Un des meilleurs films de Claude Berri. Une des plus belles prestations de Coluche, cette fois, dans un rôle dramatique.
Un film noir dans un Paris nocturne et glauque, entre les XVIII et XXème arrondissement.
Le scénario est tiré d'un roman d'Alain Page (que je n'ai pas lu). C'est d'ailleurs ce dernier qui établira les dialogues du film.
Dans un premier temps, un pompiste de nuit, Lambert (Coluche), noie sa solitude dans l'alcool. Il fait la connaissance d'un jeune dealer, Bensoussan (Richard Anconina), et s'essaie à une relation d'amitié. Jusqu'au soir où le jeune se fait tuer sous ses yeux et meurt dans ses bras.
Dans un deuxième temps, Lambert, aidé de la copine de Bensoussan, Lola (Agnès Soral) va chercher à le venger.
Coluche dans le rôle du pompiste est remarquable tant il semble totalement impliqué dans le personnage, en mode d'autodestruction.
Spoiler : On apprendra peu à peu que Lambert est un homme brisé par la vie, par le remords d'une faute qui a coûté la vie à son fils. Mais, comme on le sait bien, on ne peut jamais remonter le fil du temps.
Il n'y a plus rien, ici, chez Coluche, de l'amuseur ou de l'humoriste. Sauf peut-être une ou deux réflexions comme celle sur "les quatre œufs pour faire une omelette" qui pourraient rappeler l'esprit sarcastique du bonhomme. Il est bouleversant d'humanité et de pudeur. En particulier dans ses silences.
Agnès Soral et Richard Anconina font des compositions intéressantes. La première en fille un peu déjantée, punk qui va peu à peu s'émouvoir au contact du personnage de Coluche. À la fin, elle est méconnaissable dès lors qu'elle a accepté d'ouvrir son cœur. Le deuxième en petit voyou dont on comprend rapidement qu'il n'a pas un mauvais fond à travers cette amitié un peu surréaliste entre lui et le personnage de Coluche. Finalement, il s'agit de deux jeunes marginaux qui manquent essentiellement de repères. Tous deux sont très crédibles et touchants.
Reste le personnage interprété par Philippe Léotard en flic chargé de l'enquête dont le comportement est déroutant. Il ne s'en faudrait pas de beaucoup que sa "compassion solidaire" (pas mieux comme expression) ne jette une goutte d'espoir au film. D'ailleurs j'aime me persuader qu'il représente, ici, le Destin permettant un travail de rédemption au personnage de Coluche. Philippe Léotard est un grand second rôle des années 80 que j'ai toujours bien apprécié …
La mise en scène de Claude Berri permet de bien asseoir tous ces personnages dans une ambiance glauque, triste à souhait, dans un Paris sale et pluvieux.
J'aime beaucoup la musique de Charlélie Couture qui donne une vraie teinte très blues au film.
Un grand film noir français.