James Cameron et la symbolique lourdingue de l'avenir du futur.

Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" édition "C'est sûrement de la merde, mais il faut bien essayer"



Intro Interminable



Mardi: J'arrive pas à me lancer


Bon, alors, j'ai TROIS GROS PROBLÈMES.



  • Le premier, c'est que j'ai fait une liste d'une centaine de films que je compte voir. Il y a des trucs qui me font envie et d'autres moins, mais c'est "histoire de me faire une idée." Et je fais partie de ce genre de gens qui s'ils ont fait une liste n'aiment pas sauter un point : si le prochain film est un film que j'ai pas trop envie de voir, je dois me forcer à le regarder. Or, le prochain c'était Terminator 2.

  • Le deuxième problème, c'est que j'aime pas les films de James Cameron. Je les trouve sur-estimés et au mieux je fais "mouaif, c'était sympa sans plus" au pire je fais "purée, mais c'était pas terrible." Je trouve ses films assez clichés, relativement bourrins ou laborieux. Ses films sont souvent très premier degrès, assez "américaniste" dans leur façon de faire, avec des personnages pas très engageants.

  • Le troisième problème, c'est que le net n'est absolument pas de mon avis. Aux yeux de beaucoup James Cameron, c'est un Dieu et tout ce qu'il a fait c'est de l'or. Et quand je dis que J'AIME PAS, d'un seul coup cela déclenche des tonnes de polémiques et de commentaires du style "mais comment tu peux dire ça, c'est génial" etc...


Ainsi, RIEN que le fait de dire que la perspective de voir Terminator 2 m'enchante tout autant que de me torcher le cul avec du papier de verre à provoqué DÉJÀ plusieurs disputes. Une ne serait-ce que dans la page de "ma liste personnel des films que je dois voir mais que je pense ne pas aimer", l'autre avec mes camarades sur Skype. Il a suffit que j'en parle pour que la discussion glisse vers Aliens (que je trouve moins inspiré que le reste de la quadrilogie Alien et hollywoodisant de manière presque mysogine le personnage de Ripley) pour que cela engendre une dispute se finissant par un "de toute façon, avec toi dès qu'on aborde le sujet de James Cameron on peut plus parler."


Donc voilà, je m'attendais qu'après avoir donné mon avis sur Terminator 2, mes followers sur Twitter allaient chûter, j'allais être black-listé de twitter et les gens allaient numériser leur crachat pour me l'envoyer par e-mail.


J'avais donc repoussé mon visionnage...


Mercredi : J'arrive toujours pas à me lancer


Bon, faut bien que je le mate ce film. Putain, ça ne doit pas être la mer à boire, j'ai déjà vu plusieurs trucs estampillés "Terminator" dans ma vie.


Déjà, le Terminator premier du nom. Un film dans lequel Arnold Schwarzenegger était un robot du futur chargée de tuer une nana nommée Sarah Connors. Ça se regardait sans trop de déplaisir même si le scénario était loin d'être du shakespeare et avait un côté "série B" avec son robot tueur qui tue des nanas parce qu'elles sont des homonymes de sa cible.


Ensuite la série télé The Sarah Connors Chronicles. J'avais regardé le pilote par hasard et je m'attendais à un truc nanardisant basé sur le principe de "chaque semaine, John Connors et sa mère doivent échapper à un robot venu du futur." Et puis, j'ai fini par le regarder au premier degrés. En fait, c'était pas si mal, surtout en saison 2 lorsque ça commence à devenir plus complexe avec une histoire de camps de gens venus du futur et la chanteuse de Garbage en robot qui cherche à comprendre l'esprit humain.


Non, parce qu'on va pas se cacher derrière notre petit doigt : l'univers de Terminator c'est pas non plus foufou en terme de SF. C'est avant tout des robots méchants qui combattent des humains gentils. Parfois ils sont aidés par un humain du futur ou un robot reprogrammé pour être gentil, mais ça va jamais très loin dans la complexité. Et le cliché des robots qui veulent se rebeller contre les humains est VIEUX ! Lorsque Isaac Asimov écrit la nouvelle ''Robbie'' c'est parce qu'il en a marre de ce cliché... et nous sommes en 1939 !


