite, sépare les événements qui y sont narrés), mettant en scène le cast original et qui reprennent les grands lignes des précédents métrages. À l'instar de l'Episode VII de Star Wars, le nouveau Terminator est donc une suite hybride car il s'agit, en réalité, d'un remake d'un précédent volet de la saga auquel il appartient, le deuxième en l’occurrence : entre le terminator qui semble invulnérable et qui s'en prend directement à la figure de l'Espoir du futur dans la lutte contre les machines, les retrouvailles choc entre Sarah Connor et le terminator Schwarzenegger ou encore la résolution du face à face final quasi identique à celle de Judgement Day, les idées originales se font rares. Pire, Dark Fate ne se prive pas de piocher dans d'autres films tels que Sicario avec le contexte géologique du Mexique et la séquence de la traversé, en toute clandestinité, de la frontière, Inception avec le combat sans gravité ou encore Toy Story 2 avec la séquence à l'aéroport.


Oserais-je maintenant m'aventurer sur le terrain des incohérences ? J'ai bien peur que cela soit inévitable car si Skynet n'a jamais existé, John Connor ainsi que les terminators envoyés par l'intelligence artificielle diabolique à différents moments de la vie du futur leader de la Résistance, sont, eux aussi, censés n'avoir jamais existé. La raison pour laquelle j'estime que le final de la version cinéma de Judgement Day est réussi s'explique justement en raison du fait que l'on ne sait pas ce qu'il advient du personnage d'Edward Furlong : la route défile, la voix off de Sarah Connor résonne et le générique commence, laissant à penser que John a disparu de la surface de la Terre (étrangement, on retrouve cette idée dans Dark Fate lorsque Sarah confit qu'elle n'a jamais pris son fils en photo pour mieux le protéger). Partant, voir John Connor se faire tuer au début du film, le temps d'une scène se déroulant après les événements du deuxième volet de la saga, m'a grandement déçu. De même avec le terminator Shwarzy qui a su fonder une famille après avoir accompli sa meurtrière mission qui n'a jamais été donnée et qui avait pour victime une personne qui n'a jamais existé (juste histoire de bien enfoncer le clou). Le traitement qui lui a été réservé a eu le don de me faire beaucoup rire mais, après réflexion, il se veut assez cohérent avec le discours final de Sarah Connor mentionné plus haut ("for if a machine, a terminator, can learn the value of human life... maybe we can too."), discours que l'on retrouve ici lorsque le terminator retraité explique qu'il aime sa compagne à sa manière. D'ailleurs, il est intéressant de noter qu'il incarne de nouveau une figure paternelle, bien que cela ne soit pas développée ici.


Néanmoins, malgré les différentes choses qui m'ont dérangé, évoquées ci-dessus, je n'ai pas du tout subi le visionnage de Dark Fate. Une fois rentré dans le vif du sujet, il s'agit d'un film d'action intense, sans trop de temps morts, dans lequel les poursuites s'enchaînent à la pelle (à pied, en voiture, en hélico, en avion... on est servi !). De plus, j'ai plutôt bien apprécié le traitement réservé à Sarah Connor qui n'est pas sans rappeler celui d'Han Solo dans The Force Awakens, pour reprendre la comparaison commencer le plus haut : elle prend part au combat car elle se sent personnellement concernée mais elle est, dans le même temps, mise en retrait car ce n'est plus après elle que les terminators en veulent mais à une nouvelle John Connor, Dani Ramos. La concernant, l'écriture du personnage est très classique et je ne suis pas parvenu à m'y attacher. En outre, on reprend le même schéma que celui appliqué dans les deux premiers films avec un terminator et un protecteur envoyés du futur, à la différence près que, cette fois, c'est une femme qui se charge de protéger la cible : après que le rôle du robot tueur ait été tenu par Kristanna Loken dans Rise of the Machines, c'est ici Mackenzie Davies qui joue le rôle du chevalier blanc amélioré (il m'a été difficile de ne pas penser à Blade Runner 2049 en entendant Sarah lui dire ""I've never seen one like you before... almost human") et qui s'en sort convenablement bien que je n'ai pas été complètement convaincu par ses scènes d'actions, qui m'ont paru assez laides. Sa back story n'est pas non plus des plus recherchée mais elle permet de revenir à des choses semblables à ce que proposait Terminator: Renaissance le temps de quelques flash back ou forward en fonction du point de vue que l'on prend. Quant au terminator Luna, je l'ai globalement trouvé convaincant, bien qu'il s'agisse d'une copie un peu trop identique du T-1000 de Judgement Day et que j'aurais voulu en savoir plus sur sa capacité de dédoublement qui m'a fait penser, dans une certaine mesure, à la relation unissant Kerry et Cary de la série Legion (le hasard a fait qu'il s'agit du nom du nouveau Skynet).


