surprise, fatherf*cker

Seuls: mitigé
Gardiens de la galaxie 2: mitigé
Pirates des caraïbes 5: mitigé
Wonder woman: mitigé
Valerian: (très) mitigé
Thor Ragnarok: mitigé

Alors ce Star Wars? Bah mitigé...Comme la plupart des films de cette année...

Commençons par le commencement: j'avais apprécié Le réveil de la force, même si certaines scènes demeuraient correctes sans plus, et quand bien même le scénario était quand même sacrément paresseux. De cet épisode 8, j'espérais essentiellement:
=> que Snoke ne soit pas Palpatine
=> que Rey ne soit pas la fille de Luke
=> que l'on n'ait pas un remake du V
Alors, où en est-on?

Pour ce qui est de la trame, je suis satisfait et surpris par la tournure que prend le scénario. Sans beaucoup de temps mort, le film déroule une fresque où l'inattendu constitue le fil principal de l'histoire. Là où le Réveil de la Force se contentait de nous dérouler le scénario classique mais probablement inévitable pour relancer une trilogie, Les derniers Jedi réussit à nous transporter sans nous indiquer une quelconque direction.

Niveau personnages, c'est là que je pourrai inaugurer le bilan mitigé. Si je découvre enfin le Poe Dameron qu'on était en droit d'exiger, si Rey se révèle être bien écrite, ce n'est pas le cas de nos nouveaux protagonistes. La technicienne Rose est introduite comme un cheveu sur la soupe, et sert de faire-valoir à Finn sans réussir à avoir assez d'aura pour être mémorable. Pour remédier à ce problème, il aurait suffit de l'introduire dans l'épisode 7...De même, cette manière de faire intervenir des personnages par l'opération du Saint-Esprit réapparait lors de la deuxième partie, avec l'introduction d'un type peu fréquentable

Enfin, la manière dont tourne Hux, Kylo Ren et Luke Skywalker montre bien que le film sait où il va. Adam Driver (Ren pour rappel) nous sert ici une prestation à la hauteur du personnage si peu commun auquel on a droit. Si Anakin était autant instable que lui, il demeurait pourtant bridé par ses compagnons des côtés lumineux et obscurs. Aucune limite ici, et cette audace fonctionne.

Avant d'aller là où ça fâche, autant prolonger le plaisir: le bestiaire et les planètes servies ici sont comme toujours magnifiques et tombent à point. Une espèce mise à part, trouvable sur l'île du vieux Luke (et je ne parle pas des porgs), les aliens ici présents sont crédibles et parfois très bien trouvés (les chiens de cristal vus dans la bande-annonce). Enfin, la planète de l'acte final était assez bluffante. Là où les trailers nous la vendaient comme une Hoth bis, on a droit à un dédale de cristal recouvert de sel (la ressemblance avec Hoth doit être voulue pour narguer les spectateurs), très inventif.
Cette inventivité se retrouve par ailleurs aussi dans les nouveaux vaisseaux immergés dans la saga, avec une préférence pour le cuirassé du premier acte.

Pour entrer en profondeur dans les défauts et qualités, le film peut être divisé en trois actes. Le premier est clairement le moins bon. En dépit d'une bataille géniale à ses débuts (les bombardiers rebelles, un régal visuel), l'acte se perd rapidement dans un déroulement bordélique et la nouvelle aventure qui attend les héros n'est pas particulièrement engageante, en raison d'une impression de déjà-vu et de fadeur. Le point d'orgue intervient lors de l'attaque du premier ordre, où l'on découvre une carrie fisher

Cette scène, la plus mauvaise de la nouvelle trilogie, était, sans sombrer dans le nanardesque, cependant très inepte et facilement évitable.

Finn, Rose et BB8 (toujours autant badass, il faut l'avouer) se retrouvent ensuite plonger dans la vie civile au sein de l'univers Star Wars. L'idée de départ fait plaisir, mais entre les chevauchées nocturnes et les aspects lucbessoniens de ces scènes, on se perd et on regrette encore une fois les choix du scénario. Pendant ce temps, Rey découvre un luke surprenant.

Le deuxième acte rappelle par moment Rogue One, avec les multiples démonstrations de la vie militaire; Poe Dameron émergeant alors réellement. Le suspens sur le devenir de la résistance est sans précédent, alors que Rey flirte de plus en plus avec le danger et

Cette partie aux nombreux rebondissements tire le film par le haut, seule la sous-intrigue avec Finn donnant une impression de déjà-vu. A son apogée, cet acte ose beaucoup et avec beaucoup d'audace, renverse une bonne part des théories mises en place avec l'épisode 7.

Ces fulgurances scénaristiques se retrouveront dans le dernier acte, le meilleur d'entre eux par les dénouements qu'il apporte, que ce soit du côté du premier ordre ou de la résistance. Sur la planète Crait, un face à face prenant tient le rôle du point d'orgue du film, et se termine par une scène d'une grande beauté. Un peu après, le film se finit et laisse présager beaucoup pour le dernier volet.

Alors certes, l'humour est beaucoup présent, mais ne gêne qu'à de rares moments. Le caméo de Maz Kenata (que je n'aime toujours pas) est par contre inutile. On se sent parfois mal à l'aise face à quelques déviances scénaristiques, au point de se demander si une version moins longue ne serait pas la bienvenue. Comme dit précédemment, le personnage de Rose manque de subtilité dans l'écriture, et le dernier protagoniste à faire son entrée n'est peut être pas assez exploité. Quelques effets spéciaux ne sont pas folichons

mais comme ils sont rares, on peut difficilement s'en plaindre.
Pour finir, je dirai que le film envoie parfois des messages intelligents au sujet du ni tout blanc ni tout noir mais ne les assument pas toujours, et c'est dommage.

En résumé, Les derniers Jedi n'est pas mauvais, ni excellent. Il dérange parfois par ses choix de scénario, mais c'est aussi par son audace folle qu'il réussit pleinement à fonctionner. Une certaine créativité et un développement satisfaisant des personnages dessert un film très surprenant, peut être trop par rapport à son prédécesseur. A cette heure, il est toujours impossible de déterminer l'issue de cette trilogie, et c'est tant mieux.

7,6 + bonus d'audace