Dire qu’il ne se passe pas grand-chose dans ce suspense de la Hammer est un doux euphémisme. On pourrait même presque affirmer qu’il ne s’y passe rien du tout. Agressée au tout début du film, l’héroïne se demande bien qui peut lui en vouloir. La voilà qui déménage pour s’installer avec son mari dans un établissement scolaire retiré au beau milieu de la campagne. La jeune mariée se fait du souci et peine à oublier sa mésaventure jusqu’à ce qu’elle soit agressée une seconde fois par la même personne, à savoir un manchot. Cette fois, c’est certain, celui-ci lui en veut ! Devenue paranoïaque, elle entraine le spectateur dans sa peur de l'inconnu. Voilà l’argument, mince comme un fil, qui fait le sujet du film.


Minimaliste à l’excès, le film repose sur quatre personnages. Judy Geeson interprète la jeune proie fragile tandis que les trois autres sont aussi ambigus les uns que les autres. Qui lui en veut ? Évidemment, il y a du complot dans l’air, et on tarde peu à comprendre la machination qui se trame. Scénariste très inspiré, Jimmy Sangster, qui a écrit tous les classiques de la Hammer, apparaît ici nettement moins à son affaire. Bien entendu, ce film d’angoisse, qui s’appuie sur l’imagination d’un spectateur craignant toujours pour son héroïne, a désormais plus de cinquante ans. Ses effets de manche et la tronche inquiétante d’un Peter Cushing qu’on aurait aimé voir davantage ne suffisent pas aujourd’hui à créer une tension suffisante. Et quand les masques tombent, le film oublie hélas de changer de rythme.


On ne retrouve pas dans ce film cette faculté qu’a le cinéma anglais de faire surgir l’angoisse du quotidien. Film d’atmosphère, Fear in the night manque de singularité et ne trouve pas de ressorts originaux pour faire avancer sa trame. Il en résulte un certain ennui poli même si l’ensemble ne sombre jamais totalement, la caméra se montrant souvent habile et les acteurs globalement convaincants. Un tout petit Hammer.


Play-It-Again-Seb
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le 29 nov. 2022

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