L’enfance est le début du voyage. Le sacrifice en est la conclusion.

Le titre anglais du documentaire nous invite dans un voyage dans le temps.
Si le temps est scellé, il est possible par les images de le traverser.
Toute image n’est pas capturée, ainsi la mémoire est d’une grande importance.

Cependant, le titre original évoque plus précisément le temps d’un voyage, celui de Tarkovski en Italie.
De même, sa filmographie arborait le temps du voyage, celui de la vie, de l’homme naturel qui traverse les saisons.

« Tempo di viaggio » est monté aussi intelligemment qu’un documentaire d’Herzog, mais également romancé comme certaines émissions d’aujourd’hui. Par-là, j’entends que le travail est tel que la préparation en est visible. De toutes manières, il n’est pas un secret que la présence d’une caméra altère le moment présent.

On a ainsi l’impression de voir un film, avec Andrei Tarkovski en tant qu’acteur.
La vision du réalisateur de l’autre côté de la caméra a quelque chose de fascinant, du fait qu’il est pris dans les cadres mêmes qui ont fait son cinéma.
Quel plaisir alors de voir ces zooms, ces doux mouvements de caméra, encadrer l’homme de la situation.
Tarkovski est souvent présent à l’écran, mais ce que j’ai vu était sans cesse des souvenirs de ses œuvres.

Le propos est simple : Andrei Tarkovski et l’écrivain Tonino Guerra se rendent en Italie en repérage pour Nostalghia. Tarkovski aura du mal à s’y retrouver, perdu en l’absence de paysages grandioses et amples. Il devra trouver comment filmer la grandeur dans un endroit resserré, emplie de pierres aussi dures que le temps.
Un voyage dans les pensées du réalisateur s’offre alors à nous. Il cite ses inspirations, ses désirs, ses craintes et admirations, et même ce qu’il pense de ses propres films.
Pour cela, le documentaire est à réserver aux amateurs du maître russe.

Si « tempo di viaggio » n’a rien d’extraordinaire, il réside en lui un rappel.
Celui de sept œuvres réalisées qui n’attendent que d’être redécouvertes.
Sept œuvres uniques, d’une puissance incommensurable.

Le Dieu du cinéma acheva au septième film son œuvre, et il vit que cela était bon. Puis il se reposa.
TheBadBreaker
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le 23 janv. 2015

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