Je tente pas le jeu de mot avec "Gastambide"...

Que signifient nos notations finalement ? Visions objectives après la vision d'un film, pur avis spectatoriel ou un peu des deux ? Notons nous le film pour ce qu'il est ou l'expérience qu'on a vécu ?
Ça dépend des fois, dirons nous. Ce ne sont en tout cas que de simples traces qui n'expriment qu'un ressentit personnel mais pas objectif à un moment donné.
Mais on y reviendra, il ne s'agit pas totalement de ça ici mais bien d'un film, et quel film mes aïeux. Il arrive un moment où quand on ne sait pas quoi penser d'une œuvre (l'emploi de ce mot ici me fait un peu mal au cul...), on écrit, on taille notre avis de sorte à ce qu'il paraisse clair et on essaye de comprendre de quoi il s'agit vraiment.
Revenons d'abord à la source. La naissance du mal. En terme d'attente, à l'annonce du projet d'une suite à Taxi j'ai oscillé entre le "battage de couilles complet" et le "bwarf, pourquoi pas...". Au dévoilement de la bande-annonce je me suis pris à rêver d'un véritable nanar pur jus, taré autant que con, mauvais autant que drôle. Bref, un film scénarisé par Luc Besson (ça va, ça va calmez vous, ne dislikez pas tout de suite...). La BA si elle ne révèle jamais la qualité d'un film met sur la voie et il faut dire qu'elle est, dans son genre, pas mal surréaliste; mal montée, dans un délire hasardeux indescriptible (les voix-off sont aux fraises complet...), qui semble tout montrer du film dont la prestation merdique du casting principal. En un mot comme en cent, j'étais hypé, j'en aurais pour mon argent.
Est venu le soir où avec une poignée de mes camarades nous avons trouvés une accointance de calendrier. Autant vous dire que j'étais chaud bouillant. La saga Taxi a ça de bien qu'elle propose un peu de tout en terme qualitatif. Pour ma part, le premier volet est une respectable comédie d'action bien rythmée, pas trop mal branlée et au casting tout à fait correct. Le second volet est con à souhait, pas mal raciste, mal foutu et qui commence à verser dans la bêtise humoristique, néanmoins il reste encore digeste. Le troisième ne m'a laissé aucun souvenir, je m'en balance sévère. Le quatrième est un authentique nanar, tout est fou dans le film et le ridicule pointe le bout de son nez très souvent, le rire au second degrés par excellence.
Ici un scénar co-écrit par Besson (qui me remémorait la saga Banlieue 13, étrons improbables de chez "Europacorp"), un troisième film pour Frank Gastambide qui réembauche une bonne partie du casting de sa précédente et pas trop scandaleuse comédie Pattaya me laissait rêveur.


Je vais pas vous bassiner plus longtemps, qu'en est-il de ce nouveau volet ?
Au moment de noter j'ai mis 5/10, la note mitigée pure et dure, j'hésitais entre 1 et 10 pour tout vous dire, quand on sait pas on sait pas.
En fait je n'ai eu ni le nanar que j'espérais, ni le navet que je redoutais et encore moins le bon film qui m'aurait pas mal étonné. Mais presque un peu de tout. Et comme j'aime dire : quand il y a tout dans un film, il ne reste pas grand chose pour le spectateur. C'est bidon, merci, je le sais déjà.