Jeudi : En fait j'ai peur.


Un sentiment angoissant se pose sur moi à chaque fois que je songe à regarder le film. Comme si donner mon avis sur ce truc allait engendrer une spirale folle qui allait me mener vers la déperdition. Du coup, je fais autre chose : j'avance sur des projets ou je regarde d'autres trucs.


A partir de là, j'ai oublié de faire la suite du journal.


Il s'est passé deux voire trois semaines. Et puis, un soir, en rentrant de soirée, alors que j'étais bien imbibé, j'ai finalement franchit le pas et me suis maté les 30 premières minutes du film. Ce film ne m'engageait TELLEMENT PAS qu'il a fallut attendre que je sois ivre pour commencer à le voir.


Et donc, mon avis au final ?



En tant que sujet d'étude :



Terminator 2 est le film qui avait été donné en exemple de l'émission "Pendant les travaux le cinéma reste ouvert"pour sa thématique "Le cinéma d'action doivent-il aller encore plus vite ?" Et c'est clair que pour aller vite, ça va vite, avec pas mal de scènes de courses poursuites et des moments d'actions qui ne laissent pas le temps de souffler.


A vrai dire, à le regarder, ce film à donné le "la" de la production des films d'actions et de blockbusters hollywoodien dans les années 90 et ce pour le meilleur ou pour le pire. D'abord, l'esthétique réduite à des teintes très marquantes : le film est essentiellement orange (la ville, le désert, la fonderie) et bleu (la maison des Dysons, son bureau, les couloirs de l'hopital psychiatrique.) Ensuite pas mal de scènes d'actions très nerveuses mais très lisibles. L'apparition d'effets spéciaux numériques très coûteux en image de synthèse (au point que ceux-ci deviendront L'argument n°1 des films durant cette période.) Et enfin, une histoire réduite à son minimum avec des "personnages-fonctions".


Le film va donné un peu le coup d'envoi de tout un tas de blockbuster assez "bourrin" : Independance Day, les films de Michael Bay (je pense à The Rock) ou de John Whoo et pas mal de films dont l'intérêt ne repose que sur un principe simple et facilement compréhensible : allant de Speed (chouette) aux Ailes de l'Enfer (moins chouette...) Il influencera aussi pas mal le jeu vidéo, notamment les premiers Resident Evil, avec ses passages où l'on tente de fuir une créature apparemment indestructible.



Mon avis personnel :



Mon avis est... que j'ai du mal à me faire un avis. En le regardant, j'ai eu l'impression d'avoir DÉJÀ vu ce film, et je savais tout ce qui allait se passer à l'avance. Je ne sais pas à quoi c'est dû : Est-ce que le film est incroyablement prévisible (à l'image de mon visionnage d'Avatar) où est-ce parce que j'ai vu tellement d'extraits, de parodies de ce film (en plus d'avoir vu le film qui précède et la série qui succède) qui font qu'au final, je connaissais déjà l'histoire. A évoluer dans un milieu geek il y a forcément des références que tu bouffe.


Dans le fond, j'ai bien aimé (d'où ma note globalement positive) parce qu'il remplit son contrat : on vient voir un film d'action bien foutu et on est pas trompé sur la marchandise. C'est pas illisible, c'est très carré et la technique est impeccable. (Cameron est un technicien avant tout.) Le rythme du film est bon (pas comme cette purge d'Abyss ...) et on voit pas passer les deux heures de film. Et les effets spéciaux.... ok, on voit que c'est du morphing et de l'image de synthèse. Mais ils restent encore franchement correct et je pense que si on les change pas, d'ici dix ou vingt ans ça rajoutera au charme très "90's" du film.


J'aime aussi le casting même si c'est assez paradoxal puisque Schwarzenegger et Robert Patrick semblent bon car.... ils n'affichent aucune expression. Après, ils font le travail sans cabotiner et Linda Hamilton, elle aussi, gère bien son truc. Ceci dit, comme souvent chez James Cameron, j'aurais du mal à dire que les personnages étaient profonds et je reste complètement extérieur aux protagonistes, souvent réduits à une ou deux fonctions.


