The Not-So-Suicidal Squad.

C'est délirant de voir la tornade de merde que se prend le film pour la simple raison qu'il est décevant.
Oui, Suicide Squad n'est pas la bombe de fun vendue dans les trailers et pour autant, le 3ème opus du nouveau DC Universe cinématographique est loin d'être déshonorant contrairement à ces prédécesseurs.

Alors primo, si vraie déception il y a, c'est au niveau de la réalisation d'Ayer.
Exit la nervosité immersive d'End of Watch ou l'adrénaline et la lisibilité de Fury. Les scènes d'actions de Suicide Squad sont lisibles oui, mais assez molles, et là où on s'attendait à un actionner pété du casque qui en collerait plein la gueule avec le sourire aux lèvres, jamais l'ensemble peine à procurer la moindre excitation.
C'est d'autant plus con que dans les faits, Ayer reste appliqué, notamment dans l'équilibre qu'il trouve entre chaque personnage dans les fights, chacun montrant sa spécialité et ses capacités à l'écran sans que l'un prenne le pas sur les autres.
Deadshot a son petit moment classe sur la bagnole où on capte bien que le gars vise comme un Dieu, Katana découpe deux trois mecs bien comme il faut, Boomerang est un bourrin qui s'en sort n'importe comment, Killer Croc défonce tout ce qui bouge et Harley Quinn est bien véloce.

D'ailleurs (Ayer, lol.), l'équipe cartonne à l'écran. Le casting est pour le coup des plus réussis : Will Smith est impeccable comme d'hab, Margot Robbie explose à l'écran et les autres font aussi le taf avec un plaisir visiblement communicatif.
A tel point que même cette immense endive de Jay Courtney réussit à être bonne. Je répète : Jay Courtney, l'un des pires comédiens mis sur le devant de la scène Hollywoodienne récemment, est BON. Il joue un connard fini, ce qui explique peut être cela, mais il le joue divinement bien, et il est même drôle, un miracle!
Si l'exposition caractérise très vite chaque mec comme il faut, l'alchimie entre eux marche à l'écran, les vannes et chamailleries font toujours mouche et globalement, l'équipe présentée est cool comme il faut.
J'avais super peur du syndrome "méchants pas si méchants" parce que les mecs sont quand même envoyés pour sauver le monde, chose dont ils sont censés se contrefoutre. Mais l'écriture justifie la présence de plusieurs personnages par des dilemmes et des traumas propres, si bien que ces persos existent pour de vrai. Que ce soit la passion maladive de Harley pour le Joker, la famille de Diablo, la fille de Deadshot ou la girlfriend de Flag, chaque excuse m'a semblé juste, et j'ai trouvé assez malin le principe d'en faire des rebuts de la société complètement fucked up qui courent après une autre vie.

Sur le plan de l'écriture et dans cette idée de faire exister des personnages, le film parvient d'ailleurs à donner chair à l'univers interfilm DC mieux que celui de Marvel. Sans déconner, les quelques apparitions succinctes de Batman, je les trouve vraiment réussies dans le sens où le film ne s'attarde jamais dessus, mais en donne suffisamment pour te faire comprendre que tout ce bordel est lié, qu'on est bien dans le même monde que Batman et que oui, il peut traîner dans les parages. C'est simple, jamais trop prononcé, mais ça suffit et c'est mieux qu'une blague du genre "Eh, ils sont où les Avengers !"
De la même manière, puisqu'on en est à la comparaison avec Marvel, je trouve que là encore, le film fout la misère à Avengers sur la gestion de son équipe, qui est soudée et qui finit vraiment par se battre ENSEMBLE. Le final, loin d'être jojo, montre tout de même du vrai team-up, et ça, ça fait plaisir.

Après, ce même final cristallise ce qui ne va vraiment pas dans le film, à savoir une méchante de merde.
Non seulement la petite tourne au vinaigre en un quart de seconde, mais putain de bon dieu de bonsoir qu'elle est MOCHE avec ses 30 couches d'effets spéciaux mal dégluttis, son laser dans le ciel pompé sur n'importe quel blockbuster récent et son jeu d'actrice limite robotique. C'est quand même couillon quand tu fais un film centré sur des bad guys tous plus iconiques et dinguos les uns que les autres d'avoir un vrai méchant aussi inexistant, prétexte et mécanique. Dans le même genre, le Joker de Jared Leto, s'il ne me déplaît pas dans ses apparitions sporadiques qui servent principalement la psyché d'Harley, peine à s'imposer. Coincé entre Heath Ledger et Jack Nicholson qu'il essai de nous remixer en un peu plus gangsta, le leader de 30 Seconds to Mars n'arrive surtout jamais à vraiment s'imprégner du personnage et passe vraiment pour l'acteur qui essai de jouer le fou avec le déguisement qui va bien. Manque de pot, ça se voit que tu forces Jared, et tu ne fais jamais peur. Too Bad.

Je pourrais aussi m'en prendre à la musique pourrave de Steven Price, tout comme le côté best-of rock/cool un peu trop prononcé, au montage précipité du début, à certains aspects grotesques (ce ralenti de l'horreur à la fin, surtout avec la petite fille, DÉGAGEZ MOI CA) et à globalement l'impression de voir un film raboté au montage, qui ne demande qu'à être Rated R et dont on sent bien les modifications en post-prod pour le rendre conforme aux attentes de ces têtards de décisionnaires Warner.
Sauf que le film n'est jamais aussi crétin que Man of Steel et BvS, ses personnages existent et s'avèrent étonnement attachants, et je me suis bien amusé à plusieurs reprises devant.
Alors c'est sûr, c'est pas le graal de fun attendu, mais ça reste suffisamment bien intentionné et incarné pour me plaire. Et allez, si jamais "Ultimate Edition" ou autre director's cut il y a, j'en reprendrais avec plaisir.