En terme technique le film est aidé (sauvé ?) par un budget "Europacorpiens" qui promet un savoir-faire des techniciens quand même conséquent capable de rattraper les boulettes d'un réal qui verse dans l'amateurisme.
Une mise en scène plan-plan à mort, sans aucunes idées, où la musique d'ambiance est ultra-présente (très proche du format téléfilm ou série genre "Plus Belle La Vie"), le montage : véritable dégueulis surcuté et hasardeux de plans peu inspirés, voire moches. Pourtant la première course-poursuite offre une bonne dynamique (toutefois similaire à tout ce qu'on peut voir ailleurs, notamment chez... Besson évidemment) et quelques plans à la gopro plutôt audacieux, mais l'évidence pointe vite le bout de son nez, une scène d'action a épuisée toutes les possibilités du réal qui nous resservira les mêmes poursuites entrecoupées des mêmes fonds verts immondes à longueur de métrage, imbuvable.
La lumière tout juste au niveau d'un téléfilm ne rend pas honneur à Marseille, magnifique quand bien filmée.
Du reste n'attendez rien du récit. Pas grand chose à dire, le scénario n'est pas non plu un scandale, sorte de buddy-movie policier/Taxi/Comédie d'action, je savais ce que j'allais voir et je ne m'attendais donc à rien de ce côté là. Je n'ai rien eu, je retombe sur mes pieds. A la réflexion on est face à un audacieux mix entre "Bienvenue chez les Ch'tis" et "Taxi 1", ce qui offre de belles perspectives pour l'avenir du cinéma français, je vous laissent imaginer.
En terme comique c'est là qu'est l'os. J'ai beaucoup rit durant le film, c'est indéniable. C'est là un point important.
Le film propose un large panel de gags et de vannes qui ont l'avantage de ne rien se refuser, d'êtres jusqu’au-boutistes et parfois mêmes réussies. On pourra rire bon gré mal gré à des blagues sur la police, Marseille, les obèses, les nains (deux constantes presque auteuriales de Gastambide, très malsaines en toute honnêteté), les italiens, les populations issues de l'immigration, les voitures, les femmes, le sexe, les idiots, les employés de mairie, les politiciens, les films d'actions US, le vomi, le caca etc... la richesse des sujets est à noter bien qu'on assiste à un véritable foutoir où tout les types d'humours se mêlent et s'entrecroisent. Un véritable délire où de la merde gicle sur une ministre, une obèse défonce l'avant d'une voiture, Bengous (keskifou là ce con ?!) gerbe sur un pare-brise... j'en passe et des meilleures.
Mais mon rire était-il franc, premier degrés ? Ou était-ce un pur rire moqueur ? Le genre de rire "oh les cons ils ont osés". Eh bien je suis partagé, j'ai ri de bon cœur aux rapports entre les deux persos principaux, la relation castratrice du super-flic et ses supérieurs, les quelques délires absurdes qui parsèment le film, la séquence avec Ramzy Bédia, les apparitions de Mr Poulpe (qui s'est embourbé dans une belle merde, ceci soit dit en passant) et mêmes quelques blagues qu'on taxerait volontiers de "grossophobe".
Pourtant quand Bernard Farcy ou encore Edouard Montoute en roues-libres partent en impro, quand on nous assène la cinquième vanne sur le nanisme en dix minutes, quand les scènes d'actions deviennent des séquence boulimiques d'effets ressassés et beaufs, quand les comédiens essayent de faire avancer les quelques histoires secondaires (amourettes merdiques, grosso modo) avec leurs jeux d'acteurs dignes de la TV réalité, j'ai eu effectivement ce rire moqueur bien singulier voire même un rire nerveux que les amateurs de nanars connaissent si bien. Là où on reconnait la comédie nanarde c'est quand on rit entre les scènes comiques, là chacun verra midi à sa porte mais certaines scènes, séquences qu'on pourra taxer de "sérieuses" dépassent les limites du bon sens, par exemple la séquence construite autours des flash-back est affligeante de nullité au point qu'elle en devient hilarante.
Derrière la pelletée de blagues débiles (forcément certaines fonctionnent tant elles sont nombreuses) qui cachent bien mal un vide artistique impressionnant on a un scénario (un scénariste...) assez taré pour s'être permis un véritable bras d'honneur au bon sens, à la morale et au bon goût. Et ça c'est autant louable que méprisable. Doit-on reprocher le manque de finesse d'un film qui n'a pour but que d'être qu'une sorte de Kébab cinématographique, apprécié sur le moment vite bouffé, vite préparé et surtout ciblé pour un public très street friand d'action et de blagues vaseuses. Pourtant l'avalanche de gags atteint un niveau qui n'a rien de classique ou de calibré à l'économie. En fait le film est si généreux en terme de vannes qu'on a envie d'en vomir, honnêtement à la fin du film (j'ai pas sentit une larme sur ma joue mais...) j'étais épuisé, vidé de toute mon énergie comme rarement auparavant (Vidocq peut être, qui m'avait assommé, mais faut voir le morceau) et sûrement, avais-je aussi perdu quelques neurones au passage.
Ainsi je suis partagé entre consternation et plaisir coupable. J'ai passé des bons moments de rire avec le film, des bons moments de rire tournés contre le film, des mauvais moments à cause de la débilité du film. Un tourbillon d'émotions contradictoires que je ne parviens pas à cerner totalement. L'expérience à été à la fois bonne et mauvaise et j'ai à la fois aimé et détesté le film.
Suffisamment irrespectueux et délirant pour que ça me plaise, trop con et miteux pour que j'apprécie totalement.
Une partie du cast s'en sort (Benthala plutôt doué pour la comédie, Gastambide parfois bad-ass, Salvatore Esposito qui est passé à pas grand chose d'être charismatique, Sabrina Ouazani excellente et sublimissime actrice que j'apprécie tout particulièrement mais tristement et extrêmement mal utilisée dans des tas de navets récents) l'autre partie fait du grand n'importe-quoi, n'est pas dirigée et se ridiculise complétement (Farcy, Montoute, Anouar Toubali et les autres...).
A l'image de la bande-son tirée du film (jusqu'alors excellente dans la saga Taxi) qui oscille entre des morceaux réjouissants et des merdes commerciales vite branlées (Gastambide donne au moins un peu de crédit à la culture rap bien qu'il ne lui rende pas honneur...).


Bref, vous l'aurez compris chers lecteurs, cet écrit est expiatoire. Le morceau ne passe pas.
Je n'arrive pas à le classer et ça me fait pas mal chier. Peut-être me suis-je trop longtemps éloigné de notre production comique nationale ? Voilà pourquoi un pataud 5/10. Voilà pourquoi des jours après avoir vu ce film je me questionne. Sur tout un tas de sujets : l'avenir du cinéma, du public des cinémas, de la saga Taxi, du cinéma populaire en général, sur moi-même et même Macron (sûrement coupable de tout ça dans le fond...), c'est dire.
Le temps aidera et saura me dire si oui on non nous sommes face à un authentique nanar d'action claqué à la française, un pur navet déficient ou juste un film passable mais un peu sot.
Du reste je ne puis m'empêcher de vous conseiller de le voir (mais pas au cinéma hein, ça ne vaut pas le coup non plu, surtout donner du fric à ces genres de voyous sincères), c'est une vraie expérience, un challenge, du jamais-vu, du surréalisme non-conscient, de l'agression intellectuelle, un cadeau d'enfant abrutit, un film d'un richesse et d'une pauvreté improbable (ce n'est même pas une oxymore...), un peu tout, un peu rien.
En tout cas, pas un bide, pour reprendre mon titre, à peu près aussi con que ce film.

GISMO-PROD
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le 14 avr. 2018

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