Dans quelle dimension se passe ce film ?

La réponse est simple : dans la réalité des films d'action des années 1980. Une réalité parallèle, qui obéit à ses propres lois.


Où les prisons sont en fait laissées aux mains des prisonniers, qui peuvent y créer des "comités d'accueil", où l'on fait des paris sur qui des nouveaux va survivre à un bain d'électrocution.


Une prison où un baron de la drogue peut se pointer juste pour faire le malin devant deux ennemis personnels pour lequel il a les yeux de Chimène.


Où l'on peut arrêter un camion avec trois balles de révolver.


Où les gilets pare-balle se portent aussi communément que des t-shirts.


Où les souterrains d'aération pourraient laisser passer une voiture, sont éclairés par en-dessous, et comportent ces grosses hélices de deux mètres de haut entre les pales desquelles on se faufile.


Où les prisons de haute sécurité ont sur leur toît des transformateurs dont les cables sont à nus et lancent des gerbes d'étincelles sous une pluie torrentielle.


Où le méchant vit dans un salon avec un mur d'écrans de télévision, placé devant un podium sur lequel se trouve son siège pivotant. Non loin d'un bar à apéritifs, pour pouvoir exposer son plan à des sous-fifres, tout en ricanant, un Martini à la main. Et près d'un labyrinthe pour rats de laboratoire, histoire de se la péter.


Où l'on peut se pointer au département R&D du LAPD alors que l'on est recherché, et emprunter au passage un fusil à pompe et un beretta. Puis y revenir emprunter un véhicule prototype qui relève davantage du char de guerre que de la voiture de police.


Où la soeur du flic classe est forcément une danseuse hot au look de Cindy Lauper qui se produit sur les podiums de clubs pour yuppies.


Où le chef de la police se déplace au domicile d'un des fugitifs pour lui dire qu'il sait que tout ça n'est qu'un coup monté et pour leur souhaiter bonne chance dans leur cavale.


Où le bras droit est forcément un mec à queue de cheval avec un regard de taré sadique.


Où il suffit d'intimider physiquement un suspect, avec même une certaine nonchalance (genre le suspendre par les pieds au-dessus de la rembarde d'un gratte-ciel), pour le faire parler.


Où le climax est introduit par des échanges virils du genre "Tu es le meilleur flic avec qui j'ai bossé".


Où le moindre véhicule qui se renverse explose en festival pyrotechnique.


Où le méchant a piégé sa propre usine clandestine d'armement avec de quoi faire sauter plusieurs tonnes d'explosifs.


Ha, et devinez qui le méchant kidnappe, contre toute vraisemblance ?




Ce film est un monument de connerie et de clichés du cinéma d'action des années 1980. Vous vous souvenez de la parodie des Inconnus, "Fuck you" ? C'est exactement ça.


Et ça fait d'autant plus de peine de voir le nom de Konchalowski associé à ce cinéma popcorn. D'autant qu'on reconnaît un peu son style : la caméra proche des corps, le regard lubrique que ce cinéaste porte sur les engins de chantier, les scènes de prison. Mais tout cela passé à la moulinette commerciale. Les dialogues sont affligeants, et Jack Palance en méchant a décidé devant ce naufrage d'essayer de repousser les limites du cabotinage au-delà du réel.


Vous aimez ce film ? Courez vous cacher.


Je rajoute un point pour Kurt Russell en travelo. ça m'a fait rire, j'avoue.

Créée

le 17 mai 2015

Critique lue 833 fois

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zardoz6704

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