Fat bottomed girls you make the rocking world go round

À l'heure où les prod' françaises s'amusent à violer l'enfance de leurs spectateurs en adaptant les BD de leur jeunesse avec l'espoir de faire aussi bien que Marvel, j'étais curieux de découvrir cette adaptation de l'oeuvre de Zidrou et Darasse.

Bon... je reformule.

Ma compagne regarde "Danse avec les stars" à la télé. Cette année je n'ai pu m'empêcher de constater qu'en plus d'avoir un nain, une playmate, une nymphomane, un gay, une miss France, il y avait une grosse (tout ce qu'il faut faire pour attirer l'audience quand même). Une belle grosse. Enfin pas très grosse non plus. Une fille un peu enveloppée. Chubby comme on dit en langue porno. Elle est mignonne. Et il s'avère qu'elle joue dans "Tamara" dont j'ai entendu parler et que j'avais pas spécialement envie de voir parce que j'avais jamais lu la BD et que l'affiche fait un peu peur. C'est vrai qu'après avoir vu "La colle", un copain m'a dit que le film adapté de la BD était correct, mais je sais pas pourquoi j'ai vite oublié cette information. Et ce n'est qu'en la voyant danser en tenue légère, les bourrelets au vent, que j'ai eu cette envie. Celle de regarder ce film. Celle de l'embrasser aussi, mais bon, ça vous regarde pas et je suis vraiment pas du genre à parler de ma vie privée.

Et ben l'intrigue est pas si mal. Enfin... le scénario est faible dans le sens où il manque un objectif principal pour tenir tout le film. L'objectif ici c'est de conquérir le beau gosse et cela arrive assez vite. Après quoi on sait pas trop quels sont les enjeux jusqu'à ce que l'auteur développe la jalousie. Mais bon, c'est un second objectif principal, qui fait suite au premier, et non pas un seul vrai objectif principal qui faite tenir tout le film. En plus, cet redéfinition de l'objectif ne se fait pas clairement, au contraire du premier objectif principal qui est carrément énoncé par l'héroïne.

Ce qui est réussi, par contre, c'est l'humour : y a vraiment de bons gags dans ce film. Je m'attendais à queqlue chose d eplus conventionnel et finalement ça dérape, ça part quelque part où on ne s'y attend pas pour une BD destinée à du grand public ; pour tout vous dire je m'attendais à du Kev Adams. Mais quand j'ai vu Blanche Gardin débarquer, j'ai été un peu rassuré (même si je ne doute pas qu'elle ait ou qu'elle participera un jour à un très mauvais film).

C'est donc drôle. C'est touchant aussi. Pas dans le sens émouvant. Mais dans la manière de présenter les personnages. Je ne me suis pas forcément retrouvé dans cette jeunesse qui aime le lynchage (je sais pas si c'est un truc fort présent en France ou si c'est juste une caricature pour faire un film) mais j'ai trouvé les rapports et la représentation assez sympa. L'auteur utilise certains clichés, mais les exploite globalement assez bien. Rien n'est simple et il n'y aura pas une évolution trop lisse des personnages secondaires (quoique dommage que la chef se dégonfle à la fin ; en revanche j'ai apprécié le coup du père même si ça aurait pu être mieux préparé en amont). Les intrigues secondaires sont bien aussi, tout ne tourne pas autour de Tamara uniquement. En fait, l'auteur en profite pour parler des jeunes, tout simplement, des jeunes qui se cherchent. des vieux aussi, qui sont toujours dans une belle galère. On n'est pas très loin des comédies sous l'ère révolue de Judd Apatow.

Y a des trucs tout cons. Comme lorsque la fille est contente que le mec lui ait touché les fesses. Alors les SJW diront que c'est dégueu de montrer ça, et pourtant, ça me paraît assez réaliste... et touchant ! Parce que pour une jeune fille, se faire toucher les fesses par un mec ne signifie pas forcément être traité comme un bout de viande, avant tout c'est aussi une preuve qu'on se fait remarquer qu'on se fait désirer. Pareil pour les mecs qui aiment frimer et tout. Quand on est jeune on est cons. Par contre, faut pas croire qu'à cet âge on connait rien de la vie. La discussion de sexe m'a beaucoup plu aussi. En fait, j'ai eu l'impression que l'auteur respectait les jeunes et les comprenait, qu'il essayait pas de cacher tout ça sous une couche de bien-pensance. Oui, les jeunes couchent à 16 ans, ils apprennent le sexe sur Youporn... ne nous voilons pas la face. Et ce n'est pas la première génération à pratiquer le sexe avant d'être majeure.

Ce film est donc différent de ce que l'on voit souvent dans les comédies françaises (d'ailleurs maintenant que j'y pense il n'y a ni Merad ni Boon dans ce film), mais ce n'est pas juste pour ça que l'histoire est sympa : c'est grâce à ses personnages, à ses thématiques, à cet humour efficace. C'est pas le top non plus, faut pas exagérer, et le gros creux narratif au milieu plombe clairement le film, mais ça reste inventif.

Inventif visuellement surtout : la scène la plus impressionnante, c'est celle de la suspension de temps juste avant que les doigts ne s'effleurent. Bon, ça manque de poésie, mais ça reste assez sympa et totalement inattendu (je trouve d'ailleurs que ce passage permet de créer un lien avec "La colle", en plus d'avoir des protagonistes adolescents). Il y a d'autres petites choses, que ce soit l'interface informatique (encadré de la webcam, surimpression avec le bureau, éléments jetés à la corbeille) ou dans un découpage assez efficace (les mêmes plans utilisés jusqu'à la fin en classe et qui a un certain impact lorsque le BG n'est plus là).

Les acteurs sont tous bons. La gamine est correcte, les parents sont très chouettes, les rivales sont délicieusement horribles... et puis il y a Héloïse ! Bon dieu! Elle est bonne ! Dans les deux sens du terme : elle joue très bien, elle dégage une énergie dingue, sait faire preuve d'auto-dérision. Et puis elle est vraiment sexy. L'intro es tun peu bizarre d'ailleurs, on la voit débarquer comme une bimbo bien sexy, affichant ses formes : quel corps de rêve. Cette vision se confirme au travers d'autres scènes. Le réalisateur n'a pas eu peur de rendre sexy son actrice principale. Je ne pense pas que ce soit fidèle à la BD pour ça (d'ailleurs l'héroïne y paraît plus ronde d'après les couvertures), mais on sen fout, c'est ça aussi les adaptations (faudra que je lise ça quand même).

Bon, quand j'ai vu le poster j'avoue aussi m'être dit : ha oui, ok, ils ont pris une Tamara pas trop grosse, ils ont pas voulu prendre trop de risques. Et c'est vrai que Héloïse est loin d'être la grosse fille dont on se moque en réalité. mais vu ce que le réalisateur lui fait faire, là on peut comprendre que de mauvaises langues puissent se moquer. Du coup, même si elle n'est pas si grosse que ça, on peut comprendre qu'il y ait des railleries. Et là je suis même déçu que ça n'aille pas plus loin (au final, les moqueries sont assez redondantes et pas assez inventives, alors qu'en général les moqueurs sont super imaginatifs pour ce genre de choses).

Bref, j'ai trouvé le film assez sympa. Pas aussi chouette que "La colle", mais bien quand même. D'ailleurs, j'ai hâte de voir la suite. Je suis aussi pressé de voir le prochain numéro de danse de Héloïse.