Ma critique comporte des spoilers.


Le personnage principal, Alice, une enseignante qui a consacré sa vie au langage (la vie est une garce n'est-ce pas) perd ses mots avant de perdre ses souvenirs (et sa dignité) tout au long de ce (télé)film sans surprise. La perte est progressive: elle perd ses mots, elle oublie ses rendez-vous, elle ne parvient plus à s'orienter, elle perd son travail et sa vie sociale et elle perd ses souvenirs mais elle reste en vie. Elle reste en vie alors que l'Alice d'avant, ne voulait pas que l'Alice qui a tout perdu reste en vie, elle avait organisé le suicide de cette Alice malade mais elle ne parviendra pas à passer à l'acte. La perte la plus grande d'Alice est donc la perte de sa dignité même si le film s'arrête avant que l'on a assiste à sa perte totale.


Autour d'Alice gravitent plusieurs personnes qui malheureusement sont des stéréotypes ambulants et donc mortellement prévisibles. Je commence par le mari: il l'aime mais il aime l'Alice d'avant la maladie. Il veut continuer sa vie comme si de rien n'était: le boulot, la bobonne qui fait la cuisine, les enfants parfaits qu'il soutient même financièrement s'il le faut (quel père admirable!).
La fille aînée, Anna. Brillante, belle, cassante. Personnage tellement antipathique que l'on est presque heureux d'apprendre qu'elle a hérité du gène de sa mère qui fera de sa vie un enfer.
Le fils: il est beau et il est en médecine. Petite larme lorsque sa mère prononce the discours.
La fille cadette: bien sûr, c'est celle dont Alice se soucie le plus, celle qui n'a pas fait d'études universitaires, l'artiste qui est la plus humaine de tous (en même temps, elle a pas de mal vu le reste de la famille qui ressemble à des robots). Cette fille-là (incarnée par K. S. argt.. j'ai vraiment du mal avec le jeu de cette actrice) va se révéler être celle qui saura le mieux l'accompagner et le mieux la comprendre.
La mère d'Alice et sa sœur: elles représentent le passé, ce qu'elle a perdu avant de devenir la brillante Alice et peut-être celles qu'elle retrouve dans son esprit malade. Je laisse de côté l'image du papillon et tout le bordel.


Alors pourquoi cette note si je pense autant de mal de ce film? Pour certaines scènes: la scène du "j'aurais préféré avoir un cancer", le discours tire-larmes, le suicide manqué (la meilleure scène du film à mon sens), la scène gênante où ils (tous sauf la cadette, ça va de soi) parlent de son état en sa présence alors qu'elle ressemble à un vieux légume baveux, la visite de la prison (je parle de la clinique haut de gamme et néanmoins totalement inhumaine).


En conclusion, je dirais juste que ce film reste très conventionnel, très prévisible, à la surface du sujet. J'ai le sentiment que le réalisateur a voulu montrer l'évolution de la maladie mais sans trop choquer en montrant des gens beaux, intelligents et riches pour ne pas trop affliger le spectateur (oulalala, Alice se fait pipi dessus, damned!).

Alawa
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le 27 mars 2015

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Alawa

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