Je m'aperçois que si j'ai de la sympathie pour les deux protagonistes humains, c'est essentiellement à cause de la série télé qui avait réussi à donner un peu d'épaisseur psychologique à John et Sarah Connors : Parce que mis à part dans une scène dans le désert où il réussi à être touchant, John est souvent réduit à être cet ado des années 90 qui fait ses trucs de pseudo-rebelle avec un parlé "cool." Tandis que Sarah est cette femme-badass-mais-elle-fait-tout-ça-pour-son-gosse. De façon très hollywoodienne, ici (et c'est un problème que j'ai avec Aliens) le personnage féminin principal ne s'accomplit pas en tant qu'elle même ou POUR elle même, mais à travers son gosse ou la protection de son gosse. Chez James Cameron, c'est comme chez Yves Rocher : les femme sont des mamans avant tout.


D'ailleurs on a toute une symbolique plombante du style "il faut protéger les enfants parce que c'est notre avenir et sans avenir on a pas de futur" que ce soit à travers la bombe atomique qui explose dans un jardin d'enfant, les gosses qui se battent sur le parking (montrant que "la violence est dans la nature humaine" merci captain obvious) et on comprend que le scientifique Dyson est gentil parce qu'il a une femme et des enfants.


Le film a beau être PG13, on est, dans le fond, sur des valeurs très consensuelles, très américaines où les gentils pensent avant tout au futur, ne tuent pas vraiment, visent juste les pieds et peut-être la moelle épinière (parce que bon, t'es en fauteuil roulant, mais au moins t'es vivant.) Le film ne dénonce rien et n'égratigne rien et on parle aux robots du sens des larmes parce que "pleurer ça fait de nous un humain." C'est un film pour enfant avec une esthétique violente de film pour adulte. (Mais c'est loin d'être le seul.)


D'ailleurs, je ne sais pas si c'est la VF ou si c'est comme ça de base, mais j'ai trouvé les dialogues assez faibles. Seul les moments où John Connors parle avec le T-800 sont drôles, le reste est juste formel, ou bourré de poncifs, la palme étant remporté par la voix-off de Sarah Connors, à mi-chemin entre le grandiloquant et le captain obvious. On sent que les traducteurs se sont pas foulés et n'ont pas essayés de rendre crédible le jargon technologique traduisant à l'arrache les termes techniques d'informatique. (Promis, j'arrête de voir des films en VF.)


Allez, bon, pour un film que je dis avoir bien aimé, je m'aperçois que j'en dis du plus de mal que de bien. Et je ne vais pas pinailler sur les quelques incohérences que j'ai vues (je suppose que pas mal de gens se sont demandé pourquoi le T-1000 garde Sarah Connor vivante à la fin au lieu de la buter et de se changer en elle) les détails énervants (ces figurants qui ne voient une menace que lorsqu'elle est à 1mètre sous leur nez) et le fait que le film suive la même trame que le premier.


Si, je vais en rajouter un truc qui m'énerve : ce sont les gens qui trouvent à ce film un côté "visionnaire" qu'il n'a jamais eu. Dès qu'il y a des gros conglomérats façon Google ou Facebook qui commencent à menacer nos libertés individuelles ou une technologie qui , on en trouve des fois pour dire que "Holalalalala, Skynet arrive, ce film l'avait prédit." Nope. En fait, Skynet tel que décrit par la saga Terminator est suffisamment vague pour qu'on puisse y mettre ce qu'on veut derrière : les robots, les multinationales, les militaires, etc.... Bref des tonnes de choses qui existaient déjà depuis dix ans au moment de l'écriture de ce film (les militaires utilisent la technologie pour renforcer leur armée ? Les multinationales essayent d'accroitre leur pouvoir ? Sans blaaague ?) Mais ça n'est pas un problème du film en soit. Juste de ceux qui lui trouve une profondeur qu'il n'a pas.


Bref : C'est sans doute le meilleur film de James Cameron que j'ai vu jusqu'ici : J'ai bien aimé les scènes d'actions, l'histoire tiens globalement la route, par contre, il y a des trucs assez con-con.


Et pour m'envoyer vos crachats, merci de les faire en 80dpi minimum.... sinon on voit pas bien le jaune

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le 3 oct. 2016

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Mad Dog

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