Le film commence plutôt bien, les trente premières minutes, jusqu'à l'arrivée du héros en Afrique, sont plutôt drôles, avec des gags réussis, des trouvailles plaisantes. Les acteurs sont excellents, Francis Blanche, bien évidemment, mais aussi Jacqueline Maillan, Paul Préboist ou le méconnu Robert Porte.
Le thème du mythomane acculé à l'action face au mensonge et devant ainsi subir des événements un peu compliqués pour lui est intéressant et pathétique. Francis Blanche est extraordinaire en Provençal hâbleur et donneur de leçon, mais aussi en personnage fragile et désabusé. On peut se sentir un peu gêné par cette présentation caricaturale et stéréotypée du Provençal fabulateur et amateur de pastis, comme on le voit dans le paragraphe de Daudet repris en chœur et à peu près dans les mêmes termes dans le film par plusieurs personnages de Tarascon : "Il n'y a pas de menteurs dans le Midi, pas plus à Tarascon, qu'à Toulouse, qu'à Nîmes, qu'à Marseille. L'Homme du Midi ne ment pas, il se trompe. Son mensonge à lui, ce n'est pas du mensonge, c'est une espèce de mirage. Le seul menteur, s'il y en a un, c'est le soleil, tout ce qu'il touche, il l'exagère." Ce passage pourrait être perçu comme du racisme, ce qu'il a d'ailleurs été par les habitants de Tarascon à l'époque de Daudet, qui était pourtant d'origine nîmoise, mais il ne faut pas voir le film au premier degré, sans quoi on ne peut qu'en ressortir mécontent. L'humour n'est pas toujours de haut vol, mais si on accepte ce principe, au peut passer un bon moment devant ce film, en tout cas durant son premier tiers.
Car passée la première demi-heure, le film s'enlise lentement dans le désert marocain : les gags sont plus rares et souvent beaucoup moins drôles, l'histoire est moins vraisemblable. Ce n'est même pas de la lassitude vis-à-vis de ce type d'humour : on notera par exemple l'excellente scène de la rencontre de Tartarin avec Camille Guérini alias Victor Bombonnel. Mais l'ensemble est lent, plat et peu captivant, voire sans intérêt, ce qui fait qu'on attend longtemps et avec de plus en plus d'impatience le retour du héros désabusé dans sa ville natale. C'est vraiment dommage que Francis Blanche, dans sa réalisation, n'ait pas réussi à maintenir pour l'ensemble du film le rythme et l'originalité de son premier tiers.
socrate
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le 29 avr. 2011

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