Je ne trouve pas "Steak" si différent du reste de la production d’Éric et Ramzy, façon "H" ou "la Tour Montparnasse infernale" (qui n’est pas une daube, soit dit en passant) : même absurde "filé", mêmes personnages de tocards généreux pris au piège de leur bêtise. Ce qui peut trancher, à la rigueur, ce serait une forme d’humour un peu plus adulte — et encore…
En reprenant des codes de genres — film de campus, film de potes, comédie dramatique, comédie… —, en situant les « Chivers » comme une version pucelle d’"Orange mécanique", le film se place ouvertement du côté de la parodie, avec une ambiance, une musique et un scénario pas inintéressants. Mais "Steak" ne devient jamais vraiment "caustique" : certaines situations — l’enlèvement d’une fillette et sa résolution — et certaines lignes de texte — Sébastien Tellier et Éric Judor volant une voiture — font dans l’humour noir, mais ne sont que des pièces de patchwork. Quant aux trouvailles cinématographiques, elles sont intermittentes.
Du coup, tout cela manque d’armature et d’identité, et le qualificatif d’"ovni" qui lui est parfois appliqué apparaît comme une pose. Un peu comme un Daniel Johnston qui chanterait faux exprès.