Christopher Nolan est probablement le cinéaste le plus hitchcockien que je connaisse (certains diront kubrickien) au sens où grosses productions hollywoodiennes ne sont pas pour lui incompatibles avec exigence et ambition d’auteur. Capable du meilleur depuis Memento (et Insomnia) avec les deux premiers Dark Knight (le troisième tenant déjà plus du pétard mouillé), mais surtout avec Dunkerque, chef d’œuvre de mise en scène au service d’un fait historique simple, l’évacuation alliée de Dunkerque en 1940.
Or Christopher Nolan est aussi capable du pire, ou disons du nettement moins bon, en imaginant des blockbusters ultra-complexes du genre Inception (espionnage dans le subconscient) Interstellar (odyssée dans l’espace et le temps) et désormais Tenet (mission à rebours temporels). Non pas que ce cinéma-là, qui pose évidemment plus de questions qu’il n’apporte de réponses, ne soit passionnant à suivre (les intrigues nolanniennes sont souvent captivantes) mais dont le spectateur est régulièrement renvoyé à sa place (de spectateur) toujours en train réfléchir à ce qu’il regarde, et pour ainsi dire jamais embarqué dans l’histoire. Le cerveau s’active, certes, mais question émotions, et surtout sensations, que dalle ! Les meilleurs acteurs du monde auront beau être excellents, ceux de Tenet le sont, le dédale scénaristique est si paradoxal qu’il en devient totalement absurde et souvent contre-productif (à l’image de cette baston dans un couloir ou de cette course-poursuite avec véhicule à rebours). Bref, tout ça donne lieu à anti-spectacle long, répétitif... et assommant !
Même le brillant compositeur Ludwig Göransson est parvenu à faire pire que son prédécesseur Hans Zimmer dans le genre ronflant à mort, alors qu’il ne se passe strictement rien à l’image, c’est dire.