La pire expérience cinématographique de ma vie - Critique personnelle de Star Wars VIII

Tout simplement. Je le dis sans exagération. L’esprit clair. Et le plus sincèrement du monde. Quelques jours après la projection, j’ai encore du mal à réaliser et à analyser ce qui s’est passé. Cette critique sera mon exutoire. Ma catharsis. Je me lance.

On vit tous le cinéma de manière plus ou moins personnelle. Pour moi Star Wars, ce n’est pas rien. C’est une madeleine. J’ai découvert la trilogie originale enfant. Je l’ai vue et revue. Toutes les versions possibles. J’ai visionné les bonus, parcouru des bouquins. J’ai attendu fébrilement chaque épisode de la prélogie. Malgré son aspect très inutile et bancal, je lui pardonne beaucoup. Oui. Je suis fan de Star Wars. Les épisodes IV, V et VI sont les films que j’ai le plus revus de ma vie ; une à deux fois par an. Une tendresse teintée de tradition. Si j’avais une religion, ce serait celle des jedis.

Face au rachat par Disney de la licence, j’ai été très critique. Autant je pouvais pardonner à Lucas la prélogie parce que, justement, c’est Lucas : son univers, ses personnages, ses choix. Mais Disney. J’ai crié à l’hérésie. Et puis il y a eu l’épisode VII que j’ai beaucoup aimé. J’ai vibré. La trilogie était respectée. La prélogie ringardisée. Les nouveautés (personnages, force, nouvel ordre…) étaient timides mais j’étais prêt à les accepter. J’avais franchement envie d’y croire.

L’épisode VIII est alors arrivé. Comme un gamin, je me suis dit le matin même que je n’irai pas le voir le premier jour ; que je pouvais attendre. Comme un gamin, j’ai craqué. Trop peur des spoilers. Trop envie de savoir d’où vient Snoke, ce qui est arrivé à Luke, qui est Rey. Comme un gamin, j’ai fait la queue une heure avant, histoire d’être bien placé. Je me suis dit en entrant dans la salle que ce n’était qu’un film, qu’il ne fallait pas trop en attendre. Et le film commença. Générique.

Deux heures et demi plus tard, en sortant de la salle, je me suis remémoré ces gens qui sortaient de la même salle juste avant ma séance. Quel visage est-ce que j’allais moi-même afficher pour ceux qui comme moi, deux heures et demi plus tôt, étaient vierges de tout ? J’ai baissé la tête. Non parce que je voulais que mon expression spoile quelque spectateur impatient. J’étais simplement abattu, meurtri par ce que je ne venais de voir. Ce film a été pour moi comme une gifle. Une blessure profonde.

J’ai laissé passer les heures et les jours. La douleur une fois atténuée, j’ai écrit. Les flots d’encre faisant échos aux incohérences qui venaient frapper ma page au fil de ma réflexion. Elles étaient trop nombreuses. J’ai noircis des pages et des pages. Listant tout ce que ne tenait pas la route. D’abord par ordre chronologique. Puis j’ai distingué ce qui relevait d’une critique objective d’un objet filmique et ce qui relevait d’une critique d’un Star Wars par un fan de Star Wars. Ça n’allait toujours pas. Ces vides, ces incohérences, cette écriture chancelante, ces musiques, ces personnages, ces nouveautés, ces twists… Il y avait beaucoup trop à dire.

Et après tout. Star Wars VIII vaut-il vraiment un procès ? Non. Faisons l’économie de cela. Congédions juges et jurés. Rangeons dossiers, agrafes et crayons. Soyons brefs et prononçons sans tergiverser la sanction : ce n’était pas Star Wars. Ce film n’existe pas. Cette nouvelle trilogie est un trou de vers commercial, de mauvais goût. Une blague que l’on racontera un sourire au coin. Tout ceci n’existe pas. Tout ceci ne mérite pas d’exister.

Il faut parfois relativiser. Ce n’est qu’un film. Et après tout, ils n’auront pas mon Star Wars. Celui qui vit dans mes souvenirs. Je me remémore ces dialogues entre Luke et Yoda que je connais par cœur. Je me remémore l’enfant que j’étais, terrorisé par la révélation sur la parentalité du héros. Je me remémore l’aventure, la force et les jedis.

Car non, ils ont eu deux heures et demi de ma vie. Mais ils n’auront pas, ils n’auront jamais mon Star Wars.

Yohan_C
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le 20 déc. 2017

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