Hollywood, l'industrie du cinéma...autant dire que ça en fait rêver plus d'un. Jusqu'à ce qu'ils y travaillent. Car derrière la façade prestigieuse se cache un système de rapaces, où l'idéalisme et l'honnêteté sont les premières victimes du carnage. C'est cette longue désillusion que va expérimenter Guy, jeune scénariste, nouvel assistant du producteur exécutif Buddy Ackerman. C'est ce dernier qui va se faire une joie de détruire son existence: engueulades, exigences invraisemblables, hypocrisie sans borne.
Autant de vexations qui vont inéluctablement conduire Guy à se venger. Mais si le monde du cinéma est une jungle, les victimes et coupables se confondent souvent...Autant le dire tout de suite, ce petit film passé inaperçu à sa sortie est un vrai bijou.
On a rarement été aussi secoué par un film pourtant très bavard. Il faut dire que plus l'intrigue avance, plus cela se complexifie, pour finalement nous décrocher une droite directement à l'estomac. George Huang sait manifestement de quoi il parle, et il traite son sujet avec une impeccable maîtrise. Sa réalisation, claire et posée se pose en parfait contre-point de cette guerre des nerfs entre Guy et son impitoyable patron.
Sa direction d'acteurs est également exemplaire. Kevin Spacey livre une composition inoubliable dans le rôle du tyran. Il est si bon qu'en à peine 10 minutes, on a déjà des envies de meurtres. Il arrive avec une aisance rarement vue à jongler entre méchanceté pure, ton faussement sympathique et réelle émotion. Sans conteste l'une de ses meilleures performances.
Dans le rôle du pauvre assistant, et personnage principal, Frank Whaley est juste incroyable de vulnérabilité et de colère intériorisée. Enfin, dans le rôle de la productrice, froide mais humaine, Michelle Forbes impose une solide présence et apparaît comme la seule personne suffisamment lucide pour gérer sa barque. On ne peut que regretter le fait que cette oeuvre n'ait pas eu le succès mérité, tant elle excelle dans tous les domaines.
Georges Huang développe si bien son film qu'on peut soit le prendre au premier degré et être scandalisé par les pratiques honteuses qu'il dénonce, soit le prendre au second degré et passer une bonne partie du film à se tordre devant l'amoncellement de scènes d'engueulades homériques et de répliques instantanément cultes.
Un vrai bijou, qui frappe fort.