En dix minutes à peine, le spectateur retrouve le Terminator précisément là où il l'avait laissé en 1984 : en bécane et blouson de cuir, débordant d'autorité, armé d'un fusil et de... lunettes de soleil. Sa première apparition renvoie d'ailleurs, par analogies, au précédent opus : des détritus balayés par le vent à même l'asphalte et des salves soudaines d'éclairs. Cette impression de mimétisme, qui caractérise les premières minutes de Terminator 2, sera encore accentuée par une rixe inaugurale se déroulant dans un bar. En réalité, c'est toute la colonne vertébrale du premier film que James Cameron se réapproprie, avec cependant une différence de taille : cette fois, le T-800, reprogrammé par la Résistance, a pour mission de veiller sur John Connor, le fils de Sarah, et non plus de préparer en amont, par un assassinat ciblé, la décimation de l'espèce humaine.
Toujours incarné par un Arnold Schwarzenegger marmoréen, le cyborg autrefois qualifié d'« indestructible » doit désormais croiser le fer avec un robot plus perfectionné, polymorphe et auto-réparateur, le T-1000, campé par un Robert Patrick constamment affligé d'un air contrarié – mais charismatique à souhait. L'animation 3D et la technique du morphing, combinées à une mise en scène au cordeau, permettent à ce blockbuster de science-fiction de distiller plusieurs séquences à couper le souffle : le T-1000 jaillit littéralement du sol, se lance dans des courses folles, se remodèle à l'envi, se liquéfie pour pénétrer dans des espaces clos, explose ou se fend avant de se reconstituer comme si de rien n'était...
Plus rythmé que son prédécesseur, supérieur en inventivité comme en spectacle, Terminator 2 conserve en outre cet humour pincé et distant condensé en quelques plans et répliques : un bref regard connoté vers un mannequin argenté, un androïde increvable mis à la solde d'un adolescent turbulent, des formules laconiques subtilement introduites (par exemple, le « Il vivra » succédant à un engagement du T-800 de ne plus recourir au meurtre) ou encore un processus d'intégration du Terminator passant par l'apprentissage saugrenu du « Give Me Five » ou d'expressions telles que « Reste cool », « Sac à merde » ou « No problemo ». Enfin, pour ne rien gâcher, d'une façon certainement plus substantielle qu'il n'y paraît, cette suite s'ouvre aussi à des questions filiales chargées d'affects, associant un fils abandonné et déçu à une mère diagnostiquée démente, internée contre son gré – et la logique médicale – dans un hôpital psychiatrique.
Critique à lire dans Fragments de cinéma