La fin justifie les moyens
Il y a bien longtemps que le cinema coreen me captive... dans bien des domaines, ce 'petit' pays tient la dragee haute au Japon dont il a pris tant de 'travers'... et la encore, le pari est tenu.. nous sommes plonges dans l'univers impitoyable de la competition entre etudiants. Tout comme au pays du soleil levant, au pays du matin calme, les parents veulent que leurs enfants puissent reussir et ce a n'importe quel prix. Mais a pays plus petit, moins de place aussi...Et c'est justement le propos premier du film.. la fin justifie en tout point les moyens... comme le dit un des etudiant, 'si tu veux etre premier alors que tu es 67 ieme, il te suffit d'eliminer les 66 qui sont devant toi'.. La trame du film est un savant mix de flash backs, et de scenes du present qui egrainent les indices, les details, pour nous mener petit a petit a comprendre toute l'horreur de cette realite qui poussent les futurs elites a tres froidement echaffauder des plans plus diaboliques les uns que les autres pour eliminer les obstacles, ou a se suicider pour en refuser les lois... C'est efficace, et sans concession... avec cette volonte aussi de nous pousser a penser a ce que pourrait etre leur attitude dans leur vie d'adultes, a l'image du recteur du lycee qui ne veut pas que la poilce pertube les eleves avec son enquete suite a un meurtre, de peur de les deconcentrer en pleine periode de preparation du Suneung, concours national pour acceder aux universites les plus reputees. Deux personnages principaux se detachent, Yujin, le grand mysterieux fils d'exiles au US, - dont l'acteur me rappelle beaucoup ce monstre qu'est Ryuichi Sakamamoto - qui oscille entre le refus de ces lois et l'implacable volonte de garder sa place de premier pour donner une lecon a son pere, et 'le petit' June, bien moins nanti, fils d'une mere vivant seule, de modeste mileu qui fera tout pour que son fils puisse reussir. Les deux d'une intelligence sans doute equivalente vont tour a tour s'affronter et se decouvrir des points communs, jusqu'a l' ultime issue, signant leur refus de cette vie denuee de sens.. A tout moment, nous sommes invites a nous demander qui manipule qui... et Yujin n'aura-t-il pas finalement ete celui qui a tenu les ficelles de tous ces collegues pour les mener a leur geste criminel et liberateur, signant par la-meme leur propre fin, n'etant pas dignes d'etre premiers... Le jeune realisatrice signe la un film d'une redoutable efficacite, le theme principal tout d'abord ne peut laisser indifferent, celui d'une societe qui a grandi trop vite a l'instar de ces gamins qui sont catapultes dans la grande cour de la competition, ensuite le jeu des acteurs est tres convainquant, avec ce melange d'humanite et de froideur qui traduit bien la tension qui dechire ces adolescents. Mais aussi, comme le soulignait recemment l'auteur de la BD le transperceneige a propos du Snowpiercer, les coreens, eux, savent faire des films avec des histoires, de l'analyse, des theses, de l'humanite, bien loin des blockbusters venus d'outre atlantique qui veulent nous en mettre plein la vue, mais en perdent bien souvent leur ame brulee sur l'autel de la course aux gros budgets et au retour sur investissement... et la recette coreenne, bien plus rafiinee, n'en est que plus savoureuse et digeste...