Sunday
6.4
Sunday

Film de Jonathan Nossiter (1997)

On connaît surtout Jonathan Nossiter pour Mondovino, son très bon documentaire sur la production du vin. Mais avant cela, il avait réalisé ce petit film, Sunday, sur lequel j'ai un avis plutôt mitigé.
Madeleine est une actrice qui cherche vainement des rôles. Un dimanche, elle aborde un homme dans la rue en lui demandant s'il est Matthew Delacorta, petit réalisateur indépendant dont un des films a connu le succès. L'inconnu acquiesce, alors qu'en réalité il s'appelle Oliver et vit dans un foyer délabré. Commence alors une étrange journée où la relation entre les deux personnages connaîtra des rebondissements inattendus.
Le problème principal de ce film, c'est qu'à force de chercher le label "cinéma indépendant", il en fait des tonnes ! Le film ne va raconter l'histoire de ce couple que de façon intermittente. Cinq minutes avec eux, et on passe à quelques plans sur New-York et ses déshérités. Le film va constamment suivre cette construction. Du coup, on a du mal à s'intéresser à l'histoire d'Oliver et Madeleine, puisqu'elle est constamment interrompue et qu'elle est pleine d'ellipses.
Il y a cependant de bons moments, et le thème du mensonge prend une place importante. En effet, les deux personnages vont faire semblant de croire à leurs mensonges respectifs, qui deviendront réalité, tandis que leur réalité deviendra fiction.
Mais cet étrange retournement n'a pas suffi à me sauver de la frustration. Il faut dire que les deux personnages (et ceux qui gravitent autour) ne sont pas assez fouillés, et qu'on aurait bien aimé passer plus de temps en leur compagnie.

Finalement, c'est dans ces coupures que j'ai préféré le film. Les plans sur New York sont magnifiques (c'est vraiment une ville très cinégénique). Nossiter insiste sur le New York pauvre, les immeubles insalubres, les sdf qui chantent dans le métro, ceux qui passent leurs journées sur un banc en plein froid hivernal, etc. Toute une population de laissés-pour-compte qu'on ne voit jamais au cinéma et auxquels le cinéaste rend un hommage émouvant et juste.
En conclusion, de très bonnes idées mal exécutées, une certaine ambiance mélancolique, de très beaux plans mais un sentiment de frustration, comme chaque fois que je rencontre un cinéaste qui a gâché le potentiel de son film.
SanFelice
6
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le 31 janv. 2013

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SanFelice

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