A croire que tous les films indépendants américains marqués par le sceau "sunshine" soient des réussites, d'autant que celui-là ne manque pas d'originalité. En effet, Sunshine Cleaning raconte l'histoire de deux soeurs perdues dans les méandres d'un quotidien habité par des blessures restées ouvertes, toutes deux avec la même cicatrice à la place du coeur malgré leur apparente différence. Rose (Amy Adams) est une mère célibataire trentenaire, ex-star du bahut local, maintenant femme de ménage se répétant inlassablement devant le miroir qu'elle n'est pas une ratée. Quant à Norah (Emily Blunt), sa volonté n'a d'égal que son sens des responsabilités, aussi afûté que peut l'être celui d'une femme qui se noie dans la dépression et l'indolence d'une vie trop longtemps refoulée.
Et puis l'éclaircie vient avec l'idée pour le moins saugrenue de monter une entreprise visant à nettoyer les scènes de crimes après que la police ait fait son travail. Si ramasser les bouts de cervelle et récurer le sang n'est pas la partie la plus agréable de leur travail, les deux femmes dont le portrait touchant ne manque jamais d'être nourri par une réalisatrice (Christine Jeffs) aux petits oignons avec elles se découvrent la force de nettoyer également leur vie, chacune encombrée par cette détresse que l'on peine à éviscérer quand le poids de la fragilité nous a par trop souvent esquinté.
Habité par un humour noir qui n'enlève en rien la sensibilité dramatique hantant le destin de ces deux personnages, Sunshine Cleaning se targue de brasser des thèmes aussi puissants que la famille, la confiance en soi, la perte d'un être cher ou encore notre incapacité à fuir le passé quand le présent se fait trop pesant. Jeffs trouve tout de suite le ton pour juxtaposer tout cela sans jamais tomber dans le cynisme ni la pudeur, avec ce qu'il faut pour rendre attachant deux femmes en quête du bonheur. Une véritable réussite.