Enfin, en ce qui concerne la fin du film, celle-ci est très similaire à celle du premier Terminator et peut donc donner lieu à des suites comme le laisse à entendre les propos de James Cameron, l'idée avancée étant que Dark Fate conclut la première trilogie tout en lançant une autre (une saga en cinq épisodes, du coup) plus focalisée sur le rapport entre l'intelligence artificielle et l'Homme, suivant ainsi les pas de Ridley Scott avec sa saga Alien. Le parallèle peut même être poussé encore plus loin car un projet de faire une seconde suite à Aliens, qui a, pour rappel, été réalisé par ce cher Cameron, a été pendant longtemps envisagé : le pas est ici franchi avec ce sixième volet qui, en raison du fait qu'il occulte pas moins de trois films de la saga Terminator, s'apparenterait presque à un reboot, accentuant le caractère hybride de cette suite. Après, contrairement au premier volet de la troisième trilogie du space opera de George Lucas, les personnages introduits dans Dark Fate ne sont pas des plus intéressants (sans compter que la plupart d'entre eux ne font pas long feu). Partant, l'idée de faire une suite ne suscite, pour l'heure, aucune attente particulière, si ce n'est que j'espère que les prochains films innoveront par rapport à ce qui a été fait précédemment, chose que Dark Fate n'a, manifestement, pas cherché à faire.


En somme, cette seconde suite de Judgement Day est meilleure que les films de la saga qu'elle ne prend pas en compte et un condensé d'action qui n'est pas exempt de défauts mais qui remplit sa mission première, qui est de divertir (et puis on ne va pas bouder le plaisir de retrouver Linda Hamilton et Arnold Schwarzenegger face à face) ! 6/10 !

vic-cobb

Écrit par

Critique lue 331 fois

4
4

D'autres avis sur Terminator : Dark Fate

Terminator : Dark Fate
Behind_the_Mask
6

¿ Si senior ?

Les gardiens du temple vous diront sans doute, depuis Le Jugement Dernier, que la saga Terminator, c'est plus trop ça. Ou le jugent comme tel, du moins, en forme d'affirmation péremptoire. Alors même...

le 26 oct. 2019

56 j'aime

7

Terminator : Dark Fate
Sullyv4ռ
2

Il n'y a pas de destin mais... Faudrait peut-être arrêter de se foutre de notre gueule 5 minutes !

Honnêtement je ne pensais pas voir ce film, la bande annonce avait suffit à me décourager de le découvrir en salle, mais je me suis dit qu'il faudrait que je découvre le massacre tôt ou tard, donc...

le 12 nov. 2019

52 j'aime

14

Terminator : Dark Fate
Buddy_Noone
2

L'histoire sans fin ?

L'ennui avec la franchise Terminator c'est que ses propriétaires successifs refusent de la laisser mourir. En 1991, la conclusion de Terminator 2 Le Jugement dernier n'appelait pas vraiment de...

le 17 janv. 2020

38 j'aime

8

Du même critique

Stranger Things
vic-cobb
7

Picture an acrobat standing on a tightrope...

Je n'ai jamais été fan d'E.T., mais j'avais regardé la bande annonce de Stranger Things par curiosité (après tout, c'est une série Netflix) bien que la série était d'ores et déjà comparé au film de...

le 19 juil. 2016

26 j'aime

Vivarium
vic-cobb
6

Quatre murs et (un) toi(t)

Malgré l'absence de renard dans le paysage, on ne peut s'empêcher de penser à Foxes en regardant Vivarium tant le cadre du court-métrage et celui du deuxième film de Lorcan Finnegan sont identiques :...

le 28 mars 2020

24 j'aime

1

Manifesto
vic-cobb
9

L'Harmonie du Chaos [critique de l'exposition]

La bande annonce de Manifesto m'avait grandement intrigué et c'est avec une certaine surprise que j'appris qu'il s'agissait en fait d'une exposition (le film devrait sortir un jour prochain) ...

le 5 mars 2017

24 j'aime

1