Une journée dans la vie de Cendrillon au pays des donuts

La nouvelle découverte de Sundance débarque sur nos écrans, avec une belle réputation. Un film entièrement tourné à l'aide de trois IPhone S5 équipés de lentilles anamorphiques dans les rues de Santa Monica, avec un duo d'actrices amatrices dans les premiers rôles. C'est original, parfois drôle, mais de plus en plus agaçant et vain, au fil des minutes. Avec un scénario et des dialogues reposant moins sur des : drama, fuck et bitch, où une actrice principale moins cabotine, on aurait pu avoir un film plus consistant.


Après avoir passé un mois en prison, Sin-Dee Rella (Kitana Kiki Rodriguez) retrouve son amie Alexandra (Mya Taylor). Cette dernière va par inadvertance, lui apprendre que son petit ami et mac, Chester (James Ransome), couche avec une autre femme. Sin-Dee va partir à la recherche de celle-ci dans les rues de Santa Monica, pour la confronter avec son homme.


Cendrillon du trottoir. Kitana Kiki Rodriguez est une drama queen en puissance. Elle en fait trop, beaucoup trop. Certes, c'est une actrice amatrice et semble être elle-même, mais elle en devient de plus en plus agaçante, au point de ne pas trop avoir d'empathie envers elle. Au contraire de Mya Taylor, plus sobre. On est devant le feu et la glace. Cela donne vite envie d'éteindre ce feu et pour être plus clair, de lui dire de fermer sa grande gueule. Malgré tout, son énergie porte le film avec l'aide d'une musique entraînante. C'est aussi une manière de combler les temps morts et de masquer l'absence d'une histoire captivante.
L'action se déroule en un seul lieu, le boulevard de Santa Monica à Los Angeles. Durant 24h, on va la suivre dans sa folie destructrice, dû à un manque d'amour flagrant. Elle est mal dans sa peau. C'est une prostituée transsexuelle, comme son amie. Comme souvent, pour masquer son mal-être, elle se cache derrière une forte personnalité. Cette façade est solide, surtout avec l'aide de la drogue. Quand on va apercevoir sa douleur, il sera déjà trop tard. Le chemin pour arriver à la beauté de ce dernier plan, fût sinueux et parfois ennuyeux.


La magie de noël n'aura pas lieu. De petits moyens, pour un film se révélant moyen. Les personnages sont des marginaux, avec des rêves comme tout le monde. Kitana Kiki Rodriguez veut de l'amour et être une femme, comme Mya Taylor avec aussi son désir d'être chanteuse. Mais leurs vies ont pris d'autres directions. On ne sait pas grand chose d'elles. On imagine qu'elles sont en rupture avec leurs familles, ont dû quitter leurs foyers durant l'adolescence et sont devenues des prostituées pour survivre. Mais elles ne sont pas seules à arpenter les trottoirs de Santa Monica, il y a aussi ce chauffeur de taxi Razmik (Karren Karagulian). C'est un homme marié et père de famille, mais n'a plus que du désir pour les transsexuelles. On présume que son attirance s'est faite au cours de sa vie , mais que les traditions ne lui permettent pas d'être vraiment lui-même.
Ces personnes avaient de quoi captiver l'attention, surtout que malgré la difficulté de leurs vies, on a souvent l'occasion de sourire. Malheureusement, le film sombre souvent dans la facilité avec des effets peu ragoutants. Doit-on tout montrer ? Oui, mais avec une certaine retenue pour que cela ai plus d'impact. Ce besoin de déranger, ne sert pas l'histoire. Cela manque vraiment de liant, jusqu'à la fin. Il y a des idées, mais du point de vue visuel et non du côté narratif. C'est dommage, tant les héroïnes sortent de l'ordinaire, du moins jusqu'à ce que la société ne voit plus les transsexuels comme des gens à part. Mais vu comme les différences dérangent, ce n'est pas gagner. Il suffit d'ouvrir son journal, pour voir que dès que l'on sort du schéma traditionnel, on nous met dans une case, en nous jugeant, au lieu de nous comprendre.


C'est du cinéma expérimental. Cela change des productions trop formater, du moins dans la forme. Au contraire, le fond ne répond pas vraiment présent. On en sort avec une impression de gâchis, en se disant que cela aurait pu être un beau film. C'est la première déception de l'année, cela ne sera malheureusement pas la dernière.

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le 2 janv. 2016

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Laurent Doe

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