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Comment ? Comment le film en est arrivé là ? Comment, en alignant des figures aussi fortes que Harley Quinn, Le Joker ou encore Killer Croc, Suicide Squad a pu en arriver à ce niveau de ratage industriel ? Autant dire que le naufrage est intégral et même si on ne sait pas vraiment si l’iceberg se nomme David Ayer ou Warner, ce qui devait être le film insubmersible et fédérateur de DC prend la flotte de partout si bien que vingt minutes après l’affichage du titre, il a déjà touché le fond....
Si vous êtes toujours la après cette interminable métaphore filée c'est que vous voulez savoir ce qu'il en est plus en détail. Commençons par le commencement et revenons sur la promesse du film. Promo et réalisateur nous vendaient à plus soif un film cool, subversif et trash qui mettrai en avant des "Bad Guys" de l'univers DC avec une affiche contenant à la fois des valeurs fortes comme Harley Quinn, le Joker ou Deadshot portées par des stars et des personnages plus confidentiels comme Captain Boomerang ou Katana. Bref, ce joli roster avait de quoi nous emballer mais quand on se retrouve au final à devoir gérer une dizaine de personnages ça vire très vite au n'importe quoi puisque la plupart des protagonistes sont donc rushés ou alors écris avec le cul. On a même le droit au personnage qui raconte sont background au bar pour le spectateur qui n'a rien demandé. Un des nombreux problèmes du film c'est qu'il n'assume jamais de mettre en scène des méchants et passe son temps à les polir pour les rendre gentils au fond. Au final ils ne font rien de fondamentalement méchants puisqu'ils se battent contre des gardes de prison qui les traitent comme des sous-merdes ou des sbires du méchant principal. À aucun moment les personnages ne méritent leur titre de bad guys et la palme revient à Deadshot qui en fait veut la garde de sa gentille petite fille surdouée pour être un gentil papounet. Et ainsi, Suicide Squad s'enfonce dans la guimauve et tout le monde devient BFF gommant au passage toute la puissance subversive de l'œuvre pour livrer une morale que n'aurait pas refusé un bon épisode de Maya l'Abeille mettant en avant le formidable pouvoir de l'amitié.
En terme d'écriture c'est la tristesse d'autant que le film fait peine à voir tant il court désespérément après le mojo des Gardiens de la Galaxie. Vous avez aimé la playlist pop du film de James Gunn et bien découvrez la playlist spotify de David Ayer au cinéma qui gave à ras la gueule son ouverture de tubes qui se marchent les uns sur les autres étouffant complément le début du film puisque aucune scène ou aucun rythme ne se dégage de se trop plein constant. Le rythme, parlons-en, parce que là encore c'est bonjour tristesse. On attaque par quarante minutes de clip pour introduire les personnages dans un montage complètement nawak n'ayant aucune patate ou impact, puis le reste du film est un gros épisode des Power Rangers avec le pire character design que j'ai vu depuis longtemps pour des méchants. C'est bien simple : à côté, Doomsday sue le charisme. Le long-métrage ressemble en réalité à un ensemble de scènes écrites du jour au lendemain et bricolées dans un montage catastrophique sans queue ni tête affublé d'effets fluos rajoutés à la truelle en post-prod. Globalement la réalisation de David Ayer est ultra brouillonne, ne réussissant qu'à de rares moments ses effets, les bastons n'ont aucun impact et mettre un ralenti ne fait pas de vous Snyder. Et même si quelques plans (vus dans la bande-annonce) font leur petit effet, tout est tellement noyée dans le médiocre que rien ne ressort au final. Évidemment, le tout est servi par un scénario chaotique alignant le pire méchant vu depuis longtemps qui est une catastrophe de A à Z et une histoire qui n'a aucun sens ni aucun punch. Pourquoi le gouvernement accepte de créer la Suicide Squad alors qu'ils ont sous la main Flash, Wonder Woman ou Batman pour les menaces graves ? Qu'est ce qu'on en a à secouer de l'histoire d'El Diablo ou de la romance de Rick Flag ? Pourquoi Deadshot a repompé l'histoire de Antman, elle même repompée à des milliards de films ? Autant de mystères qui resteront sans doute sans réponse et qui ne m'empêcheront pas de dormir. Même si quelques scènes par ci par là réussissent à séduire on ressort du film avec le sentiment de s'être bien fait enfler et l'envie de revoir la bande-annonce en oubliant le film.


La grosse attraction du film c'était aussi la présence du nouveau Joker incarné par Jared Leto et là encore le résultat est mitigé. Même si on sent que cette version a du potentiel le film dessert beaucoup trop le personnage pour qu'il explose vraiment. Le jeu de Jared Leto toujours à la frontière du too-much passe ici parce qu'il se trouve finalement assez peu présent à l'écran, mais à haute dose pas dit que s'il n'est pas encadré, tout ça vire au ridicule. À côté de ça, Margot Robie fait une Harley Quinn sympathique mais qui mériterait d'être mieux servie par le scénario et Will Smith joue Will Smith.... Rajouté à ça trois personnages qui n'ont comme personnalité que le fait d'être un cliché raciste avec l'Australien alcoolo, son accent à couper au couteau et son boomerang, la japonaise mutique avec son sabre et le chef de cartel hispanique bardé de tatouage. En soi, créer des personnage à partir de stéréotypes peut être intéressant si c'est une base, mais comme le film n'a pas de temps pour eux, il reste à l'état de caricature désolante. Il nous reste donc pour redresser la barre Rick Flag et son charisme de grille pain, Killer Croc et ses trois répliques qui semble perdu dans le film et l'enchanteresse qui passe la moitié du film à tortiller du fion devant un fond vert. Autant dire qu'on ne croit pas une seconde à cette équipe et à sa soudaine cohésion miraculeuse. Le pire c'est que j'attendais vraiment énormément de ce film m'imaginant un récit pop, trash et viscéral qui a finalement accouché à l'écran d'une pâte fade et indigeste. Au final, de ce fatras ressort juste le personnage d'Amande Waller joué par Viola Davis qui est détestable comme il faut, pour le coup bien plus que toute la Suicide Squad réunie ce qui est un peu un comble.


Maintenant se pose la question de ce que va faire Warner après deux échecs critiques consécutifs même si la version longue de Batman v Superman a largement redoré son blason. Peut-on espérer une director's cut de David Ayer sauvant le film ? J'en doute tant le film est une tannée mais laissons le bénéfice du doute au réalisateur étant donnés que les premiers retours des coulisses du film pointe du doigt une production chaotique et un remontage catastrophe après les premiers retours critiques mitigés de BVS. Cependant, il va falloir que Warner change sa politique puisque comme pour BVS on a toujours l'impression qu'ils prennent des sujets ambitieux avec des bons metteurs en scène puis rétropédalage pour rentrer dans le moule avec perte et fracas. Que ce soit les coupes faites à la hache de la version ciné de BVS ou celles faites dans Suicide Squad, Warner semble aimer se tirer des balles dans les panards et on ne comprend pas trop pourquoi tant leur univers regorge de potentiel. On comptera donc sur Wonder Woman pour nous faire oublier ce suicide artistique si tant est que la Warner ne décide pas de charcuter ce dernier pour le Marveliser dans l'urgence.

Créée

le 5 août 2016

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