Dans les années 1920, en Suisse, un psychiatre s'éprend d'une femme qui est sa patiente. Celle-ci étant très riche, il va vivre à ses crochets dans le luxe du sud de la France, en s'écartant peu à peu de son métier. Jusqu'à ce que les névroses de cette patiente, devenue son épouse, vont peu à peu déteindre sur lui.


Longue de près de cinquante années, la florissante carrière de Henry King s'arrêtera avec ce film, qui est un mélodrame luxueux, fastueux, mais où tout n'est qu'apparence. Ce psychiatre, joué par Jason Robards, va devenir un mari, mais aussi la personne qui va s'occuper d'une seule personne, son épouse. Dans un dialogue, elle dit qu'elle est guérie tant qu'il est là, et on comprend que son mal vient d'un souvenir d'enfance, où l'inceste est fortement suggéré. Ce qui, en 1962, est suffisamment rare pour être signalé. Ce luxe dans lequel il va s’enivrer n'est qu'un miroir, une illusion, mais dans laquelle il va vouloir vivre, jusqu'à ce que la réalité du métier le rattrape et qu'il va devenir en gros prisonnier de son engagement marital, de l'alcool qu'il consomme allègrement, pour au fond se perdre et quitter les amarres pour rejoindre de la plus cruelle des façons la réalité.


Le film est un peu long, près de 2h30, car on sent que certains éléments sont étirés à l'envi, à l'image de la fin qui en est interminable, ou que oui, le personnage de Jason Robards boit, fait la fête, boit, fait la fête et ainsi de suite... Je ne connais pas le livre éponyme de Fitzgerald, mais il évident qu'au moins deux personnes sont sacrifiées dans l'adaptation ; Tom Ewell en ami alcoolique qui est ici montré un élément comique ou Joan Fontaine en blonde platine qui incarne la soeur de Jennifer Jones et qui serait une sorte de garde-fou. Mais malgré ça, il y a cet amour évident qu'on voit entre les deux personnages, l'une voulant en quelque sorte son psychiatre à portée de mains et ce dernier le confort matériel qu'elle lui apporte, au risque de ne plus exercer son métier.


On sent que Henry King a disposé des gros moyens pour rendre cette illusion de richesse crédible, et avec deux excellents acteurs, dont on voit peu à peu les rôles s'intervertir. Non seulement le titre français, prononcé par Tom Ewell, est très beau, mais le film aussi.

Boubakar
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le 31 janv. 2021

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