Tintin au Congo : Le film

Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" édition "C'est sûrement de la merde, mais il faut bien essayer"

Scénario :
Jane et son papa sont en Afrique pour trouver exploiter le cimetière des éléphants. Ils tombent sur Tarzan. Tarzan enlève Jane. Jane se barre. Tarzan la reprend. Ils tombent amoureux. Jane repart avec l'expédition.

Ils se font enlever par des pigmés nains maquillés en noir. Cheeta prévient Tarzan. Tarzan rameute des éléphants qui défoncent les nains maquillés en noir et leur village. Salement amoché, le père de Jane meurt peu de temps après avoir trouvé le cimetière des éléphants. Jane reste avec Tarzan.

F.I.N.

En tant que sujet d'étude :

"Tarzan l'homme singe" est le film que je m'étais donné pour analyser "les films de Tarzan." Comme tout le monde, j'ai dû en voir un ou deux, mais j'étais curieux d'aller à la source.

Ce Tarzan de 1932 est un peu considéré comme le "Tarzan matriciel" qui bien plus que le roman de Edgar Rice Burrough ou les 6 films muets qui l'ont précédés, a donné lieu à tout un tas de clichés sur le personnage. Johnny Weissmuller incarne cet homme très musclé, imberbe, gentil mais un peu bébête qui parle aux animaux de la jungle et toutes les versions suivante tenteront de lui ressembler. Le film invente le personnage de Cheetah (sans doute la créature la plus attachante du film) ainsi que le cri caractéristique du personnage, mélange de Yodeli Suisse passé à l'envers. A une époque où bidouiller les sons était quand même hyper complexe et où ce genre d'artifice passait pour dingue.

Mais en dehors de ça, je me suis retrouvé surtout devant un films de type pré-code Hays (comme King Kong ou Scarface) avec une Jane assez délurée, qui fait pas mal de gros sous-entendu graveleux, et une violence qu'on verra peu par la suite. Tarzan n'hésite pas à massacrer des animaux voire des porteurs de l'expédition du père de Jane et à un moment on se demande si ça ne serait pas lui le méchant. (Ça ferait une très bonne idée de film ceci dit.) Mais bon, le film montre bien que les "chairs à massacre" sont surtout les porteurs (ou esclaves ?) noirs, chacun d'entre eux finissant par mourir dans les embuches de la jungle (falaise, lions, crocodiles, attaques de Tarzan, Gorille, etc...)

Car, oui, nous sommes dans un film raciste. Ou colonialiste, si vous voulez. Le film n'échappe même pas à la phrase qui dérange, Jane faisant bien remarquer que Tarzan est blanc "comme eux" et que donc, il ne peut pas être méchant. Le film est contemporain de Tintin au Congo et montre sans honte la façon dont on voyait l'Afrique, comme une terre reculée dont ses habitants ne sont que des sauvages.

Les futurs versions de Tarzan commencent en règle générale sur l'enfance du jeune homme, sa vie en tant qu'orphelin élevé par les singes, et les membres de l'expédition sont souvent vus comme des intrus menaçant l'équilibre de la jungle. Ici on commence sur l'expédition, Jane qui s'incruste (avec 6 tonnes de valises, lol) le père de Jane qui dit qu'il déteste l'Afrique et sur l'observation de membres des différentes tribus qui sont proches du campement.

Il y a un côté "exposition coloniale" assez malaisant à plusieurs moments et le fait que les ultimes méchants soient des nains recouverts de noirs dont l'unique motivation semble de jeter des gens dans un trou où se trouve un gorille en dit assez long. Idem pour le traitement des animaux : on tire sur les hippopotames, Tarzan tue deux lions à main nues, on hésite pas à trancher la gorge d'un gorille ou à se dire que si un Éléphant est en train d'agoniser c'est une aubaine car on pourra le suivre jusqu'au fameux "cimetière des éléphants." D'ailleurs, la découverte du cimetière est vue comme une "bonne chose" puisque l'acolyte du père de Jane va faire fortune en revendant l'ivoire des cadavres. Niveau "massacre gratuit d'animaux" et "pillage des ressources de l'Afrique" on est tout à fait raccord avec l'époque.

Mon avis personnel :

Le problème dans ce film, c'est qu'on s'y emmerde quand même pas mal. Et pour le coup, moi qui avait regardé King Kong (sorti un an après) le mois dernier, j'aurais presque envie de réhausser la note que j'avais pu donner au film, qui même s'il partage un scénario rachitique à la bonne idée d'avoir une réalisation quasiment sans temps morts. Ici, il y a vraiment des passages où il ne se passe rien et où le film adopte un ton "National Geographic" avec des plans sur les africains, la savane, tout ça. D'autres moments s'étirent longuement, comme ce passage où Jane est dans les arbres, ne comprend rien et est effrayé devant les singes en train de faire des trucs. (Enfin plutôt des acteurs en costumes de singes en train d'imiter les vrais.)

Tarzan et King Kong deux utilisent les mêmes techniques : mélange de plans en studios, de mate painting, de prises de vues sur place, d'acteurs jouant devant des écrans (c'est BEAUCOUP plus flagrant chez Tarzan) d'acteurs en costumes et de monstres mécaniques (les crocodiles dans Tarzan sont ceci dit assez bien foutu.) Ce que le film a de plus pour lui c'est d'avoir été en partie tournée dans une réserve algérienne (là où King Kong se déroulait intégralement en studio.) Mais parfois on voit les coutures, il y a un abus d'effets de montages et de plans accélérés qui rend le tout assez risible pour un spectateur contemporain.

Question personnages, Jane est marrante au début du film mais devient la "demoiselle en détresse" passé les vingt premières minutes du film. Elle tente bien de soigner Tarzan à un moment mais ça m'a plus fait sourire qu'autre chose tant ça tient du "je vais lui poser un bandage autour de la tête." (Et durant cette scène on est plutôt distrait par Cheetah qui semble plus être en train d'avoir envie de faire des papouilles à Jane que de s'inquiéter pour Tarzan.)

Weissmuller campe un Tarzan assez bêta, tout en muscle et en gentillesse mais n'ayant pas grand chose d'autre pour lui. Le film fait la part belle sur ses prouesses physiques, avec des sauts dans les arbres, des plongeants, de la nage, ce qui n'empêche pas le personnage d'être peu crédible. Quant on voit que le mec ne peut pas faire 10 mètres sans qu'un lion ne l'attaque, on se demande comment il a pu survivre dans la jungle tout ce temps. C'est limite Cheetah que j'ai apprécié le plus pour ses rares passages où le singe fait n'importe quoi derrière les acteurs et celui où, telle Lassie, elle arrive à prévenir Tarzan d'une situation de grand danger par deux cris et trois gestes.

A noter que le premier soir, Jane refuse violemment de coucher avec Tarzan et devant les cris de celle-ci, Tarzan couche dehors. Et... je m'attendais pas à celle là. (Tarzan est plus courtois que Robert Mitchum. Qui l'eu cru ?)

En bref :
Si le film est intéressant pour étudier la mentalité de l'époque, notamment le côté colonialiste des américains débarquant dans la jungle, mais il reste quand même assez daté, longuet et risible par moment.