Le mérite de ce film est de mettre en avant un racisme peu évoqué dans les films, celui envers les noirs aborigènes d'Australie. Le cadre avec les immensités australiennes est propice au genre "western" du film et les petites fermes isolées ou les Maitres blancs, utilisent les noirs comme hommes de peine, sans le moindre respect pour eux, "ou avez-vous trouvé votre bétail noir ? " demande le fermier nouvellement établi à un plus ancien, abritent une population rustre et raciste de façon viscérale qui ne prennent pas trop le temps de se poser des questions : ils tirent d'abord comme dans l'Ouest américain. Racisme violent par lequel l'homme blanc s'autorise tous les excès : sévices corporels, enchainements, brutalités de toutes sortes, et bien entendu le viol..
La photographie du film est magistrale et les superbes couchers de soleil qui ponctuent les journées de fuite-poursuite entre Sam le noir meurtrier et le Major obstiné qui le poursuit, sont un hommage à la beauté du pays mais une affirmation volontaire : le Monde est beau, le ciel est immense et pur et l'homme est mauvais. L'homme est violent, injuste, opiniâtre dans le désir de vengeance.
Il est dommage que des figures de style comme les blackforwards perdent un peu le spectateur et ralentissent une action qui n'est déjà pas menée à train d'enfer. Ces joliesses ne servent pas le propos. La Justice, car il y aura jugement , est rendue , à notre plus grande surprise avec équité, mais l'espoir n'est pas de longue durée car dans les hautes herbes, un tireur inconnu tuera Sam qui avait eu le bonheur très court d'être acquitté. Le bilan est donc très pessimiste tout comme l'est le comportement toutes générations confondues des exploités noirs, encore loin de la prise de conscience et de la révolte. Le vieillard est plus sourcilleux qu'un blanc devant ce qui est permis à un homme noir et le jeune garçon, plus futé, a compris comment tirer son épingle du jeu en faisant mine d'être d'accord avec les plus forts : "Quel salaud ! " s'écriera-t-il devant son Boss quand il apprendra le verdict. Ce constat du long chemin qui reste à faire à ce pays est aussi la dernière question éplorée que pose au ciel le seul blanc sympathique et humain de l'histoire.