bande de sauvages

Après des mois d'attentes et de promo intensives menées par la Warner, le voilà qu'il débarque enfin sur les écrans, LE premier film de "super"(anti)-héros de l'histoire mettant en vedette rien de moins que les méchants emblématiques de l'univers DC Comics : Deadshot, Killer-croc, Harley Quinn et (de manière indirecte) l'emblématique et charismatique Joker, le plus célèbre ennemi de Batman.

Et donc, maintenant que le film est bel et bien sorti, l'heure est au verdict. Objet des rumeurs les plus folles (Jared Leto et Margot Robbie se comportant respectivement en Joker et en Harley Quinn y compris hors des prises du tournage, Will Smith exigeant d'être fortement mis en avant dans le film), le film aura suscité une attente assez intense, en cette année 2016 bien chargée en film de super-héros.

Malheureusement, la bonne surprise tant attendue laisse place à une amère déception. L'exposition des personnages qui ouvre le film est beaucoup trop lente et, malgré la B.O très intéressante (Animals, entre autre), fait perdre au film toute forme d'authenticité, à tel point qu'on en vient à suivre sans motivation les aventures de ces "bad guys" frappadingues, aventures ponctuées de temps à autres de scènes plus ou moins réussies par l'arrivée du Joker, interprété par un Jared Leto littéralement à coté de la plaque et qui fait d'autant plus regretter l'interprétation inoubliable de feu Heath Ledger, sans même parler de celle, plus cabotine mais ô combien jouissive, de Jack Nicholson dans le 1er Batman de Tim Burton.

L'un des gros problèmes du film est sans conteste son découpage, qui alterne les différentes séquences sans trop de liens spécifiques entre elles au point même parfois de prêter à confusion. Un scénario plus concis et peut-être plus classique de même qu'une introduction moins longuette aurait pourtant suffi à rendre ce film beaucoup plus captivant et plus intense. Seule deux séquences, mettant en scène ni plus ni moins que le ténébreux Batman, atteignent une certaine intensité.

Du côté de l'interprétation, ce n'est guère mieux non plus. Will Smith, dans le rôle du célèbre Deadshoot, confirme nos pires craintes : il fait du Will Smith. Osant le pari de laisser de côté toute la dimension rageuse et l'intensité émotionnelle du personnage, il se contente, comme dans "Men in black" ou "I, Robot" en fait, de balancer vannes sur vannes et répliques cyniques. Alors oui, certaines font mouche mais... ce n'est pas ce qu'on lui demande. Rejouer le "black cool" comme il l'a fait à de nombreuses dans sa carrière est inutile, dans le cadre de ce film-ci. Ne reste alors de son Deadshoot qu'une tenue plutôt badass ainsi qu'une excellente précision de tirs.
Et que dire du "nouveau" Joker ? C'est là que le bas blesse. Comme mentionné plus haut, Jared Leto n'apporte rien d'original au personnage, se contentant de jouer à fond la carte du méchant "kaïra", faisant perdre du coup toute la sauvagerie et la fragilité émotionnelle de ce grand méchant de comics. Et dire qu'il s'était pourtant promis d'honorer la mémoire de ce cher Heath Ledger, en reprenant le flambeau. Toutefois, le personnage n'est pas tout à fait le même, nouvel univers oblige.

En fait, la ou les seules à véritablement tirer leur épingle du jeu et à s'imposer dans ce profond gâchis sont sans conteste Viola Davis, froide et cinglante dans la peau de la redoutable Amanda Waller, fondatrice de cette équipe et la sublime Margot Robbie, qui interprète une Harley Quinn à la fois touchante, cynique et bien barrée.

Vous l'aurez compris, "Suicide Squad" constitue une vaste déception, avec néanmoins quelques jolies choses (une photographie bien sombre, une bonne B.O) mais se retrouvent malheureusement noyés sous les effets d'un scénario foutraque qui part dans tous les sens et par un final qui vire au grand guignolesque, avec à la clé magie noire, sorcière, et compagnie.

Que les critiques aient raison ou pas de flinguer le film, ça, c'est une autre histoire. Après tout, c'est le public qui décidera du sort du film.
En cas de très gros succès, il serait néanmoins envisageable pour Warner et DC de revoir un peu leurs idées au risque de se prendre une troisième lynchage médiatique dont lavictime serait le film Wonder Woman, prochain film DC prévu pour juin 2017.