La première fois que j'ai entendu parler de ce film, je me suis demandé ce que Danny Boyle avait été foutre dans ce projet. Lâcher une bombe nucléaire sur un soleil à l'agonie pour le raviver et sauver l'humanité toute entière ? Sérieux les gars ? Et pourquoi pas envoyer Bruce Willis et ses potes faire péter une météorite, aussi ? Nan vraiment, faut arrêter la poudre.
Quatre ans plus tard, je décide de le regarder, ce Sunshine. Parce que j'en entends du bien. Parce que j'aime bien Boyle. Et aussi parce que j'avais rien d'autre à foutre que de mater des films de SF, en cette journée de lendemain de cuite.
Il n'est jamais très bon d'écrire une critique juste après le visionnage d'un film, parce qu'on est trop enthousiaste, trop excessif, mais là vraiment, j'ai aimé. Sunshine est pour moi un modèle de ce que devraient être tous les films du genre. Et est finalement sous-estimé. Une ode à l'espace.

L'humanité se meurt, annonce le début du film. Notre étoile, le Soleil, s'éteint progressivement, plongeant la Terre dans une obscurité qui lui sera, à terme, fatale. Face à cela, la solution est simple, je l'ai expliquée plus haut : envoyer une bombe énorme, de la masse de Manhattan, exploser en plein milieu de cette étoile mourante pour la faire renaître (ne riez pas, voulez-vous). Une première mission, nommée Icarus, a visiblement échoué, ne donnant pas de nouvelles. La seconde, qui porte le sobriquet original d'Icarus II, est donc envoyée. Les carburants fossiles de la Terre ayant été épuisés pour la construction de cette bombe, il n'y aura pas de troisième mission. Autrement dit, Capa, le héros, est le dernier espoir pour l'humanité toute entière. Faut assumer ça sur ses épaules, surtout quand on s'appelle pas Bruce Willis. Alors qu'il s'approche du soleil, le vaisseau reçoit un signal de secours... émanant d'Icarus I.

Certes, la cohérence scientifique n'est pas au rendez-vous. Moi, ça n'est pas ce que je demande forcément. Pour un film d'anticipation, c'est gênant, pour un film de SF qui ne prétend pas faire de la hard-SF (chose que je ne supporte pas et que je laisse aux puceaux mathématiciens), ça ne me dérange pas. Le but étant de faire rêver, réfléchir, voyager, et non d'imaginer un futur qui de toute façon est par essence inimaginable.

Sushine n'est pas chiant comme 2001. Il est intense, parfois effrayant, et tient le spectateur en haleine tout au long du film.
La réalisation n'est pas en reste. Les effets spéciaux sont ahurissants, le soleil est d'une beauté absolument magistrale, et la représentation de l'espace laissera coi tout ceux qui s'intéressent un minimum à ce qui se passe au-dessus de nos têtes. Certains scènes laissent pantois devant tant de beauté. On se sent minuscule. Diable, pourquoi j'ai pas été le voir au ciné ce putain de film !
Sunshine n'est pas un bête spectacle comme Armageddon. Le film propose plusieurs pistes de réflexion. Sur l'avenir de l'humanité. Sur notre place et notre rôle au sein de l'univers. Sur la vie et le sens du sacrifice. Sur l'influence des Dieux. Et bien d'autres choses encore. Mais le film ne repose pas uniquement sur ces réflexions, qu'il n'assène jamais à grands coups de citations philosophiques ridicules (on peut tout à fait voir Sunshine comme un divertissement primaire, magnifique visuellement mais primaire), il les insuffle dans l'esprit du spectateur de manière très subtile. Sauf peut-être lors du dernier tiers, qui lorgne vers l'horreur pure, ce qui n'a pas été pour me déplaire, au contraire, étant un aficionado du genre.

Une oeuvre sublime, émouvante, intense, terrifiante, passionnante de bout en bout, et qui transpire la passion et l'humilité face à l'univers. Clap Clap.

En définitive, Danny Boyle, je suis prêt à te sucer sur le champ pour que tu réalises un autre film de SF. TAKE MY MONEY NOW !
LeChiendeSinope
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le 19 nov. 2011

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LeChiendeSinope

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