On continue l’exploration du catalogue de chez Spectrum Films avec ce coup-ci le japonais Suffering of Ninko qui après avoir tourné un peu partout dans les festivals du monde s’est donc posé chez nous directement sur galette DVD/BR, mais aussi en SVOD chez nos amis de Outbuster. Alors quoi qu’est-ce donc c’est que ce Suffering of Ninko ? Eh bien il s’agit d’un premier film, commencé en 2012 et sorti en 2016, un travail de longue haleine pour le réalisateur Norihiro Niwatsukino puisqu’il a produit le film, mais a également écrit le scénario, s’est occupé du montage, a conçu les divers effets visuels ainsi que les séances de dessin / animation. Oui, rien que ça. On n’est jamais mieux servi que par soi-même diront certains, et ça semble être la doctrine de Niwatsukino qui a pu avoir le contrôle total de sa bobine. Film indépendant, Suffering of Ninko n’a pas usurpé sa réputation flatteuse de festival et, bien que pas exempt de défauts, propose un spectacle des plus singuliers, surtout pour un premier long métrage.


Se déroulant dans le Japon de l’ère Edo, le film nous présente rapidement Ninko, un jeune moine sérieux, travailleur, mais qui a un souci : son énorme potentiel d’attraction sur les femmes qui, lorsqu’elles l’aperçoivent, ne peuvent s’empêcher d’être subjuguées par lui, voire se déshabiller pour se frotter contre lui. Sauf que Ninko évolue dans un contexte où l’idée même de plaisir est un pêché et afin de « calmer ses ardeurs » se réfugie dans de longues séances de méditation. Sauf que plus le temps passe, plus ces séances sont compliquées car son esprit se retrouve de plus en plus embrouillé par ces visions de femmes dénudées qui le poursuivent où qu’il aille. Considérant cela comme une malédiction, ne pouvant plus y faire face, il décide d’aller s’exiler en forêt afin de se ressourcer. Dans son exil, il rencontre un ronin qui pourrait l’aider dans son problème. Mais il rencontre également une être surnaturelle tueuse d’homme, bien décidée à faire de Ninko son quatre heures.

Suffering of Ninko se divise presque en deux parties. La première est une sorte de comédie historique légèrement érotique (avis aux amateurs de boobs). La seconde vire à la fable fantastique lorsque le héros se libère de ses désirs enfouis, lorsque c’est justement le sexe tant redouté qui fait office de libération salvatrice alors qu’il commençait à peu à peu sombrer dans la folie. Oui, sans arrêt penser à des troupeaux de femmes, les seins à l’air, qui ont la pinède en feu, qui te poursuivent non-stop où que tu ailles alors que tu as fait vœu de chasteté en rentrant dans ton temple et en épousant la religion, ça lui retourne sacrément le cerveau à notre jeune moinillon.


La mise en place du scénario et surtout son développement sont parfois un peu trop longs et ne vont laisser que peu de place aux personnages secondaires (le rônin, le spectre) et à la dernière partie du film qui se retrouvent que peu développés à cause d’une trop courte durée. La fin du film semble un peu trop expéditive et cela est peut-être dû au tout petit budget du film, à peine 100000$US. Mais c’est le seul réel reproche qu’on pourrait faire à Suffering of Ninko tant il se dégage quelque chose de vraiment très particulier de ce film. La mise en scène est réussie et le film visuellement très beau. S’occupant de tous les postes, le réalisateur apporte énormément de soin à chacun des plans du film. De très belles estampes, parfois animées, viennent ponctuer le récit, reprenant des scènes du film via un montage réfléchi, et le résultat est du plus bel effet. Bien qu’un humour burlesque très léger plane sur le film tout du long, avec des scènes parfois cocasses, il se dégage de Suffering of Ninko une certaine poésie. Malgré les très nombreuses paires de seins qui parcourent le film, rien n’est ici grossier ni vulgaire. Car il aurait été très facile, avec un pitch pareil, de tomber dans le graveleux. Mais il n’en est rien et le réalisateur fait preuve d’une réelle justesse et élégance au point que ça en devient parfois onirique. C’est sans parler du Bollero de Ravel, modifié pour coller aux sonorités des musiques traditionnelles japonaises, qui vient détonner certaines scènes. Sous ses airs de comédie historico-érotico-fantastique, le film de Niwatsukino s’intéresse à la question du refoulement sexuel. En s’appuyant sur les mythes et légendes japonais, il en profite pour égratigner ces religions qui peuvent parfois provoquer d’énormes frustrations chez les gens qui les pratiquent, et la culpabilité que cela engendre.


Malgré un léger manque de rythme par moments, Suffering of Ninko est une jolie réussite à la mise en scène maitrisée. Un film des plus singuliers vivement conseillé à tous les amateurs de curiosités cinématographiques.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-the-suffering-of-ninko-de-norihiro-niwatsukino-2016/

cherycok
7
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le 24 juin 2022

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