La moustache
"Symphonie pour un massacre" est sans doute un poil opportuniste, tout du moins énormément dans l'air du temps, que ce soit dans le choix du titre, vraiment hasardeux (on cherche encore la métaphore...
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le 17 avr. 2020
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"Symphonie pour un massacre" est sans doute un poil opportuniste, tout du moins énormément dans l'air du temps, que ce soit dans le choix du titre, vraiment hasardeux (on cherche encore la métaphore de la symphonie) et entièrement destiné à surfer sur la vague du succès de Verneuil avec "Mélodie en sous-sol", ou encore dans le ton un peu décalé du film noir revisité à la française, un peu dans la lignée d'un "Le Doulos" de Melville. Mais Jean Rochefort alors imberbe n'apparaît pas du tout comme ridicule comparé à Jean-Paul Belmondo, bien au contraire.
Dans cette histoire de grosse magouille réalisée par 5 truands qui tourne mal, il ne faut pas trop regarder dans les coins et dans les détails. Il y a même quelques passages carrément obscurs : comment Jabeke trouve le compartiment de Giovanni dans le train, comment Valoti parvient à comprendre le jeu de Jabeke à l'aide d'un journal de Lyon... Manque d'attention de ma part ou faiblesse d'écriture, je ne saurais trancher. Reste que le plan orchestré par Rochefort ne paraît pas immédiatement convaincant, que ce soit dans ses accès de violence ou dans sa manière d'attiser la haine entre ses complices. Ce qui fait l'originalité de ce polar, sans doute, c'est la violence brutale qui surgit sans crier gare à de nombreuses reprises, avec un coup de poignard ou un coup de feu. L'absence d'hésitation peut surprendre — même si Rochefort sans moustache paraît beaucoup plus sadique que celui que l'on connaissait depuis longtemps. C'est anecdotique mais plutôt drôle : pour se déguiser, il se collera justement une fausse moustache et correspond à ce moment-là à lui-même des années plus tard.
Avec le cortège de seconds rôles qui criblaient les années 60 (Charles Vanel, Michèle Mercier, etc.), ce simili film noir manque un peu de fluidité par endroits, il surprend dans le recours assez fréquent et soudain à l'ellipse, mais demeure un minimum attachant jusque dans sa dernière ligne droite, fataliste et noire.
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le 17 avr. 2020
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